Le sujet domine les débats politiques à travers le pays. L’Union pour la Démocratie et le Progrès social, parti dirigé par Félix Antoine Tshisekedi a décidé d’aller aux élections du 23 décembre prochain « avec ou sans machine à voter » de la CENI. Si pour les uns au sein de l’opposition, FATSHI « aurait trahi », cela n’est pas le cas pour l’UDPS aile Kibassa qui dit se reconnaitre dans la démarche ou la logique de l’UDPS Tshisekedi. Au cours du magazine « Questions brulantes » sur les antennes de la Radio RTVS1, Maitre Séraphin Umba, Secrétaire Général de l’UDPS Kibassa s’est déclaré favorable à la nécessité d’aller aux élections le 23 décembre avec ou sans machine à voter, au regard de ce qu’il qualifie de « l’entêtement de la CENI à s’accrocher à la machine rejetée par plusieurs ». Séraphin Umba évoque un plan B qui consiste à capitaliser sur la formation des témoins en vue de contrer ce qu’il qualifie de « tentatives de fraude à travers la machine à voter ». « Nous n’avons pas la prétention de boycotter les élections parce que le peuple congolais ne nous le pardonnera pas. Le peuple congolais veut élire ses représentants à tous les niveaux et il est même impatient de voir venir la date du 23 décembre. Mais cet impératif, nous pousse à dire qu’il faut avoir deux tableaux, c’est-à-dire qu’il faut privilégier la formation de témoins et c’est ça que nous faisons sans relâche parce que nous savons que si la CENI persiste avec la machine à voter, nous aurons un plan B », a déclaré le Secrétaire Général de l’UDPS Kibassa. Géopolis Hebdo vous propose ci-dessous, un extrait de cet entretien.
Quelles sont vos impressions sur la machine à voter dont la formation des techniciens a déjà été déclenchée par la CENI ?
Séraphin Umba : D’abord, la machine à voter, on va en discuter et on discutera toujours. Le pouvoir organisateur qui est la CENI semble se cramponner sur cette machine, mais il y a une réalité, c’est que les congolais veulent les élections à tout prix. Et nous, nous sommes au centre de ce débat. Il faudra réfléchir et continuer à réfléchir. Parlant de la formation des techniciens de la CENI, nous pensons que c’est un forcing comme vous pouvez le constater, parce que je ne vois pas comment former 152 personnes à moins de 90 jours des élections et penser jeter ces gens dans toute la République pour aller former d’autres formateurs, je crois qu’il y a de l’utopie quelque part.
Parce que je ne vois pas comment un formateur va quitter les brousses de Mutshiatshia pousser vers le dilolo, quiter Kamako, foncer vers le Tshikapa, former les gens dans 90 jours, et espérer organiser les élections.
Non, nous devons être sincères dans ce que nous faisons même politiquement. Parce que lorsque le Président de la CENI dit qu’il est plus que convaincu qu’après avoir formé les gens, les congolais vont manier bien la machine à voter, mais c’est quand même 45 millions d’enrôlés ! Comment il peut s’imaginer qu’en formant plus de cent personnes aujourd’hui, les 45 millions d’enrôlés sauront manier cette machine.
Non il faut être sincère, se regarder en face, se dire que par rapport à notre Congo, quel genre d’élections nous voulons et pour quels résultats, car il ne faut pas nous amener dans la cacophonie ou nous amener vers un fait accompli, et par la suite nous imposer une transition.
Vous avez suivi la déclaration de 11 candidats président de la République exigeant la mise à l’écart de la machine à voter par la CENI ; est ce que c’est par pareille déclaration que la question pourra être résolue ou il faudra s’asseoir autour d’une table ?
D’abord je dis par rapport à l’UDPS, que nous sommes entrés dans plusieurs négociations depuis 1990. Ce n’est pas l’UDPS qui en sortait gagnant. L’UDPS est toujours perdante. Cette fois-ci, nous pensons qu’il faut aller aux élections. C’est ainsi qu’il faut toujours avoir un plan A et un plan B quand on fait la politique. Parce que Nangaa peut s’entêter avec sa machine, mais s’il le fait, l’UDPS ici peut encore se permettre de boycotter les élections.
Mais si réellement il s’entête avec la machine, nous pouvons ouvrir notre plan B, qui est peut-être de se donner un mot d’ordre par rapport à la formation des témoins, que les gens veillent pour l’intérêt du Congo, dans nos bureaux et s’approprier ce processus.
Du moins ce résultat va mettre tout le monde d’accord. Au maximum, nous devons avoir un plan A et un plan B alors que plusieurs personnes ne veulent pas de cette machine, nous n’allons pas tomber dans un piège non plus. Tout en sachant qu’on ne veut pas de cette machine mais si la CENI persistait avec, qu’est-ce nous faisons, on boycotte les élections ?
Nous dirons non, le peuple ne nous a pas donné le mandat de boycotter. Qu’est-ce qu’on fait ? Etouffons, décidons de faire quelque chose sur le plan de la formation des témoins.
Nous interpellons Nangaa qui doit veiller à ce que les choses se fassent comme il se doit. Qu’il nous fasse de bonnes élections. Nous n’avons pas la prétention de boycotter les élections parce que le peuple congolais ne nous le pardonnera pas.
Le peuple congolais veut élire ses représentants à tous les niveaux et il est même impatient de voir venir la date du 23 décembre. Mais cet impératif nous pousse à dire qu’il faut avoir deux tableaux c’est-à-dire qu’il faut privilégier la formation de témoins et c’est ça que nous faisons sans relâche parce que nous savons que si la CENI persiste avec la machine, nous aurons un plan B.
Le point de vue de notre parti UDPS n’est pas une parole d’évangile, il faut convaincre les autres. Mais pour nous, c’est un point de vue que je considère intéressant et réaliste qu’il faut.
Si Nangaa persiste avec sa machine, on lui impose le plan B qui est la formation sérieuse des témoins. Notre souhait c’est de voir la CENI respecter la date du 23 décembre 2018.
Texte choisi ettranscrit par Théodore Ngandu

Journaliste intéressé par les grands ensembles régionaux (Comesa, EAC etc), mais aussi intéressé aux questions environnementales et sécuritaires.
E-mail : patilunga35@gmail.com