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A quelques semaines du jour du scrutin, alors que les opérations sont en cours au niveau de la Commission Electorale Nationale Indépendante pour finaliser les derniers réglages en vue de ce jour de choix historique, il s’observe au sein des partis politiques et ce parmi les plus importants du pays, une étrange atmosphère qui indique que l’on s’affaire à toute autre activité qu’ à celle normalement attendue à savoir , l’organisation des élections. Des réunions incessantes à des heures tardives, des pourparlers qui n’ont pas des comptes rendus publics sont de plus en plus tenus par nos hommes politiques au point que l’on se demande quel est le « coup » que nous prépare la classe politique de la République Démocratique du Congo ?

Selon des informations recoupées et des indiscrétions ciblées, il y a certes la préparation des élections à laquelle chacun s’attèle mais auxquelles personne ne croit sauf la Ceni et le peuple qui, lui, en a fait un leitmotiv et une force de mobilisation. Les élections arrivent à pas de géant et notre classe politique qui en avait fait un moyen de pression voir de chantage est confrontée à leur réserver une réponse rationnelle. Voilà que dans tous les camps on observe une forme de crainte face à un enjeu auquel on est peu préparé.

Cette crainte qui est en réalité une angoisse est l’expression du fossé qui sépare depuis quelques années l’élite politique des masses populaires. Personne ne peut, à coup sûr, dire quel sera le choix définitif du peuple ? Personne ne peut mettre sa main à couper qu’il peut dire qu’il sait ce qui va se passer au lendemain du jour de scrutin. A ce jour, les politiques se nourrissent de la propagande en forme d’autosuggestion pour se donner du courage et tenter de conjurer le sort en leur faveur. Le peuple aussi dans sa diversité ne sait pas quel sera son choix car dans ses composantes essentielles, il est aussi très divisé. Dans ces conditions, il devient hasardeux de faire des pronostics sur l’avenir du pays au-delà de l’avenir du processus électoral.

Dans ces zones d’incertitude les politiques congolais reprennent leur position fœtale, c’est à dire ce qu’ils ont appris à faire le mieux, à palabrer, à discuter autour du pouvoir, à négocier par des longs et périlleux processus, le fameux théorème du partage équilibré et équitable du pouvoir, lui-même enfant illégitime d’un autre principe à savoir « nul n’ayant gagné les élections… » . Jamais les élections n’ont été aussi proches, aussi vraies dans leur matérialité, mais c’est plutôt dans leur acceptation mentale qu’elles suscitent encore des réserves, voilà pourquoi il y a ces discussions autour d’une nouvelle transition.
Et comme dans toutes ces discussions souterraines, des positions sont aussi divergentes que les sont les stratégies mises en place. Un groupe des politiques estiment qu’il n’est plus possible de prolonger encore les choses car au-delà de cette limite du 23 décembre, rien ne sera sous contrôle, les différentes raisons évoquées à ce jour ne suffiront pas pour faire fondre la digue de l’impatience du peuple et laisser ainsi la place aux différents prédateurs qui veulent se greffer sur une crise de légitimité prolongée.

Pour eux, c’est mieux d’aller aux élections et de produire une forme de légitimité quitte à l’améliorer par des contacts poussés avec les agrégats de frustration post électorales.
Un autre groupe estime que les délais sont trop courts et il est possible d’arriver à un modus operandi sans fondamentalement changer les grandes options levées par les institutions électorales en se donnant du temps supplémentaire.

Comment justifier ce temps ? Plusieurs arguments évoqués sont du domaine de l’improbable calcul sur les conditions atmosphériques, les délais de livraison du matériel électoral et curieusement, ce sont des politiques qui parlent des questions qui concernent la Ceni au moment où elle-même n’évoque pas ces difficultés. Pour le troisième groupe, il est temps de faire une transition et de se consacrer au développement, car les élections coutent chères.

Ce raisonnement est difficile à tenir en public, car il viole des droits puissants des peuples qui se sont déjà choisi les moyens démocratiques pour assurer les alternances démocratiques. A ceux-là on rétorque que ce qui est en transition, c’est la pensée politicienne d’antan qui doit muter vers la démocratie et le respect du souverain primaire.

WAK

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