Au cœur des paysages verdoyants du Rwanda, un drame silencieux se joue, un drame où les fondements mêmes de la structure familiale sont mis à mal. Les jeunes, autrefois considérés comme l’espoir d’une nation renaissante, sont aujourd’hui arrachés à leur foyer pour être envoyés vers une mort certaine dans les conflits du voisinage, principalement en République Démocratique du Congo.
Ce phénomène troublant, loin d’être un simple incident isolé, est le résultat d’un système qui privilégie les intérêts personnels des autorités du régime de Paul Kagame au détriment de la vie et des rêves de sa jeunesse. Pour comprendre cette tragédie contemporaine, il est essentiel de revenir sur l’histoire tumultueuse du Rwanda et de la création du Front Patriotique Rwandais.
Le pays a été le théâtre d’un génocide en 1994, qui a décimé une grande partie de sa population et laissé des cicatrices indélébiles. Dans les années qui ont suivi, le régime mono-ethnique de Paul Kagame a été acclamé pour sa capacité à ramener la stabilité et à relancer l’économie. Cette façade de succès cache pourtant un coût humain inacceptable qui n’est toujours pas mentionné dans les discours officiels.
Notamment la répression sanglante des voix dissidentes, les assassinats à l’étranger et l’utilisation des jeunes comme instruments de guerre. Le régime de Paul Kagame a développé une tactique inquiétante pour maintenir son pouvoir. Les jeunes, souvent désillusionnés et en quête de meilleures opportunités, sont recrutés sous prétexte de défendre la patrie ou de participer à des missions de paix.
Cependant, la réalité est tout autre. Beaucoup sont envoyés en RDC, où ils sont confrontés à des conditions de vie inhumaines et à des conflits armés incessants. Ces jeunes, arrachés à leur foyer, perdent non seulement leur vie, mais aussi leur dignité, leur identité et leur avenir. La séparation des jeunes de leurs familles a des répercussions profondes sur la structure familiale au Rwanda.
Les parents, souvent impuissants face à cette réalité, sont laissés dans un état de désespoir. Les mères, en particulier, vivent un chagrin immense, sachant que leurs enfants sont envoyés à la mort pour des raisons qui leur échappent. Cette déchirure familiale engendre des dynamiques de souffrance, de colère et de ressentiment qui se transmettent de génération en génération.
Les foyers qui étaient autrefois des refuges de chaleur et de soutien deviennent des lieux de solitude et d’angoisse. Les jeunes sœurs et frères grandissent en l’absence de modèles, et le tissu social qui unit les communautés se désagrège lentement. Les valeurs traditionnelles de solidarité et de soutien mutuel sont remplacées par la méfiance et la peur mais aussi des complexes.
Derrière cette tragédie humaine se cachent des intérêts personnels. Le régime de Paul Kagame, en envoyant les jeunes au front, cherche non seulement à renforcer son pouvoir militaire, mais aussi à détourner l’attention des problèmes internes. Les ressources qui pourraient être investies dans l’éducation, la santé ou le développement communautaire sont plutôt utilisées pour alimenter la mort des jeunes rwandais.
Tout est fait pour un appareil militaire qui sert avant tout les intérêts d’un petit groupe au pouvoir. Ce phénomène exacerbe les inégalités et laisse des millions de Rwandais dans la pauvreté. Il est impératif que la communauté internationale prenne conscience de cette crise silencieuse. Le Rwanda, souvent présenté comme un modèle de développement en Afrique, doit être confronté à la réalité de sa politique intérieure.
Les jeunes ne doivent pas être sacrifiés sur l’autel des ambitions personnelles de ceux qui détiennent le pouvoir. La restauration du tissu familial et la protection des droits des jeunes doivent devenir une priorité, non seulement pour le Rwanda, mais pour le monde entier. C’est ce qui n’est pas assez dit dans les récits officiels sur le pouvoir de Paul Kagame qui est tout de même un des acteurs majeurs d’un génocide.
L’avenir du Rwanda dépend de sa capacité à préserver ses valeurs familiales et à protéger sa jeunesse. Ce n’est qu’en mettant fin à cette exploitation tragique que le pays pourra véritablement avancer vers un avenir de paix, de prospérité et de dignité pour tous ses citoyens. La communauté internationale ne peut indéfiniment continuer à faire les yeux sur les agissements d’un homme sur qui pèsent les assassinats de 4 présidents africains et 13 millions de civils en 31 ans.

Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR