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Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo fait face à la problématique de la gestion des plastiques, bouteilles en plastique et autres déchets ménagers. La ville de plus de 15 millions d’habitants, selon certaines estimations, produit chaque jour environ 10 000 tonnes de déchets, dont seulement moins de 20 % sont collectés par les autorités urbaines, selon une récente étude sur la gestion des déchets dans les villes en RDC.
La capitale produit des milliers des bouteilles plastiques que les utilisateurs jettent partout après usage. A mesure que la ville voit sa démographie croître, la gestion des déchets est devenue un véritable casse-tête du fait du manque d’une politique cohérente de gestion des déchets et par manque des moyens financiers. Le dernier partenaire extérieur à avoir accepté de financer ce service est l’Union européenne. Jusqu’en 2015, l’UE dépensait jusqu’à 1 million de dollars pour nettoyer un tiers des zones de Kinshasa, troisième plus grande ville d’Afrique. Mais depuis, l’UE n’est plus là, les immondices traînent désormais dans les rues et dans les cours d’eau quasiment dans toutes les communes.
Le gouverneur de Kinshasa, Daniel Bumba Lubaki porte un programme d’actions ambitieux pour la période 2024-2028 afin de changer totalement la mégalopole. Ce programme, intitulé « Kinshasa Ezo Bonga, » vise à transformer la capitale congolaise à travers 11 axes prioritaires et nécessite un budget de 10 milliards 900 millions 432 mille 451,19 dollars américains. Mais peut-on assainir Kinshasa sans une réelle participation des kinois eux-mêmes dans le changement souhaité ? Doit-on jeter nos déchets dans la rue pour ensuite dépenser des millions des dollars pour évacuer ces mêmes déchets ? Quelle politique doit-on privilégier pour une gestion efficace des immondices ?

Il y a quelques années, la politique de recyclage des bouteilles plastiques avait été mise en place. Selon cette politique, les bouteilles usées sont ramassées et revendues à une entreprise pour recycler ces plastiques et assainir en même temps la ville. Un kilo de plastique déposé, c’est 100 franc Congolais, soit, 0,03 dollars américains. Une petite somme, mais qui a créé une activité économique à Kinshasa.

Même si le recyclage du plastique par le secteur privé est devenu un secteur économique à part entière, des millions des plastiques sont jetées dans les rues et dans les rivières et cela affecte fortement l’environnement.
Dans une ville où il pleut 8 mois sur 12 sur une année, les amoncellements des immondices est source de pollution, d’inondation et de maladie.
« De nombreux caniveaux sont bouchés par de déchets ménagers, sachets et bouteilles plastiques déversés le plus souvent par les riverains.
Les cours d’eau et rivières se retrouvent envahis par les mêmes déchets. Ceci représente un vrai danger pour l’environnement et traduit un aveu d’impuissance des autorités à assainir la ville », a commenté un environnementaliste.

En 2021 pourtant, un décret de l’ancien gouverneur de la ville de Kinshasa Gentiny Ngobila avait interdit la commercialisation de sachets. Non seulement la commercialisation des sachets emballages et autres a perduré, mais cette commercialisation a prospéré. Les businessmen autour des sachets et des bouteilles ont montré qu’ils n’ont fait que peu de cas des instructions des anciennes autorités de Kinshasa.
L’évolution de l’insalubrité et la dégradation de la nature ont pris des proportions inquiétantes, au point que dans plusieurs endroits, les immondices s’amoncellent, à côté des maisons d’habitation ou à côté des business, créant ainsi une certaine insensibilité des populations pourtant exposées à des maladies dues à un environnement dégradé et insalubre.

En Avril de cette année, au moment où la commission électorale nationale et indépendante a organisé l’élection des gouverneurs, à Kinshasa, quasiment tous les candidats ont placé en priorité, dans leur programme, la salubrité de la ville. L’ancien gouverneur Gentiny Ngobila avait avoué qu’il n’avait pas réussi à assainir totalement la ville. Il avait certes hérité de ce fardeau. A son tour Il a laissé à Daniel Bumba, un héritage lourd à porter.

En 2019, lorsqu’il est arrivé au pouvoir, le président Félix Tshisekedi et le gouverneur d’alors Gentiny Ngobila avaient lancé des appels au changement de mentalité pour soutenir un programme qui visait à faire de Kinshasa, une ville florissante, innovante et salubre.
« Parfois, les maladies que nous connaissons ici, c’est à cause de nos comportements. Ce n’est pas un mauvais sort. Souvent, c’est à cause de la mauvaise gestion des immondices. Vous demandez que nous luttions contre le vol, la corruption et le détournement. Nous vous demandons de changer de mentalité. Il faut changer. En lançant Kin Bopeto, nous lançons également un message très fort à tout le pays », avait déclaré Félix Tshisekedi.
Bien que le programme avait prévu que chaque habitant de Kinshasa consacre 3 heures de chaque samedi matin aux travaux d’assainissement, cette politique de « civisme et de patriotisme », n’a pas vraiment été suivi à grande échelle.
Le programme Kin Bopeto ( Kinshasa propreté), n’a pas réussi à faire de Kinshasa, « Kin la belle », comme cette ville était surnommée dans le passé lointain. A la place de ce beau surnom, la capitale congolaise a hérité d’un nom moqueur de « Kin la poubelle ».

En 2021, le président Félix Tshisekedi avait ordonné au gouvernement central d’allouer chaque mois à la ville de Kinshasa une somme de deux millions de dollars américains pour appuyer le programme de Kin Bopeto. Cet appui financier censé permettre à la ville de Kinshasa de résoudre le problème d’assainissement, s’était heurté à des difficultés budgétaires du gouvernement, ce qui avait rendu ce financement, sporadique.

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