Ils ont été le tandem avec record de longévité de collaboration. L’un à la tête de l’État et l’autre à la Primature. Leur collaboration dans l’exécutif est parti de 2012 à 2016. 4 ans et demi, c’était le record de l’ère Kabila. Voilà que leur destin (judiciaire) bascule la même semaine. Matata Ponyo condamné à 10 de travaux forcés par la Cour Constitutionnelle mardi 20 mai et Joseph Kabila livré à des éventuelles poursuites judiciaires, le sénat ayant voté cela, en levant ses immunités qui le couvraient. Il faut rappeler que les deux hommes d’État ont maille à partir avec la justice du pays sur deux affaires distinctes. La seule chose qui unit encore leur destin judiciaire c’est le hasard du calendrier. 

Nous écrivons ces lignes pendant que le sénat vient de rendre public le résultat du vote à bulletin secret pour la levée des immunités de l’ancien chef de l’État, devenu, sénateur à vie. Au terme du vote après l’approbation, par la plénière, des conclusions du rapport de la commission spéciale chargée d’examiner le réquisitoire de l’auditeur général des FARDC, 88 sénateurs ont voté Pour ; 5 sénateurs ont voté Contre ; 3 bulletins nuls et zéro abstention sur les 96 votants. 

Reste à savoir maintenant quand est-ce que la cour militaire va ouvrir la procédure judiciaire proprement dite contre celui qui a dirigé la RDC 18 ans durant. Si pour Matata, le 20 mai a été l’épilogue d’une affaire longue, ponctuée de rebondissements multiples depuis 2021, pour Kabila le processus est sur le point de commencer, et Il pourrait être court.

A ce stade, il faut dire que les faits mis à sa charge sont graves : « trahison, crimes contre l’humanité, crime de guerre… » Dans une affaire judiciaire similaire, Corneille Nangaa, l’un des acteurs de l’alternance de janvier 2019, devenu seigneur de guerre, a écopé d’une peine de mort en 2024. Voilà l’idylle de 2019 qui tourne à une saga où la guillotine n’est pas loin. Pauvre Afrique, terre des espoirs déçus, des rêves perdus et des chimères à répétition. Nous voilà braqués dans les inimitiés d’antan, où le pays marche à reculons. 

Les experts du droit et les mordus de la politique iront chacun dans ses analyses. Mais les faits sont là. Le basculement, le choc de la réalité est brutal. Il est sans précédent. Jamais le Congo n’a été autant balloté entre espoir d’une ère nouvelle que l’alternance avait inspiré et déception du fait d’une déchéance morale 6 ans après. Déchéance d’un pays qui retourne à ses vieux démons. 

Pour l’heure, l’ancien président, bien qu’étant soupçonné de faits graves, est censé bénéficier de la présomption d’innocence. En revanche, le fait qu’on ait affiché les inimitiés sur la place publique, aux yeux de ceux qui ont admiré le Congo hier, entache le pays. Et c’est la RDC qui perd, quelle que soit l’issue de cette affaire judiciaire. 

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