Épidémie de choléra I Le plan de riposte déjà mis en place 

L’épidémie de choléra déclarée officiellement en République Démocratique du Congo (RDC) le 5 mai 2025 connaît une propagation alarmante. Alors qu’elle n’affectait initialement que six provinces situées principalement à l’Est du pays, elle touche aujourd’hui 17 des 26 provinces, dont la capitale Kinshasa, désormais parmi les foyers les plus durement frappés.

Selon les autorités sanitaires, dont le ministre de la Santé, Dr Samuel Roger Kamba, cette flambée a connu une diffusion rapide, en grande partie due aux mouvements de population entre l’Est et l’Ouest du pays. Un cas marquant concerne un policier récemment transféré de la région du Nord-Kivu à Kinshasa. Ce dernier, porteur asymptomatique du vibrion cholérique au moment de son transfert, aurait involontairement contribué à l’introduction de la maladie dans la capitale, où les conditions sanitaires dans plusieurs quartiers facilitent une transmission rapide.

« Ce type de contamination illustre bien les défis liés à la mobilité interprovinciale sans contrôle sanitaire renforcé », explique un épidémiologiste.

Kinshasa, avec plus de 17 millions d’habitants, est confrontée à une urbanisation rapide et souvent désorganisée. Dans de nombreux quartiers périphériques, l’accès à l’eau potable est limité et les systèmes d’évacuation des eaux usées sont défaillants. Les marchés à ciel ouvert, les sanitaires partagés, et le manque d’éducation à l’hygiène sont autant de facteurs qui favorisent la transmission du choléra.

Par ailleurs, les récentes inondations qui ont frappé Kinshasa ont aggravé la situation. La persistance inhabituelle des pluies, même en début de saison sèche, a provoqué des accumulations d’eau stagnante dans plusieurs zones vulnérables. Ces inondations contribuent à la contamination des sources d’eau potable et à la prolifération des vecteurs, amplifiant ainsi le risque d’épidémie.

« La densité de population, combinée à la promiscuité, au manque d’infrastructures sanitaires, et à ces conditions climatiques exceptionnelles, a transformé Kinshasa en véritable catalyseur de la maladie », précise un médecin qui a requis l’anonymat.

Face à cette crise sanitaire, les autorités congolaises ont élaboré un plan de riposte d’urgence. L’objectif : stopper la propagation, traiter les cas, et renforcer durablement les systèmes de prévention.

Le plan, non encore rendu public, comprendrait :

* L’installation de centres de traitement du choléra dans les zones les plus touchées.

* La distribution de kits d’hygiène et de solutions de réhydratation orale.

* La désinfection massive des puits, forages et installations sanitaires.

* Une vaste campagne de sensibilisation à l’hygiène et à la consommation d’eau potable.

* Le déploiement de campagnes de vaccination orale contre le choléra dans les zones à haut risque.

Le coût total de la réponse est estimé à 17 millions de dollars américains. Les discussions ont eu lieu le weekend dernier autour de ce plan à la Primature et le dossier serait en plein examen.

Dans l’entre-temps, selon le rapport de la réunion stratégique hebdomadaire sur la mpox, une demande a été formulée pour approvisionner Kinshasa en vaccin contre le choléra. Tous les stocks avaient été distribués en province, avait affirmé le ministre lors d’un point de presse pour faire le point sur l’épidémie.

Le gouvernement congolais appelle à une mobilisation rapide des bailleurs de fonds, des partenaires humanitaires et du secteur privé pour éviter que la situation ne dégénère davantage. La période de saison sèche, propice à une certaine accalmie, est vue comme une fenêtre d’opportunité pour intensifier les interventions et préparer la saison des pluies, où le choléra pourrait resurgir avec plus de virulence.

La situation est certes critique, mais la RDC est reconnue dans la sous-région pour sa capacité à faire face aux épidémies. Ses épidémiologistes sont d’ailleurs régulièrement sollicités à l’échelle continentale, comme ce fut le cas lors de l’épidémie d’Ebola en Guinée en 2014, où des experts congolais ont été déployés en soutien. Cette expertise constitue un atout précieux, mais la prudence reste de mise pour éviter que la situation ne dégénère et ne soit plus sous contrôle.

La lutte contre le choléra en RDC est une course contre la montre. Sans un appui financier et logistique conséquent, le pays pourrait faire face à une crise sanitaire majeure dans les semaines à venir.

Don Momat

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *