Alors que la saison sèche aurait dû s’installer sur Kinshasa, la capitale congolaise est depuis plusieurs jours le théâtre de pluies diluviennes inattendues. Ce phénomène, aussi surprenant qu’inquiétant, met en lumière les limites des systèmes d’alerte précoce et la vulnérabilité des infrastructures de la ville.
L’Agence nationale de météorologie et de télédétection par satellite (Metelsat) a tenté d’apporter des explications à ce dérèglement saisonnier. Selon ses analyses, des vents humides en provenance du Golfe de Guinée ont entraîné la formation de nuages cumuliformes responsables des orages violents observés à Kinshasa. Une situation exceptionnelle pour le mois de juin, habituellement marqué par une quasi-absence de précipitations.
Si cette explication est scientifiquement recevable, elle n’a pas dissipé les frustrations. ONG, habitants et autorités locales demandent des prévisions plus précises et des alertes plus efficaces. Les précédentes pluies d’avril, qui avaient déjà provoqué d’importantes inondations, laissaient espérer une meilleure anticipation. Aujourd’hui encore, des sinistrés de ces épisodes vivent sans relogement, dans des conditions précaires, exposés à un risque sanitaire élevé : eaux stagnantes, pollution, propagation possible du choléra ou de la typhoïde.
Sur le terrain, les conséquences de cette météo capricieuse sont désastreuses. Dans la nuit de vendredi à samedi, une nouvelle averse a littéralement dévasté certaines routes de la ville. La route du Tourisme, déjà fragilisée, s’est effondrée sous l’effet de l’eau, isolant les riverains. Même constat alarmant du côté de la route de Libération vers Selembao, où le sol s’est ouvert, rendant la circulation impossible et mettant en danger les habitants.
Le réseau routier de Kinshasa, déjà en piteux état, atteint un seuil critique. Le ministre provincial des Infrastructures a récemment révélé que 75 % des 3 999 kilomètres de routes que compte la capitale sont en état de délabrement avancé. Des axes récemment réhabilités montrent déjà des signes de faiblesse, tandis que d’autres comme celle de Kulumba à Kingabwa sont totalement impraticables.
Entre imprévisibilité climatique, routes effondrées et quartiers menacés d’enclavement, Kinshasa semble glisser lentement vers une crise humanitaire larvée. Sans plan d’urgence concret ni système d’alerte performant, la ville peine à faire face à la multiplication des catastrophes liées aux pluies. Les défis sont immenses : renforcer la résilience des infrastructures, améliorer les prévisions météorologiques et, surtout, mettre en place des mécanismes efficaces de protection des populations.
Face à une météo de plus en plus instable et à des infrastructures en sursis, Kinshasa a besoin d’une réponse d’urgence coordonnée, durable et visionnaire.

Don Momat est à la fois formateur, blogueur et journaliste. Il aime surfer sur les faits quotidiens pour écrire des textes permettant au lecteur de plonger dans l’actualité. Son style, à la fois simple et teinté d’humour, vise à aider ses lecteurs à mieux comprendre les faits politico-économiques, voire sanitaires, qu’il aborde avec simplicité et modestie. Pour lui, le voyage constitue une véritable source d’inspiration.