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Il y a des endroits que l’on ne peut connaître mieux qu’en y étant personnellement. Ce sont des endroits qui échappent aux simples études et qui exigent une expérience personnelle. De Kinshasa où l’on est, il est difficile de se faire une idée de la ville phocéenne, le lieu de toutes les mixtures et de toutes les surprises. Après plus de trois heures de voyage dans le Train à grande vitesse (TGV), la gare Saint-Charles accueille les voyageurs dans une ambiance de puissance tant il y a une foule à l’arrivée. Ce sont ces personnes qui viennent faire leur business à la gare et portent finalement l’âme de cette ville.

Plusieurs possibilités s’offrent au visiteur pour quitter la gare. A part le transport personnel ou celui des locations, Marseille a une grande panoplie de moyens qui vont des voitures, taxis, en passant par des métros, on prend une belle limousine conduite par un cinquantaine bronze, cheveux grisonnants. L’homme est comme un acteur de cinéma et dans sa tête, tous les films qui peignent Marseille comme une ville dangereuse passent dans ma tête car, le chauffeur a l’allure d’un chef de famille. Et pourtant, il est débonnaire, enthousiaste et serviable.

On engage la conversation, je lui demande quelle est la plus grande valeur de Marseille ? Il me dit sans hésiter l’Olympique de Marseille (OM), le club mythique dont la devise est  » Droit au but  ». Voilà l’esprit de compétition qui sied à cette ville qui tourne le dos à la France et fait face à la mer méditerranée et par delà à l’Afrique. La France parle à Marseille dans son dos, elle parle à la plus grande ville après Paris au travers d’un paradigme exceptionnel.

Mon regard s’évanouit dans le paysage et on voit vite une ville propre, de belles avenues et un parfum venu de la mer envahissent le pays. On sillonne les grandes artères et notre chauffeur ne tarit pas d’éloges sur Marseille qui est pour, lui, la ville qui incarne le mieux l’esprit français. Ville propre aux avenues bien entretenues. On n’a pas l’impression d’être dans une ville de province, mais dans une autre capitale.

En effet, Marseille est la capitale de cette que l’on ne connaît pas beaucoup à l’extérieur, cette France des racines mais en même temps, cette France de l’esprit marin.
On semble l’oublier, Marseille est sans doute la ville de l’OM mais c’est aussi un grand port où viennent échouer les embarcations porteuses des rêves des millions de gens. C’est ici dans cette ville où l’on comprend bien l’expression d’une bouteille jetée à la mer. Chaque personne que l’on rencontre est avenante et veut (et peut) porter secours car, on ne sait jamais à qui on a affaire. Et ça fonctionne, si vous enlevez de votre pensée que c’est une ville dangereuse sans forcément l’oublier alors, la ville s’ouvre et dégage son charme.

Marseille ville de dévoilement. C’est ici ou sur une grande baie, des plages sont organisées et entretenues. Venant de partout, de la France et de l’étranger, des millions de visiteurs viennent se confier aux caresses du soleil sur les plages. Ils sont nombreux qui ne veulent perdre aucune once de lumière en cette fin d’été. Cette ambiance forge le caractère de cette ville qui par son port se dote d’une image d’hôte accueillant, par ses populations venues des sources différentes d’une ville cosmopolite et par son équipe de football d’une motivation permanente pour une ascèse de vie.

Marseille a réussi a transcender ses handicaps pour devenir un véritable havre de paix pour ceux qui ont dompté son esprit. C’est l’esprit de puissance que l’on voit partout et surtout, cette idée que Paris n’est pas toute la France, il y a des villes et pas les moindres, qui appellent une attention aussi soutenue que celle qui pèse sur la capitale française. On comprend la place qu’occupe le football dans cette ville et combien ce sport est un leitmotiv sur tout le reste.

Tout le monde veut être le meilleur, des vendeurs à la sauvette aux grands tenanciers, des chauffeurs des taxis qui sont évalués après chaque course, des magasins qui proposent de fonctionner au-delà des heures de service pour être disponibles aux clients. Rien n’est laissé au hasard. Évidemment, ville au soleil, cela impacte le caractère des gens qui sont enjoués et se sentent comme en vacances.

Marseille du sud, quartier chic où se trouvent plusieurs consulats. Nous avons la chance de trouver notre gîte dans une résidence de Sao Tomé et Principe. L’endroit est calme, le milieu protégé par une police discrète mais présente. Alors que l’on circule, une évidence s’impose à nous, la vie dans cette ville est construite autour du numérique et de la connexion internet.

Tous les services sont dépendants du numérique. Pour commander un taxi Uber, il faut être connecté, pour payer dans un restaurant, il est nécessaire d’user de la monétique et les espèces sont le dernier maillon pour personnes en retard du progrès.Louer une chambre d’hôtel, vous qui le faites en ligne, vous bénéficierez des certains avantages comme des réductions. Il n’y a rien qui échappe si pas très peu qui échappe à l’État qui voit tout et contrôle tout.

L’État s’est donné les moyens de son progrès et les citoyens participent à cette montée en puissance en usant de bonne foi. L’économie numérique est une réalité dans cette ville et être connectée est la condition d’accès aux différents services disponibles. Le monde change et à Marseille, tout est fait pour dématérialiser les moyens de paiement. Chaque personne a désormais une batterie de choix pour régler ses factures et c’est un progrès immense dans cette transition numérique.

Esprit de compétition, esprit d’émulation incarné par les sportifs et les entrepreneurs.

Marseille, c’est le pays des marins et des paysans, des artisans et des chercheurs. Ville dont la création aboutit à deux légendes, l’une grecque et l’autre romaine. Marseille, la rebelle dont les canons étaient tournés vers l’intérieur et non vers les éventuels envahisseurs, a toujours revendiqué sa place de ville autonome et française selon son propre rythme.

Cette rivalité entre Paris et Marseille qui se vit pacifiquement dans le sport, constitue le ressort de l’âme française qui se nourrit de la dialectique de puissance. Ils sont fiers de leur accent et le cultivent avec joie car, parler marseillais, c’est parler comme un français. Cet esprit patriotique remonte à la révolution française. Et c’est à Marseille que l’hymne national français, la Marseillaise, fut initialement chanté.

Écrit en 1792 par Claude Joseph Rouget de Lisle, un officier de l’Armée française en réponse à la déclaration de guerre de la France à l’Autriche.

L’hymne était destiné à galvaniser les troupes et à inspirer le peuple français à se mobiliser pour défendre la République naissante. Lorsque les volontaires marseillais se sont rendus à Paris pour soutenir la révolution, ils ont chanté l’hymne de Rouget de Lisle lors de leur marche vers la capitale. C’est ainsi que l’hymne a été associé à la ville de Marseille et par la même occasion, pris le nom de la Marseillaise.

Adoptée comme hymne national, la Marseillaise évoque la volonté de défendre la patrie, de combattre pour la liberté et de résister à l’oppression. Cet esprit révolutionnaire est encore présent dans cette ville qui s’étend désormais sur des kilomètres et qui s’ouvre chaque jour sur le monde en étant la capitale de la mer.

De notre envoyé spécial, Adam Mwena Meji

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