La problématique du déficit énergétique ( énergie électrique) dans le secteur minier a fait l’objet de la première session de travail réunissant, à l’hôtel Hilton de Kinshasa capitale congolaise samedi 21 septembre 2024, la Générale des carrières et des mines (GECAMINES S A), ses filiales et la Société nationale de l’électricité (SNEL S A). L’objectif de cette rencontre qui a mis autour d’une même table, le Directeur Général de la GECAMINES Placide Nkala et Fabrice Lusinde, Directeur Général de la SNEL, ainsi que les responsables des entités filiales à l’ex Union Minière du Haut-Katanga (UMHK) était de créer une synergie de forces et d’intelligences, afin de penser des solutions idoines pour répondre à un problème structurel qui mine deux secteurs porteurs de croissance économique en République démocratique du Congo (RDC).
Il est une évidence que sans l’électricité, les lourdes machines de l’industrie minière ne vont pas tourner et en conséquence il n’y aura pas de production, ce qui peut donner lieu à des effets néfastes, car l’économie congolaise est basée essentiellement sur l’exploitation des ressources minières. Il est aussi une évidence que la demande de l’approvisionnement en électricité dans ce secteur est supérieure à la production au niveau national. D’où le déficit constaté et qui a fait l’objet de la réunion de ce samedi.
« Nous nous sommes réunis, GECAMINES avec ses différents partenaires dans le monde minier, pour pouvoir réfléchir avec la SNEL, pour le problème crucial qui se pose en déficit d’énergie. Nous avons eu le temps d’écouter le DG de la SNEL et de comprendre quels sont les problèmes qui se posent que nous allons dorénavant commencer à réfléchir comme une unité à des solutions communes », a souligné le directeur général de la GECAMINES Placide Nkala devant la presse.
Lors de sa prise de parole au lancement de cette réunion, le DG Placide a profité pour poser les bases d’une réflexion profonde pouvant mener à la résolution de ce problème, ensemble avec la nationale en charge de la production, transport et distribution de l’électricité. Il a ainsi rappelé que les coupures du courant électrique et la limitation des puissances représentent un frein aux opérations minières. « L’approvisionnement en énergie, comme vous le savez, est un enjeu crucial pour le bon fonctionnement de nos opérations minières. Lors de la précédente réunion du 28 mai 2024 à Lubumbashi, nous avions identifié les coupures fréquentes d’électricité et la limitation des puissances attribuées aux entreprises minières comme des freins majeurs à notre productivité. Ces interruptions non seulement ralentissent notre production, mais elles endommagent aussi certains de nos équipements stratégiques, augmentant ainsi nos coûts et nos marges », a-t-il déclaré.
Pour sa part, le directeur général de la SNEL Fabrice Lusinde, a fait savoir que le déficit en approvisionnement énergique est structurel. « Nous avons un déficit structurel. Donc la production est inférieure à la demande. Alors, particulièrement aujourd’hui les opérateurs miniers, surtout ceux qui sont des filiales de la GECAMINES, ont besoin d’être rassurés sur les perspectives d’avenir. Ils sont tous dans des programmes d’augmentation de capacité de production, et veulent savoir si au niveau de la SNEL, ils vont avoir des réponses concrètes à leur besoin d’approvisionnement en énergie. C’est un intrant indispensable. Sans énergie, on ne fait pas tourner des machines et on ne produit pas », a-t-il expliqué aux journalistes présents à cette première réunion, en révélant que ce rassemblement a posé sur la table non seulement la question de l’approvisionnement en électricité mais aussi et surtout, les « solutions à court, moyen et long terme ».
Les responsables des filiales de la GECAMINES ont eu le temps d’échanger avec les directeurs généraux de la GECAMINES et de la SNEL sur un nombre important de sujets d’intérêt commun, lors d’une séance de questions réponses qui a eu lieu après les exposés. L’idée était de donner une perspective rassurante aux opérateurs miniers de la RDC.
Le Congo hier exportateur, aujourd’hui importateur
Si hier la République démocratique du Congo exportait son électricité à d’autres pays, aujourd’hui le Congo est devenu l’acheteur majeur de cet intrant dans la région. Selon le ministre des Ressources hydrauliques, la Zambie injecte 250 MW en RDC qui appuie le secteur minier. Et la génération de la richesse de ces 250 MW est de 8 milliards de dollars américains sur le PIB. Il y a aussi le poste de Buhandahanda qui sera lancé au niveau de Goma et va permettre, avec la ligne Nelsap, en contact avec le Kenya et l’Éthiopie, de recevoir très bientôt environ 50 à 100 MW de l’Éthiopie. « L’Angola, avec la boucle de l’amitié, va injecter de la puissance ici. De Brazzaville, nous récupérons 25 MW par moments. Les Tanzaniens, avec leur nouvelle centrale, envisagent de fournir 100 MW à la RDC. Même la Centrafrique nous donne environ 2 MW avec Boali-Zongo », avait révélé le Ministre Teddy Lwamba dans un briefing presse. Selon ce membre du gouvernement Suminwa, ce basculement a eu lieu quand l’État congolais a décidé de libéraliser le secteur minier qui demande d’importantes ressources électriques avant la libéralisation du secteur de l’électricité.
Les leaderships de la GECAMINES et de la SNEL portés respectivement par les DG Placide Nkala et Fabrice Lusinde restent foncièrement convaincus qu’il est possible de renverser la tendance, afin de permettre à la Générale des carrières et des mines de jouer pleinement son rôle dans le secteur minier congolais. Cette réunion ouvre la voie à une série des rencontres et actions qui mèneront vers cet objectif.