Une chose étonnante apparaît à l’analyse des différentes positions des uns et des autres quand il s’agit de la Constitution. Tous, alors tous, sont dans des postures contradictoires quand on restitue les prises de position antérieures. Ces contradictions portent sur le bien fondé d’une révision de la loi fondamentale. Presque tous avaient, pendant une certaine période donnée de l’histoire politique de la République Démocratique du Congo, refusé au régime Kabila de procéder au changement de la Constitution car, à l’époque le soupçon était de voir celui-ci se donner les moyens d’un troisième mandat. L’opposition de l’époque qui est aujourd’hui au pouvoir, n’admettait pas les raisons évoquées par les tenants du pouvoir.
Un livre célèbre publié par une personnalité de la Majorité présidentielle avertissait que la nation était menacée d’inanition si elle ne s’ajustait pas au regard de la Constitution (Lire à ce sujet le livre du professeur de droit constitutionnel, Evariste Boshab). Les arguments qui sont utilisés aujourd’hui furent usités notamment, ce n’est pas la Constitution qui vous empêche de faire de construire des infrastructures de base dont les routes, les barrages hydroélectriques, usines de traitement d’eau potable, écoles, universités, hôpitaux et nouvelles lignes de chemin de fer.
On connait des opposants qui dans leur analyse avaient estimé que les modifications étaient justifiées. Ils avaient appuyé une révision conditionnée.
Aujourd’hui, étant dans l’opposition, ils déclarent s’opposer catégoriquement à tout changement la traitant même de haute trahison, fait puni par la Loi. Alors la chose qui étonne l’opinion publique, c’est le refus des uns et des autres de construire un cadre où le débat peut se dérouler sans passion.
Le président Félix Tshisekedi, fort de son expérience à la tête du pays, n’a pas hésité de déclarer que cette Constitution fut le reflet d’un rapport des forces qui n’était pas en faveur de la Nation à l’époque de son adoption. Le temps n’est-il pas venu de la revoir pour régler définitivement ces questions d’incohérence. Il a même parlé de s’adapter aux réalités du pays.
Cette posture qui avait déjà été portée par l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS, parti présidentiel et phare de la Majorité au pouvoir) qui n’avait pas voulu de cette Constitution depuis l’année de son adoption par le Peuple congolais (Ndlr : Le 18 décembre 2005 par référendum constitutionnel et promulguée le 18 février 2006 par le Président de la République de l’époque, Joseph Kabila Kabange) est venue ajouter aux prises de position actuelles.
Au regard des arguments des uns et des autres, il existe des non-dits, des arrières pensées qui paralysent la technostructure de la République. Pour l’opposition, on ne doit pas toucher à la Constitution car, ça serait donner à Félix Tshisekedi l’occasion de trouver un troisième mandat. Chose que l’opposition n’ose même pas envisager.
Pour le camp du Président en fonction, cette posture frise l’irresponsabilité politique car, on ne doit pas freiner la modernisation d’un Etat à cause des calculs politiciens. Et puis, renchérit-ils, il faut donner au pays son espace d’expansion qui diffère de celui de ses dirigeants. La classe politique, en prenant en otage le débat constitutionnel, fragilise le dynamisme de la Nation.
Aujourd’hui, les arrières pensées ont un impact significatif sur la vie politique de la RDC. A cause de ces pensées que l’on se prête mutuellement, le pays risque d’être entraîné dans un manque de transparence dans le processus décisionnel, ce qui peut conduire à des politiques publiques opaques et à des décisions prises en fonction d’intérêts particuliers plutôt que dans l’intérêt général. On craint que cette situation ne puisse entraîner des pratiques de favoritisme et de clientélisme où les ressources et les opportunités sont distribuées en fonction des liens personnels plutôt que du mérite ou des besoins réels de la population.
Comment s’étonner que ces arrières pensées ne puissent fragiliser la stabilité politique du pays en créant des tensions et des rivalités entre différents acteurs politiques, ce qui peut conduire à des crises et à des conflits internes.
En laissant ces arrières pensées se développer, l’élite participe à l’affaiblissement de la démocratie en compromettant les principes démocratiques, en sapant la confiance des citoyens dans les institutions politiques et en limitant leur capacité à participer de manière éclairée et équitable à la vie politique du pays.
Le débat sur la Constitution ou sur un autre sujet ne doit pas se dérouler avec un stock important d’arrières pensées qui ont un impact néfaste sur la vie politique de la Nation. Il est essentiel de promouvoir la transparence, l’intégrité et la responsabilité des acteurs politiques pour garantir un fonctionnement sain et démocratique de nos institutions politiques.
Adam Mwena Meji