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Le Département du Travail des États-Unis d’Amérique, l’équivalent en République démocratique du Congo (RDC) du Ministère de l’Emploi, du travail et de prévoyance sociale, vient d’ajouter le cobalt de la RDC à la liste 2024 des biens produits par le travail des enfants ou le travail forcé.

En effet, dans une note d’information adressée cette semaine par Cobalt Institute au Gouvernement de la République, dont une copie est parvenue à Géopolis Hebdo,  » le Département du Travail des États-Unis a ajouté cette semaine le minerai de cobalt (hétérogénite) de la RDC à sa liste 2024 des biens produits par le travail des enfants ou le travail forcé (Liste TVPRA) en tant que bien présentant un risque élevé d’être produit par le travail forcé  ».

A en croire notre source,  » les versions précédentes du rapport, qui est publié tous les deux ans, ont inclu le travail des enfants en RDC en raison de son occurrence historique dans les mines artisanales. Tandis que la mise à jour de cette année établit un lien entre le travail forcé et l’exploitation minière artisanale et industrielle  ».

Le cobalt Congolais est l’un des 29 nouveaux produits ajoutés à la liste, qui comprend également le minerai de cuivre de la RDC et de la Zambie. Les produits contenant du cobalt comprennent des biens considérés par le Département du Travail comme  » essentiels à la transition vers l’énergie verte, à l’informatique de pointe et à la sécurité nationale  » tels que les véhicules électriques, les semiconducteurs et les batteries, et sont également jugés « à risque ».

Cette inclusion, selon le Département d’État américain du Travail, ne signifie pas nécessairement que ces marchandises (Ndlr : en provenance de la RDC et de la Zambie) seront automatiquement arrêtées aux frontières des États-Unis. Néanmoins, a-t-il ajouté, ça augmente la probabilité qu’ils fassent l’objet d’un examen plus approfondi de la part des autorités américaines en raison des interdictions d’importation.

Depuis des années, la Chambre des Mines, avait tiré la sonnette d’alarme au sujet de l’exploitation artisanale du Cobalt et du Cuivre. Et voilà la sanction est tombée et elle aura beaucoup de conséquences sur l’économie du pays si Kinshasa ne conteste pas cette décision asphyxiante de l’économie ou ne demande pas un moratoire pour prendre en urgence des mesures qui s’imposent.

 » Depuis des lustres, les gouvernants ont toujours cherché à ménager ce secteur qui est une situation complexe. Mais il fallait un plan directeur du secteur des mines  », a déclaré au journal d’informations générales de l’avenue Isiro dans l’anonymat, ce mardi 24 septembre 2024, un Directeur Général d’une entreprise privée évoluant dans le secteur minier. Avant d’ajouter :  » Sur le plan politique, cette mesure vise à asphyxier le régime de Kinshasa.  »

Membre de l’Alliance du Cobalt Équitable (ACE) depuis novembre 2021, le Cobalt Institute est une association commerciale mondiale représentant l’ensemble de l’industrie et de la chaîne de valeur du cobalt. Elle est composée de producteurs, d’utilisateurs, de recycleurs et de négociants de cobalt, couvrant au total environ 80 % du marché mondial du cobalt.

Protéger et développer le marché du cobalt et de ses composés ; agir en tant que centre mondial de connaissances sur le cobalt ; et améliorer la réputation de l’industrie du cobalt en tant que secteur responsable, tels sont les objectifs poursuivis par Cobalt Institute, considéré aussi comme un centre de connaissances pour les gouvernements, les agences, l’industrie, les médias et le public sur toutes les questions concernant le cobalt et les substances contenant du cobalt.

Comme solution à la sanction, la RDC doit vite formaliser l’ASM et inclure impérativement le développement et le suivi de cadres et de normes transparents conformes aux principes fondamentaux des droits de l’homme et aux normes environnementales. Ceci doit être soutenu par des investissements dans des programmes hors-site, y compris des efforts pour prévenir et remédier au travail des enfants.

 » Le Cobalt Institute est impatient d’offrir ses compétences, ses connaissances et ses ressources pour aborder ces sujets au sein de l’ACE.”, lit-on sur le site web de cette organisation.

La RDC est le plus grand producteur minier d’Afrique et fournit plus de 70% du cobalt mondial, métal crucial pour les batteries utilisées dans l’électronique et les voitures électriques. Le pays, dont les deux tiers des quelque 100 millions d’habitants vivent sous le seuil de pauvreté, dépend fortement de son secteur minier. Le secteur minier représente actuellement plus de 20% du PIB du pays et constitue près d’un tiers des recettes de l’État. Sanctionner ce secteur porteur de croissance, c’est priver la RDC des moyens dont il a grandement besoin pour sa reconstruction et développement.

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