J’avais pris rendez-vous avec le directeur général de cette entreprise de fourniture de gaz installée à Kingabwa dans la commune de Limete. Il a fallu se faufiler entre des camions de livraison de la Bracongo pour trouver le chemin menant vers les installations de Sogaz. À chaque fois que je passe dans ces zones industrielles, je suis pris de nostalgie de l’époque où le Congo avait plus de 5000 industries installées, période qui avait vu la croissance des produits manufacturés dans la balance d’exportation.
Mais revenons à la réalité car entre temps les pillages de 91 et 93 sont passés par là et une fiscalité étouffante a poussé plusieurs à mettre la clé sous la porte. C’est vers des hommes courageux que je me dirige car ils ont la capacité d’évoluer dans un climat délétère et font face à un contexte social difficile. Après un slalom entre des camions de bière, des camions de sable qui sortent, nous voici arrivés à Sogaz. Même installation de Engen, la société de distribution des produits pétroliers. Je suis annoncé au directeur général. On m installe dans une salle de réunion. Je ne suis pas pressé, l’air conditionné me console de la chaleur du dehors. Je prends le temps car le directeur général est en réunion. Je profite du moment pour observer de l’endroit où je suis installé. Et là je vois des centaines des bouteilles de gaz. Elles sont bien alignées et rangées sur estrades. Il y en a pour des milliers.
De l’autre côté il y a des installations de conditionnement de ce précieux gaz qui est aujourd’hui devenu indispensable au fonctionnement des plusieurs activités dans cette mégalopole de près de 20 millions d’habitants. Je reviens à ces bouteilles qui sont d’ailleurs devenues familières de nos routes car on voit souvent les trois pneus les transporter. Elles sont conçues pour contenir des gaz tel que l’oxygène, l’azote, l’argon, l’hélium, le dioxyde de carbone ect … à des pressions élevées pour une utilisation industrielle, médicale ou domestique. On comprend qu’elles doivent être fabriquées en matériaux robustes et résistants à la pression tels que l’acier ou l’aluminium et souvent munies de valves de sécurité pour réguler la libération du gaz. Elles sont là à la couleur orange comme la tunique des moines tibétains qui eux gardent le gaz spirituel.
Je suis obligé de revenir au moment présent et d’éloigner le souvenir de mes anciennes lectures pour retrouver le responsable de cette compagnie. Homme avenant, sérieux, professionnel et surtout compétent car très vite Elir Odio m’emballe dans ce secteur que je ne connais que comme utilisateur final car on me rappelle souvent que le gaz est terminé.
Mais au fil de notre entrevue mon esprit s’ouvre sur un univers important et surtout je me rends compte que plusieurs facilités liées à notre confort sont dues à l’usage de ces bonbonnes de gaz. Tenez, la quasi totalité des restaurants en ville sont capables de livrer des plats bien cuits dans un temps record grâce à l’usage de ces bouteilles de gaz. Dans les camps militaires, les hôpitaux, les prisons, la seule source d’énergie pour la cuisson des aliments reste le gaz. Sogaz est pratiquement dans une situation de monopole car elle est restée la seule qui conditionne le produit et le distribue dans le pays et voire dans certains pays voisins. Jusqu’à ce jour, le gaz congolais n’est pas encore éligible au circuit industriel. Celui de Perenco qui vient de l’exploitation pétrolière se perd dans l’air car il faut une raffinerie pour son exploitation
La République démocratique du Congo (RDC), a- t -on appris, possède un potentiel gazier important, principalement lié aux réserves de gaz naturel. Les réserves de gaz naturel de la RDC sont estimées à être significatives, mais jusqu’à présent, l’exploration et l’exploitation du gaz naturel dans le pays n’ont pas été aussi développées que pour d’autres ressources naturelles telles que le pétrole et les minerais.
Le pays possède des gisements de gaz naturel dans les bassins du Graben Albertine, du Lac Tanganyika et du Lac Kivu, entre autres. Ces gisements de gaz naturel offrent un potentiel important pour le développement de l’industrie gazière dans le pays, notamment pour la production d’électricité, l’industrie pétrochimique et d’autres utilisations domestiques et industrielles.
Cependant, des défis tels que le manque d’infrastructures appropriées, la faible capacité technique et financière des entreprises locales, les questions de gouvernance et de réglementation, ainsi que l’instabilité politique et sécuritaire dans certaines régions du pays ont limité le développement du secteur gazier en RDC.
Malgré ces défis, le gouvernement congolais a exprimé son intérêt à développer le secteur gazier et à attirer les investissements étrangers pour exploiter pleinement le potentiel gazier du pays. Il est donc possible que dans les années à venir, la RDC puisse tirer parti de ses réserves de gaz naturel pour stimuler son économie et répondre aux besoins énergétiques croissants de sa population.
En attendant, la société Sogaz importe le gaz des plusieurs pays principalement de Suisse et se doit de jongler avec le calendrier pour que les délais soient tenus entre la livraison des bateaux et les stocks disponibles car un jour de plus ou de moins entraîne des frais importants dans cette gestion. Les besoins sont immenses et la société a cruellement besoin d’un soutien des autorités pour étendre ses capacités et parvenir à toucher tout le pays car l’usage du gaz naturel protège substantiellement les forêts de l’usage du bois de chauffage. Après une visite aussi enrichissante nous avons promis de revenir pour un suivi de cette activité économique essentielle.
Adam Mwena Meji
