Il n’y a pas de sot métier, il n’y a que de sottes gens, dit-on. Aucun métier même celui de chauffeur n’est réservé seulement aux hommes au jour d’aujourd’hui. Les femmes sont presque dans tous les domaines de la vie. Tout métier a une valeur et requiert des qualités chez le travailleur.
Face à la demande de plus en plus grandissante dans le secteur du transport en commun et à l’absence d’un système public de transport multimodal des masses digne de ce nom, des initiatives privées naissent un peu de partout et prennent le relai des pouvoirs publics en dotant les grandes villes de la République démocratique du Congo (RDC) des moyens de mobilité à moindre coût et accessible à toutes les bourses à partir de 3000 Francs congolais (CDF), l’équivalent de 1 Dollar américain, en fonction de la distance. Les cas des sociétés Yangoo, Carnayo, Maajaabu Cab, Vert-vert taxi express, pour ne citer que celles-ci, sont les plus illustratifs. Mais la particularité de Vert-vert réside dans le fait d’avoir des voitures taxis de couleur verte et un personnel féminin. Tous les chauffeurs sont des femmes. Une première à Lubumbashi, capitale cuprifère de la RDC. J’ai été émerveillé par la conduite de Madame Sylvie et surtout, je suis heureux d’avoir été transporté avec beaucoup d’élégance par une charmante femme au volant, la quarantaine révolue, depuis l’aéroport international de Luano jusqu’au centre ville où, en tant que le seul représentant de Geopolis, à l’édition 2025 de DRC Mining Week, j’ai établi mes quartiers. Il n’a pas été du tout facile pour moi de briser mon protocole sécurité et de refuser sa demande face à son insistance à la sortie de l’aérogare. » C’est ma dernière course Monsieur pour clôturer la journée. », confie-t-elle à l’Envoyé spécial du groupe de médias Geopolis.
En effet, avec l’insécurité de plus en plus grandissante dans les grandes villes du pays, les hommes et femmes épris de paix, mieux les paisibles citoyens que nous sommes avons souvent cette peur bleue de se faire enlever ou kidnapper à l’approche d’un taxi volontaire non commandé.
En provenance de Kinshasa et aussitôt descendu, mardi 10 juin, de mon avion, le régulier Airbus A380 de la compagnie aérienne CAA, qui m’amène dans la capitale cuprifère pour participer à la 20e édition de DRC Mining Week (Semaine minière de la RDC) dont le thème est » 20 ans de développement du secteur minier en RDC : investir dans le développement des infrastructures et la sécurité énergétique – Vision 2025-2030 », je me dirige directement vers les services d’immigration qui ont fait peau neuve avant de prendre la direction du parking extérieur. Et de là, je croise trois dames qui portent la même tenue. L’une d’elle, s’approche de moi et se présente : bonjour monsieur, avez-vous fait un bon voyage ? Me demande-t-elle ! Ma réponse : bien évidemment Madame. Mais quel est ton nom ? Elle, je réponds au nom de Madame Sylvie, je suis chauffeur de taxi à la société Vert-vert. Vous allez où Monsieur ? Moi, au centre ville. Pouvez-vous faire le second voyage avec moi ? Je lui demande de patienter un peu, le temps de vérifier la véracité de ses propos, l’existence de cette société des taxis et à qui elle appartient ? Ma source m’indique que Vert-vert appartient bel bien à un ancien ministre provincial, M. Christian Momat. » C’est mieux de monter à bord pour plus de sécurité. », me dit-elle.
Après toutes les assurances reçues d’elle, de ses collègues et de ma source, le seul passager que j’étais, décide enfin de monter à bord. Pendant le trajet de 5 Km, on va échanger avec cette véritable femme battante au volant et mère de 5 enfants sur des sujets aussi variés que multiples dont le choix de cette profession, l’organisation de son temps, car partagé entre le ménage et le boulot, la sécurité et la vie à Lubumbashi, et de ce qu’elle fait de sa rémunération.
A en croire mon chauffeur du jour, ce métier la nourrit bien. Elle est bien rémunérée et régulièrement. Le montant, je le garde pour moi-même. Le travail se fait en fonction des vols et c’est à partir de 11h00 jusqu’au dernier vol de la journée. Quant à son foyer, la femme de ménage s’occupe de la maison et des enfants, sauf de son mari pour la lingette intime, la nourriture et autres. » Mon salaire, c’est un complément au salaire de mon mari afin de mettre notre couple à l’abri du besoin. », a-t-elle dit. C’est ce qu’il faut retenir d’essentiel de cette rencontre fortuite.
Nous voici arrivés à destination. Course payée, client satisfait du service rendu et échange des coordonnées. Rien à reprocher sur l’état de la voiture et sur sa conduite. Longue vie à sa carrière et qu’elle serve de modèle à certaines femmes qui se dénudent et gaspillent leur énergie sur Tiktok au lieu d’entreprendre et/ou de chercher un travail qui ennoblit.

Journaliste économique et chroniqueur des ressources naturelles.