Dans l’une de nos précédentes éditions nous avions affirmé que les propos de  Nicolas Kazadi devaient plutôt servir de levier à une catharsis nationale plutôt que de devenir une porte qui ouvrirait notre pays au déni de la vérité et à la répression du porteur du message . Nous ne croyons pas si bien dire car les débats au niveau de la commission as hoc et finalement le vote au sein de la plénière de l’Assemblée nationale ont démontré qu’il existe encore des forces du bien et de la vérité dans le pays. 

Sur 370 députés présents, 357 ont voté pour le rapport de la commission. 7 contre et 6 se sont abstenus. En d’autres termes l’Assemblée Nationale a rejeté les réquisitoires du procureur général contre l’honorable Kazadi. 

C’est un pas important dans la vie de notre institution parlementaire qui vient de montrer son indépendance et son ouverture au débat démocratique. Cela n’est ni une solidarité entre députés comme d’autres pourraient le penser mais c’est le respect des droits fondamentaux parmi lequel le droit à la libre expression. Le pays se doit de vivre avec ses propres valeurs et donner un sens historique au développement de celles-ci. Nul ne peut être poursuivi pour le fait d’avoir exprimé ses opinions dans le respect de la loi. Et le mal que Nicolas Kazadi ancien ministre des finances avait dénoncé devait par contre servir à la justice d’enquêter sur ses propos qui sont durs et qui indiquent que les finances publiques sont gérées dans une grande opacité car la classe politique se donne d’abord des droits avant d’accomplir ses devoirs. Il ne s’agissait pas comme certains l’ont dit devait s’attaquer au président de la république, mais par contre d’éveiller son administration à cette dichotomie pour qu‘elle s’arme des moyens de correction. Pour les personnes intègres et non passionnées dans leur analyse il suffisait simplement d’observer les grands agrégats de notre budget national pour se rendre compte du fait que sa grande partie est consacrée aux rémunérations et non aux investissements. Nous le savons et nous trouvions cela normal ? Comment des congolais de battent juste pour avoir un matricule de la fonction publique juste pour avoir droit à des salaires même sans jamais travailler ? Combien le ministre de la fonction publique est dans une difficulté permanente pour maîtriser les effectifs des fonctionnaires ? Combien au fil des années des commissions ad hoc s’épuisent devant les cas des fictifs ? Combien des listes sont gonflées quand il s’agit d’énumérer pour la paie les listes de nos forces de la sécurité et de défense ? Ce mal est profond, il est consubstantiel de la vision que l’on se fait des fonds publics. C’est un atavisme qui colle à la classe dirigeante mais qui s’est propagé dans toute la fonction publique. L’épargne nationale, les impôts et autres ressources mobilisées servent en premier au paiement de ceux qui se sont organisés pour être sur les listes des ayant droits et non pour faire avancer les projets communautaires. 

Les députés l’ont compris, ils sont allés au-delà de la personne de l’honorable Nicolas Kazadi pour arriver à une conviction on suppose que le moment est venu de se regarder en face et d’affronter notre propre image sans cacher la poussière sous le tapis. Le détournement ne concerne pas que les fonds des projets, il est aussi dans le salaire que vous prenez sans travailler, dans les listes des fictifs que vous alignez et touchez de manière non intègre. C’est tout cela qui constitue la trame du drame national que l’ancien argentier a voulu mettre à la conscience de tous. L’assemblée nationale vient d’envoyer un signal fort sur le début d’une réforme à opérer concernant la Philosophie générale qui doit entourer l’approche des finances publiques et la manière dont celles-ci sont perçues par les congolais. Pour Sam Bokolombe la décision de l’Assemblée nationale est conforme  à la justice et à la morale : « L’issue parlementaire de l’affaire Nicolas Kazadi suite au réquisitoire du Pg/Cass me paraît juste et conforme à la morale. L’ex-ministre des finances en a peut-être dit trop énervant la déontologie des hauts fonctionnaires, mais sans violer la loi pénale. En autoriser l’instruction judiciaire aurait donné l’impression d’un règlement de compte à l’encontre d’un membre d’une organisation criminelle ayant enfreint l’omerta. ».

Un chantier est à l’œuvre, c’est celui de la restauration de la dimension morale et éthique du fonctionnaire de l’état qui doit élever son niveau d’intégrité comme socle du changement qualitatif .

Adam Mwena manda

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