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Enquête MSF : les violences faites aux femmes déplacées en RDC persistent à un niveau alarmant

Une nouvelle enquête réalisée par Epicentre, le centre de recherche de Médecins Sans Frontières (MSF) spécialisé en épidémiologie et en recherche médicale, révèle l’ampleur et la récurrence inquiétante des violences, notamment sexuelles, dont sont victimes les personnes déplacées dans la région est de la République Démocratique du Congo (RDC). L’enquête, qui s’est déroulée de novembre 2023 à avril 2024, porte sur les conditions de vie dans quatre camps situés autour de Goma, et met en lumière une situation extrêmement préoccupante.


Selon les résultats de l’enquête, plus d’une jeune femme sur dix a signalé avoir été violée durant la période couverte. Ce chiffre alarmant est une indication claire de la persistance des violences sexuelles au sein des camps. Les données montrent également des taux élevés de violences parmi les adolescentes et les femmes plus âgées. Les violences physiques et psychologiques sont également courantes, mais la violence sexuelle reste prédominante.


Erica Simons, épidémiologiste chez Epicentre, souligne que les taux de violence constatés sont similaires à ceux observés en 2023. « La fréquence des violences, en particulier sexuelles, reste extrêmement élevée dans ces camps. Les conditions de vie demeurent très précaires, exacerbées par le conflit en cours. Les déplacés, ayant perdu leurs moyens de subsistance, sont dépendants d’une aide alimentaire insuffisante tout en étant confrontés à des violences quotidiennes », explique-t-elle.


Les équipes de MSF, présentes dans les camps pour fournir des soins primaires de santé, de la promotion de la santé, ainsi que pour la prise en charge de la malnutrition et des survivants de violences sexuelles, constatent quotidiennement la vulnérabilité accrue des femmes, enfants et adolescents.
Goma, désormais encerclée par les lignes de front, souffre d’un manque de mécanismes de protection efficaces dans les camps, aggravant ainsi la précarité socio-économique des déplacés.


Camille Niel, coordinatrice d’urgence pour MSF à Goma, précise que les résultats de l’enquête sont en accord avec le nombre élevé de cas de violences sexuelles traités par les équipes médicales de MSF. « Les survivantes racontent souvent qu’elles sont agressées par des hommes armés dans les forêts et les champs où elles se rendent pour collecter du bois ou de la nourriture. Les violences quotidiennes à l’intérieur des camps sont également fréquentes. Leur précarité et leurs abris de fortune les rendent particulièrement vulnérables à ces agressions », déclare-t-elle.
Malgré la documentation extensive de ce phénomène, les équipes de MSF notent que les patientes qu’elles soignent continuent de faire face à un risque élevé de nouvelles agressions une fois sorties des cliniques.

Face à cette situation, MSF appelle une fois de plus les autorités à renforcer la sécurité dans les camps de déplacés. L’organisation demande également aux acteurs humanitaires d’améliorer l’assistance alimentaire, d’accroître les activités génératrices de revenus, de fournir des abris sécurisés, et de soutenir la création de lieux d’hébergement pour protéger les survivants en grand danger.

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