La suspension du bourgmestre de Fungurume, Maître Kaleng Ntamb Leusaint, par la gouverneur Fifi Masuka, a déchaîné une vague de réactions, alimentant une polémique qui semble dépasser le cadre local pour prendre une dimension politique. Cette décision intervient alors que Fungurume, commune stratégique de la province du Lualaba, détient des ressources minières parmi les plus riches du pays, notamment en cuivre et en cobalt. À travers cette affaire, certains observateurs voient un acharnement manifeste de la gouverneur, qui chercherait à remplacer un bourgmestre qui n’est pas de son camp politique pour s’assurer un contrôle plus direct sur cette cité aux enjeux économiques majeurs.
De retour à Kolwezi après son interpellation par le Vice-premier ministre en charge de l’Intérieur, Fifi Masuka a choisi de s’adresser publiquement à ses partisans et à la presse, justifiant sa décision de suspendre le bourgmestre de Fungurume. Selon elle, ce dernier doit justifier l’utilisation des redevances minières perçues par la commune sinon, il devrait être tenu de le faire devant la justice. Une position qui, pour ses détracteurs, semble traduire un acharnement. Nombreux sont ceux qui estiment que la gouverneur aurait pu revenir discrètement après son interpellation, sans organiser un accueil triomphal et sans inviter la presse pour revenir sur ce dossier.
Certains partisans de l’UDPS (Union pour la Démocratie et le Progrès Social) et observateurs politiques dénoncent cette démarche comme une tentative d’intimidation, mais aussi comme une volonté de saper le travail sérieux de l’Inspection Générale des Finances (IGF), réputée pour son contrôle rigoureux des finances publiques, notamment dans le secteur minier. En effet, l’IGF suit de près les finances de la commune de Fungurume, et les récentes réalisations du bourgmestre, malgré des ressources limitées, témoignent d’une gestion efficace et orientée vers le développement de la commune.
La commune de Fungurume, située au cœur de la province du Lualaba, bénéficie d’une situation géographique stratégique, notamment en raison de l’exploitation des gisements de cuivre et de cobalt par Tenke Fungurume Mining (TFM). Cette richesse minière génère des revenus importants pour la région, mais la répartition de ces ressources reste un sujet de controverse. Selon l’article 242 du Code minier, 50 % des redevances minières doivent revenir au pouvoir central, 25 % à la province et 15 % aux Entités Territoriales Décentralisées (ETD). Cependant, la commune de Fungurume ne reçoit qu’une petite fraction de ces 15 %, soit seulement 6 %, tandis que la chefferie de Bayeke en perçoit 9 %.
Malgré cette allocation dérisoire, Maître Kaleng Ntamb Leusaint, bourgmestre de Fungurume, a démontré une gestion proactive et axée sur le développement de sa commune. Sous sa direction, plusieurs projets d’infrastructure ont vu le jour, dont la construction de quatre ponts stratégiques, la réhabilitation de plus de 10 kilomètres de routes asphaltées et la création d’infrastructures sociales et sportives pour la jeunesse locale. Ces initiatives, bien que modérées par rapport aux ressources disponibles, ont eu un impact tangible sur l’amélioration des conditions de vie des habitants.
Lors de sa récente allocution aux membres de l’union sacrée de la nation, USN, le président de la République, Félix Tshisekedi, a souligné l’importance de servir le pays avec sincérité et engagement, en déclarant que ceux qui ne souhaitent pas suivre cette voie doivent « aller ailleurs » (Tokabuana). Cette déclaration, qui appelait à l’intégrité et à la loyauté envers les intérêts du pays, peut être vue comme une référence indirecte à la situation du bourgmestre de Fungurume, Maître Leusaint, dont les actions pour le développement de sa commune correspondent précisément à l’esprit de ce message.
La question reste donc pour une certaine opinion de savoir si l’acharnement à l’encontre du bourgmestre de Fungurume sert véritablement l’intérêt du peuple ou si des intérêts politiques et économiques plus vastes sont en jeu.
En fin de compte, l’affaire Fungurume révèle les tensions profondes entre gouvernance locale, politique et gestion des ressources naturelles, et met en lumière la complexité des enjeux financiers et politiques qui façonnent le paysage de la République Démocratique du Congo.

Don Momat est à la fois formateur, blogueur et journaliste. Il aime surfer sur les faits quotidiens pour écrire des textes permettant au lecteur de plonger dans l’actualité. Son style, à la fois simple et teinté d’humour, vise à aider ses lecteurs à mieux comprendre les faits politico-économiques, voire sanitaires, qu’il aborde avec simplicité et modestie. Pour lui, le voyage constitue une véritable source d’inspiration.