Lors de son intervention, le 18 septembre 2025 au Digital Africa Summit de Kinshasa organisé par la GSMA, le Directeur Pays de la Banque mondiale en RDC, Angola, au Burundi et à Sao Tome et Principe, Albert Zeufack, s’est entretenu avec l’assistance sur la thématique « Combler le déficit d’investissement : l’énergie comme fondement du développement numérique ».
Pour Albert Zeufack, la RDC peut faire un bond substantiel dans son développement socio-économique pour autant que des financements conséquents sont libérés au profit du secteur du numérique. Ainsi, il évalue à 8 milliards USD ce que devrait coûter la facture du numérique en République démocratique du Congo.
« Pour libérer pleinement le potentiel du secteur du numérique en RDC, nos analyses montrent qu’il faudrait près de 8 milliards USD. C’est l’ensemble du portefeuille de la Banque mondiale en RDC. Vous comprenez que ça ne sera pas facile. Il est important à notre avis, pour qu’une transformation drastique se produise en RDC, d’avoir un sens de l’ambition beaucoup plus grand que celui qu’on a actuellement, parce que la transformation du numérique en RDC, étant donné la géographie, aura un impact énorme sur tout le continent », a déclaré le Directeur Pays de la Banque mondiale.
A l’en croire, au Kenya par exemple, la contribution du secteur du numérique est déjà supérieur à celle de l’industrie. De même, au Nigéria, avec Nollywood, le numérique crée plus d’emplois que l’industrie.
L’accès à l’électricité est capital
Dans son analyse, pour que la RDC tire significativement profit des avantages du développement numérique, il faudra lever ces cinq obstacles :
- Le cadre juridique et institutionnel est en dessous des attentes ;
- L’accès limité au financement pour l’entrepreneuriat numérique (il faut des instruments spécifiques pour financer le secteur du numérique) ;
- La faible couverture du numérique dans les zones rurales, parce que financièrement non rentables ;
- Le contexte fiscal et parafiscal ambigu (climat des investissements),
- Le manque d’infrastructures adéquates ;
- Déficit de mains d’œuvre adéquates (la population n’est pas formée pour utiliser son téléphone afin de créer un emploi).
De l’avis d’Albert Zeufack, toutes ces contraintes sont aggravantes. « Le numérique ne nous permet pas de nous assoir et de réfléchir », a-t-il lâché invitant les dirigeants congolais à davantage d’actions pour espérer tirer profit des technologies de l’information et de la communication.
Pour autant, la Banque mondiale s’investit, au côté du gouvernement de la RDC, à financer un certain nombre des projets devant contribuer au développent du numérique dans le pays. Dans cette perspective, il y a un projet d’accès à l’électricité (600 millions USD d’investissements) et de 1 milliard USD destinés pour à accélérer les réformes du secteur énergétique en RDC notamment de la SNEL. Il y’a aussi le projet d’infrastructures physiques comme l’autoroute Mbuji-Mayi-Bukavu. Ce projet intègre aussi la pose en même temps la fibre optique et de câble électrique le long de cette artère. Tout aussi, la Banque mondiale est engagée, avec l’AFD, dans un projet de 500 millions USD pour le déploiement de 10 mille Km de fibre optique en RDC.
« Nous ne pourrons jamais réussir le pari de la digitalisation en RDC sans électricité. Nous devons tous investir, travailler ensemble, pour doubler le taux d’électrification en RDC d’ici 2030. Nous devons atteindre au moins un taux d’électrification de 50%. Et quand on parle de l’accès à l’électricité, c’est au-delà de l’éclairage. Il s’agit de l’électricité à l’usage productif, qui permet de créer des revenus », a soutenu Albert Zeufack avant d’insister sur une bonne coordination gouvernementale pour arriver à créer un écosystème favorable au développent du numérique en RDC.
Au cours de ce Digital Africa Summit organisé par la GSMA à Kinshasa, il a été présenté le rapport « Promouvoir la transformation numérique des économies africaines ». Ce document d’analyses examine le rôle des technologies numériques dans la transformation économique de certains pays d’Afrique. Ces études identifient les opportunités d’adoption des technologies numériques dans différents secteurs de l’économie et quantifient leur valeur économique. Elles examinent également comment exploiter ces opportunités grâce à des réformes politiques qui reconnaissent le rôle crucial joué par le secteur des télécommunications dans la transformation numérique.
La numérisation de l’économie est un moteur important de la croissance socio-économique et des recettes publiques et peut offrir de nouvelles opportunités de croissance, de création d’emplois et de diversification de l’économie. L’impact le plus important de la numérisation provient de l’augmentation de la productivité au-delà du secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC), grâce à leur adoption dans l’agriculture, l’industrie de fabrication, le commerce de détail et d’autres secteurs de l’économie.
La GSMA est une organisation mondiale unifiant l’écosystème mobile pour découvrir, développer et proposer des innovations fondamentales pour des environnements commerciaux positifs et le changement sociétal. Sa vision est de libérer toute la puissance de la connectivité afin que les personnes, l’industrie et la société prospèrent. Représentant les opérateurs de télécommunications et organisations mobiles de l’écosystème mobile et des secteurs adjacents, la GSMA offre une assistance à ses membres à travers trois grands piliers : la connectivité pour le bien, les services et solutions industriels et la sensibilisation. Cette activité consiste notamment à faire progresser les politiques, à relever les plus grands défis sociétaux d’aujourd’hui, à soutenir la technologie et l’interopérabilité qui font fonctionner le mobile et à fournir la plus grande plate-forme au monde pour rassembler l’écosystème mobile.
Amédée Mwarabu