« La crise dure depuis 30 ans, nous sommes dans une phase d’atterrissage pour arriver à une paix que le président de la République veut durable et définitive, qui requiert que les médias puissent aussi aider« , a déclaré le porte-parole du gouvernement congolais Patrick Muyaya. Le ministre de la communication appelle les journalistes à jouer un rôle dans le sens de la construction de la paix. Ce lundi 21 juillet, tard dans la nuit, le gouvernement a procédé à un exercice de sensibilisation et de restitution des travaux de Doha qui ont abouti à la signature de la déclaration de principes samedi 19 juillet entre le gouvernement congolais et l’AFC/M23.
Pour sensibiliser les journalistes et l’ensemble de la population à la paix, Jacquemain Shabani, vice-premier ministre en charge de l’intérieur et sécurité, a expliqué ensemble avec Muyaya, les étapes qui ont précédé la déclaration de principes. Shabani est intervenu beaucoup plus comme le témoin des négociations de Doha. Il a séjourné au Qatar accompagnant la délégation congolaise aux discussions.
Alors que le gouvernement congolais et le groupe AFC/ M23 sont presque à la veille de la signature d’un accord qui devrait intervenir autour du 20 août, le ministre de la communication et le Vice-premier ministre ont rappelé que dans ce processus, le point de déblocage a été la rencontre à Doha entre le président Congolais Félix Tshisekedi et son homologue Rwandais Paul Kagame devant l’émir du Qatar le 18 mars de cette année. Après cette rencontre, il eût la signature le 23 avril d’une déclaration conjointe entre le gouvernement congolais et le groupe AFC/M23, qui avait été suivie deux jours plus tard par la déclaration de principes signée entre la ministre Congolaise des affaires étrangères et son homologue Rwandais. Cette déclaration avait fixé les lignes de ce qui a figuré dans l’accord qui a été signé le 27 juin à Washington entre le Rwanda et la RDC sous la médiation des États-Unis d’Amérique. Il y a maintenant la déclaration de principes du 19 juillet. Pour Patrick Muyaya, le processus de paix se lit à travers les textes issus de 5 rencontres. Des textes qui doivent être analysés à l’aune de la constitution congolaise, de la charte de l’Union Africaine, et de celle des Nations Unies et de la résolution 2773. « Les engagements pris ne doivent pas être analysés de manière isolée. Il faut voir tous ces textes« , a noté le porte-parole du gouvernement congolais.
Désormais la RDC veut tourner la page des guerres à répétition et ainsi amorcer une nouvelle ère de paix. « Nous nous sommes battus avec le Rwanda, maintenant il est temps de construire la paix« , a indiqué Muyaya. Le ministre adopte un ton conciliant pour respecter les engagements pris à Doha. Pour la RDC, l’escalade verbale et même militaire appartiennent au passé.
Le gouvernement est convaincu que « la paix dans la région et au pays est désormais en construction« . Un pas a été franchi à travers les engagements pris à Doha et à Washington. « La crise trentenaire qu’a subi la RDC est aujourd’hui mieux connue en terme de différents acteurs impliqués« , a déclaré Jacquemain Shabani, qui est convaincu que cette fois-ci, toutes les parties sont sincères pour la paix. Le Vice-premier ministre congolais reconnaît néanmoins que « la construction de la paix est un exercice qui n’est pas facile« , surtout dans le contexte entre la RDC et le Rwanda.
Pour mieux sensibiliser les Congolais au nouvel état d’esprit, les deux membres du gouvernement ont expliqué les 7 points contenus dans la déclaration de principes signée à Doha le 19 juillet, à savoir les principes généraux ; le cessez-le-feu; les mesures de confiance qui impliquent notamment la libération des détenus d’un camp comme d’un autre; la restauration de l’autorité gouvernementale ; le retour des personnes déplacées et des réfugiés. Sur ce point précis, Jacquemain Shabani a fait savoir qu’une réunion de trois jours, du 22 au 25 juillet, doit se tenir à Addis-Abeba entre le HCR, le Rwanda et la RDC pour traiter de la question des réfugiés Congolais et Rwandais. Les autres points qui ont été explicités sont, celui de recevoir le soutien de la Monusco dans la protection des civiles ; l’implémentation des mécanismes régionaux, dont le mécanisme de vérification; il y aura ensuite l’accord de paix dont les principes ont été expliqués par Shabani et Muyaya. Cet accord qui est attendu entre le 17 et le 20 août.
Patrick Ilunga
