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Conservation de la nature, ce concept ne dit pas grand-chose à la grande masse des populations Congolaises. Pourtant, la conservation de la nature c’est l’un des enjeux importants pour la planète qui est confrontée à la pollution, au changement climatique, à l’effet de serre, aux émissions de dioxyde de carbone…bref, aux enjeux de l’environnement. En République démocratique du Congo, en perspective de la journée internationale de la conservation de la nature qui est célébrée chaque 28 juillet, le débat sur la perspective de l’exploitation du pétrole dans certaines aires protégées refait surface.

Plus d’une année après avoir lancé des appels d’offres pour l’exploitation des blocs gaziers et pétroliers, le projet n’a pas encore enregistré de grands preneurs, mais le gouvernement refuse d’y renoncer malgré la pression des organisations de conservation de la nature. Pour la ministre de l’environnement Eve Bazaïba, « la communauté internationale doit apporter une réponse une réponse au manque à gagner économique et social ».

La RDC attend avec impatience de bénéficier des flux financiers autour du climat. Le gouvernement appelle cela « la justice climatique ». Doit-on se priver d’exploiter le pétrole là où les gens manquent du pain ? interroge la ministre. Cette problématique relance la question de parler de conservation de la nature là où les communautés sont confrontées à la famine. « Il est tout à fait possible de parler de la conservation de la nature même dans le contexte où les communautés sont ancrées dans la pauvreté.

Parce qu’il faut d’abord faire comprendre aux communautés que les ressources naturelles sont épuisables. Il faudrait que ces populations posent des actions responsables pour que les générations futures ne souffrent pas de la pénurie des ressources naturelles. Il faudrait faire comprendre aux communautés que la gestion durable est la clé. Quand on parle de gestion durable, cela veut dire utiliser les ressources naturelles, c’est-à-dire la faune et la flore de telle sorte que l’on donne la possibilité à ses ressources de se régénérer », a déclaré à Nation Africa Joe Kassongo, un expert au sein d’African Wildlife foundation. « Les choix appartiennent à la République Démocratique du Congo. Nous allons protéger l’environnement pour l’intérêt de l’humanité.

C’est évidemment aussi notre intérêt. Mais le Congo se trouve aussi dans un dilemme, celui de dire : le pétrole c’est le baromètre de l’économie, quand vous avez un accès difficile au pétrole, le prix des services et des biens monte. C’est le coût de la vie qui monte. Mais quand vous avez l’accès facile au pétrole, ce sont les coûts des biens et services qui baissent et la population a accès au minimum vital », a argumenté la ministre de l’environnement. « Nous ne sommes pas contre l’exploitation du pétrole ou le développement, mais seulement il faut que ceux qui sont à la base de ces projets démontrent que ces exploitations ne mettront pas en danger la survie des espèces sur base d’une étude d’impact environnemental qui sera menée de façon objective », a indiqué Joe Kassongo.

Autant le Congo veut profiter de la manne pétrolière, autant le pays insiste auprès des pays pollueurs que la RDC, forte de ses forêts, sa potentialité de l’énergie verte et ses minerais essentiels à la transition énergétique, est le « pays solution » face aux défis climatiques. « La loi dit clairement que toute activité incompatible avec les objectifs de la conservation sont interdites dans une aire protégée », a noté encore Joe Kassongo. Mais seulement il y a une brèche que la loi ouvre qui est aussi assortie de certaines conditions. « Il existe des mesures de dérogation qui ne peuvent être prises que pour intérêt général ou pour des raisons scientifiques. La loi dit que ces mesures ne peuvent être prises que si elles sont l’unique option à prendre, mais aussi elles ne doivent pas mettre en danger les objectifs de conservation fixés par la loi et ne doivent pas nuire les espèces de faune et de flore dans leur milieu naturel », affirme M Kassongo qui ajoute que « la majeure partie des forêts Congolaises se trouvent dans des aires protégées ».

Alors, pour l’Afrique qui veut absolument se sortir du sous-développement est-il possible de concilier alors l’industrialisation d’une et la nécessité de la conservation de la nature ? « African Wildlife Foundation, une approche stratégique qui conçilie la nécéssité de développement et la conservation de la nature qui se décline en cette triptyque : leading for wildlife, leaving with wildlife and caring for wildlife. Il est tout à fait possible de prendre des décisions objectives pour les espèces, vivre en harmonie avec la vie sauvage et la protéger. Nous travaillons donc avec des décideurs pour que leur programme de développement ne mette pas en danger les espèces et va permettre à la biodiversité et aux écosystèmes de se régénérer », a indiqué le senior legal officer de l’AWF.

Depuis le mois de juin de cette année, le Congo a créé un ministère de l’économie du climat pour peser dans la diplomatie verte et ainsi capter plus de flux financiers. « Avec une superficie forestière estimée à 155 millions hectares (soit 62% du territoire national), un grand réseau hydrographique, une méga biodiversité parmi les plus riches et variées, un important potentiel halieutique, un sous-sol riche en minerais de toutes sortes, en hydrocarbures et gaz, les tourbières et des terres arables couvrant une superficie estimée à 80 millions d’hectares, la République Démocratique du Congo est comptée parmi les plus grands pays forestiers possédant la plus grande biodiversité du monde », note Richard Kitenge, expert en questions forestières.

Richard Kitenge affirme que les forêts congolaises et les tourbières peuvent générer jusqu’à 200 milliards de dollars par an, à travers la vente de carbone. « Le Congo peut aussi miser sur le tourisme pour générer des budgets conséquents à travers la conservation de ses espèces rares. D’où il convient d’insister sur la conservation de la nature », a ajouté M Kitenge. Dans son programme de gouvernement, la première ministre de la RDC Judith Suminwa indique que « le positionnement de la RDC comme pays-solution à la crise climatique le met au centre des nouveaux enjeux de la gouvernance mondiale, ce qui appelle à des orientations stratégiques claires. La mise en place des mesures solides dans ces secteurs permettra à la RDC de jouer pleinement son rôle de leader dans les discussions internationales sur le changement climatique, tout en tirant partie des mécanismes appropriés tels que le crédit carbone, dont les recettes pourront être orientées vers la lutte contre la pauvreté ».

Quoiqu’elle se positionne comme « pays solution » à la crise climatique, la RDC est ironiquement parmi les pays les plus vulnérables au changement climatique. Le pays n’est assez préparé à faire face aux catastrophes naturelles, a notamment écrit le fonds monétaire international dans un récent rapport, se basant sur des rapports nationaux sur le climat et le développement de 2023. « L’environnement en RDC est confronté à divers défis majeurs tels que la déforestation, la dégradation des sols, et la pollution croissante par les déchets plastiques dans les zones urbaines ». « Il est évident qu’il est urgent de déployer des efforts considérables pour inverser cette tendance et lutter de manière durable contre ces effets néfastes, notamment les inondations, l’érosion, les épidémies, entre autres », a aussi déclaré la première ministre Judith Suminwa.

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