Depuis plusieurs années, la dollarisation de l’économie congolaise est grandissante malgré la volonté politique d’emprunter le chemin inverse. Les autorités monétaires continuent de prendre des mesures qui solidifient de manière inconsciente la dollarisation de l’économie. Citons par exemple la décision de dollariser la réserve obligatoire des banques commerciales qui seraient selon certaines sources une émanation unilatérale du FMI.
Il est à rappeler que la gestion des risques exige une bonne lecture des faits historiques qui permettent d’adopter des mesures d’atténuation des risques identifiés. Walter LIPPMANN disait : « L’histoire est la mémoire des temps passés et un guide pour le présent ».
La BCC étant une institution indépendante ne devrait pas sous-traiter la construction de son anticipation stratégique au FMI et/ou la Banque Mondiale.
Revenons à l’histoire récente, un des faits importants est les sanctions économiques et financières infligées à la Russie. Bruno LEMAIRE, Ministre français de l’économie déclara « Nous allons livrer une guerre économique et financière totale à la Russie » et ajouta : « Nous allons provoquer l’effondrement de l’économie russe. ». Les propos sont clairs et les intentions limpides. Aller à l’encontre de la volonté de l’Occident représente un risque réel.
La RDC devrait s’inspirer des sanctions infligées à la Russie pour redéfinir sa cartographie des risques. Il est à noter que les banques russes ont été déconnectées du système SWIFT ; les réserves internationales logées dans les banques américaines, européennes et japonaises ont été saisies et rendues indisponibles. Certes, la RDC n’est pas la Russie, un junior risque manager dirait que : « dès qu’un évènement est probable, il faut prendre des mesures d’atténuation ».
Cela étant dit, les dépôts des ménages congolais et des sociétés commerciales sont en majorité en dollar (plus de 90%). Ces dépôts sont détenus dans les banques américaines. Les réserves internationales de la RDC ainsi que la réserve obligatoire des banques commerciales sont logées auprès de la Banque des règlements internationaux (Suisse).
Par déduction, 90% des dépôts totaux sont logés en Occident. Ceci représente un risque de concentration extrêmement élevé et inacceptable. S’il arrivait que la RDC soit sanctionnée par l’Occident, le pays sera en faillite une minute après la décision.
Les avoirs des ménages, des entreprises commerciales, des banques commerciales et de la République ne seraient plus disponibles. Ce serait la « NAKBA CONGOLAISE ». Compte tenu de ce qui précède, la dollarisation de l’économie prive la RDC de toute initiative politique et économique majeure.
Rationnellement, la RDC n’osera pas rejoindre les BRICS+.
« Le Congo est grand, il exige de nous de la grandeur » ; dixit Patrice Emery LUMUMBA.
[ Tribune ] Kabeya Kanyonga