Le ministre de justice en République démocratique du Congo a démissionné. Il se prépare à affronter la justice congolaise pour répondre aux accusations de détournement dont il fait l’objet.
Mardi, Constant Mutamba a adressé sa lettre de démission au président Félix Tshisekedi. Une longue lettre dans laquelle, le désormais ex-ministre de justice fait d’abord le bilan de ce qu’il a réalisé à la tête du ministère de justice qu’il a dirigé pendant 12 mois.
Mutamba fait un bilan élogieux de son action au ministère de la justice en même temps qu’il se montre véhément à l’encontre des autorités du Rwanda qui chercheraient à attenter à sa vie, dit-il : « je vous remets ce jour, non sans regret, ma démission pour faire face à ce complot politique dont se revendiquent le Ministre rwandais des affaires étrangères, qui a jubilé à travers son tweet, ainsi que les responsables de l’AFC/M23, dont l’objectif ultime est d’obtenir mon élimination physique ».
« Au moment où, tel votre soldat, engagé dans des poursuites contre des hauts responsables de l’AFC/M23, je suis surpris par un coup de poignard dans le dos, à travers un complot politique visiblement conçu à Kigali et exécuté par certains de nos compatriotes, visant à freiner cet élan de réformes et de patriotisme. Ce complot ne vise pas ma personne, mais cherche à désorganiser la riposte gouvernementale face à l’agression rwandaise et à bloquer toutes les réformes internes en cours ».
Le ministre Rwandais des affaires étrangères avait réagi aux déboires judiciaires de Constant Mutamba. Olivier Nduhungirehe a estimé que Mutamba reçoit « dans la figure, en boomerang, l’excès de populisme, de xénophobie, d’idéologie du génocide et de haine anti-Rwanda », C’est « la loi du Karma », a-t-il commenté. « Fini la récréation Constant Mutamba. I knew this was coming! » s’est exclamé le gouverneur installé à Goma par le M23 Willy Manzi.
L’ex-ministre de justice, 37 ans, estime avoir été également victime des « mafieux » du système de la justice en RDC. « Après avoir échappé à plusieurs tentatives d’empoisonnement et d’élimination physique, les réseaux mafieux, y compris ceux infiltrés au service de nos ennemis, ont réussi à m’humilier en raison de mon engagement ».
Constant Mutamba est poursuivi pour suspicion de détournement des fonds destinés à la construction d’une prison à Kisangani, au Nord-est de la RDC. Le ministre de la justice a signé un marché de gré à gré avec une société du nom de Zion Construction SARL, pour un montant de 29 000 000 de dollars américains, dont un premier décaissement de 19 000 000 a été placé dans un compte séquestre. « Je n’ai pris aucun dollar de l’État », jure-t-il. Mais selon le procureur de la cour de cassation, Mutamba a orchestré un détournement des fonds publics. Hormis cette présomption de détournement, le procureur Firmin Mvonde accuse Constant Mutamba d’outrage à magistrats d’injure publique contre la première ministre Judith Suminwa.
Toute la journée de mercredi, des rumeurs faisaient état d’une fuite de l’ancien Ministre d’Etat à l’ambassade de Cuba pour un possible exil dans ce pays. Jesùs Del Amo Fernandez, ambassadeur de Cuba en RDC a démenti cette information.

Journaliste intéressé par les grands ensembles régionaux (Comesa, EAC etc), mais aussi intéressé aux questions environnementales et sécuritaires.
E-mail : patilunga35@gmail.com