Les autorités congolaises ont annoncé l’ouverture de poursuites judiciaires contre l’ancien président Joseph Kabila Kabange, accusé de « participation directe à l’agression menée par le Rwanda à travers le mouvement terroriste AFC/M23 », a indiqué dans un communiqué le ministre d’État, ministre de la Justice et garde des Sceaux.
Selon ce communiqué daté du 18 avril, le ministre a donné injonction à l’Auditeur général des FARDC et au procureur général près la Cour de cassation d’engager des poursuites contre M. Kabila. Il a également ordonné la saisie de l’ensemble de ses biens mobiliers et immobiliers. Des mesures de restriction de mouvement ont été prises à l’encontre de ses collaborateurs présumés impliqués, dans ce que les autorités qualifient d’« affaire de haute trahison à l’égard de la Nation ».
Le ministère de l’Intérieur a pour sa part suspendu les activités du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), formation dirigée par M. Kabila. Dans un autre communiqué officiel, il dénonce l’« attitude ambiguë » de l’ancien président face à l’occupation d’une partie du territoire national par les forces rwandaises et leurs alliés du M23/AFC, ainsi que son retour à Goma, « ville sous contrôle de l’ennemi ».
Le ministère de l’Intérieur a indiqué avoir l’intention de saisir le parquet près la Cour constitutionnelle, et rappelle aux partis politiques leur devoir de préserver l’unité nationale et l’intégrité territoriale de la RDC.
En plein paroxysme de la violence de la guerre, voilà les vieux démons de la division entre leaders qui se confirment dangereusement. Il y a six ans pourtant, la formidable passation civilisée du pouvoir entre un Joseph Kabila, président sortant et un Félix Tshisekedi, président élu laissait penser que la RDC inaugurait une ère nouvelle. Mais la bonne entente et l’idylle n’avaient duré que quelques mois, laissant place à la méfiance, la suspicion, et maintenant quasiment la confrontation.
Cette malheureuse tournure de l’histoire rappelle que l’Afrique n’a pas fini avec les démons de suspicion entre présidents prédécesseurs et successeurs. L’exemple le plus douloureux a été vécu au Cameroun en 1984, où, après avoir été célébré en héros, deux ans auparavant, le premier président Amadou Ahidjo avait été condamné à mort sous l’égide de son successeur, à qui il avait pourtant cédé volontairement le pouvoir en 1982. En effet, Ahidjo, avait été soupçonné de soutenir une tentative de putsch contre son successeur Paul Biya. Très proches en 1982 à la passation de pouvoir, les deux hommes en étaient venus à être rivaux, au point que Ahidjo n’est jamais retourné dans son Cameroun natal jusqu’à ce que la mort le surprenne au Sénégal en Novembre 1989, exactement 7 ans après son départ du pouvoir. Aujourd’hui encore, il repose encore dans un cimetière dans son pays d’exil, au Sénégal, Biya n’ayant jamais pardonné son soutien aux putschistes.
Au Sénégal actuellement, une rivalité semblable pourrait se jouer contre l’ancien président Macky Sall. Un procès pourrait s’ouvrir contre lui, sous la houlette du camp d’Ousmane Sonko et Diomayi Faye. On se rappelle que les deux camps étaient dans une rivalité âpre du temps de la présidence de Sall. Sonko et Diomayi Faye devenus les hommes forts du Sénégal depuis un peu plus d’une année, ils dictent la cadence et Macky Sall, reste loin du Sénégal, dans son exil marocain.

Journaliste intéressé par les grands ensembles régionaux (Comesa, EAC etc), mais aussi intéressé aux questions environnementales et sécuritaires.
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