Alors qu’il s’en va aujourd’hui, passant le flambeau à son successeur, il est important que la mémoire historique congolaise se rappelle le pas franchi à travers le processus électoral de 2018. Il s’agit maintenant de rendre justice à ceux par qui toutes les réalisations ont été rendues possibles. Corneille Nangaa qui passe la main ce vendredi à Denis Kadima a laissé à la nation un héritage, un legs sacré qui peut être résumé en 5 points.
L’indépendance qui a rendu possible l’alternance
C’est la plus grande réussite du processus de 2018. Le monde entier qui redoutait un bain de sang, une guerre civile au bout d’un processus tumultueux avait été ébahi par l’atterrissage en douceur du cycle électoral. Les congolais, témoins de leur propre histoire depuis 1960, savent mesurer le chemin parcouru et le prix d’une telle performance. La Commission électorale nationale indépendante (CENI) qui a piloté le processus, a fait montre d’une indépendance tout au long du cycle électoral. Indépendance en terme d’initiatives. Il fallait que la Centrale Électorale apprennent à boucher les oreilles et à ouvrir les yeux afin de ne pas se laisser distraire. Il fallait résister à tout ce qui constituaient les obstacles. Ces obstacles qui venaient de tous bords. Lorsqu’on est Chef de la CENI en République Démocratique du Congo (RDC), on ne fait pas seulement face au seul pouvoir en place. La pression vient aussi des partis et regroupements politiques de la majorité comme de l’opposition, de la société civile dont la sous-composante des confessions religieuses, de la communauté internationale, car ce que plusieurs ne savent pas, lors d’un processus électoral, chacun, à commencer par la communauté internationale ou les partis politiques, vient avec un agenda propre. Cet agenda qu’on ne présente pas forcément à l’opinion publique.
L’équipe Nangaa peut se targuer d’avoir conservé l’indépendance d’esprit, laquelle tirait sa force dans la loi. L’indépendance même qui a permis le financement du processus électoral. Chacun avait vu alors que les congolais pouvaient s’assumer sur une question touchant sa souveraineté.
Une expertise avérée au niveau africain et mondial
Sous le leadership de Corneille Nangaa, la CENI a pu réunir des jeunes informaticiens. Ces jeunes universitaires ont conçu des logiciels pour faire piloter le fonctionnement des machines à voter et aujourd’hui, l’expertise de la CENI est reconnue aussi bien en Afrique que dans le monde entier. Ces jeunes, encore à la Centrale Électorale, sont capables de biens d’autres exploits. Ils sont une ressource importante pour une continuité technique dans la sérénité au sein de la CENI.
Une base de donnée biométrique
L’équipe du désormais ancien président de la CENI Corneille Nangaa peut se targuer d’avoir légué en héritage une base de données biométriques et une cartographie électorale autour de 26 provinces, et pour le côté rural, 145 territoires, 734 chefferies, 6095 groupements et plus de 88 000 villages. Pour le côté urbain, grâce au travail de la CENI, il existe aujourd’hui une cartographie autour de 33 villes en RDC et 310 Communes. Cette cartographie stabilisée est devenue la référence même pour le Gouvernement de la République, lequel peut s’appuyer sur cet outil technique important pour faciliter des projets tels que le recessement général de la population. Cette cartographie n’existait pas avant 2015, année de la prise des fonctions de Corneille Nangaa.
CENI démembrée et efficace
La Commission électorale que lègue Corneille Nangaa est une CENI démembrée, comme le veut la loi. Cette CENI a un secrétariat exécutif national et 26 secrétariats exécutifs provinciaux, avec un total de 179 antennes dotées d’un personnel qualifié. Des dizaines d’antennes ont leur bâtiments et il y a aussi du matériel roulant.
Capacité managériale
La CENI léguée par Nangaa a acquis une compétence importante : la capacité managériale dotée d’une capacité d’anticipation qui fait qu’à chaque fois qu’il y a une urgence, les équipes de la CENI s’évertuent à trouver des solutions. Cette performance a pu être possible grâce à la tendance à l’anticipation, devenue un réflexe salvateur, en témoigne l’épisode de l’incendie des dépôts de la CENI sur l’avenue du Haut-Commandement à Kinshasa-Gombe quelques jours seulement avant les scrutins de 2018.
Cet événement avait été surmonté grâce au réflexe d’anticipation. La CENI a aujourd’hui, sur le plan de la télécommunication, une autonomie à saluer. Un système de réseau de communication interne existe qui fonctionne indépendamment des réseaux de télécommunication nationaux. Cette trouvaille technique a aidé à contourner plusieurs écueils de communication. Ça aussi, c’est un grand legs de Nangaa à son successeur.
Géopolis Hebdo
Journaliste intéressé par les grands ensembles régionaux (Comesa, EAC etc), mais aussi intéressé aux questions environnementales et sécuritaires.
E-mail : patilunga35@gmail.com