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L’année 2024 tend à sa fin. Elle se termine comme elle avait commencé pour la région des Grands Lacs : la RDC et le Rwanda sont toujours en conflit. La paix durable et véritable semble loin. Et tout porte à croire que l’année 2025 va s’ouvrir sur la même atmosphère. Bien que les deux pays semblent abandonner l’idée d’une confrontation directe, mais le conflit entre ces deux pays perdure, malgré les apparences d’une avancée vers la paix à travers les négociations pilotées par le président angolais João Lourenço. Au milieu de la semaine dernière, les affrontements ont repris entre les rebelles du M23 et l’armée Congolaise. La région oscille entre cessez-le-feu et combats. Dans cette succession des affrontements sporadiques, les populations civiles sont condamnées à l’errance, fuyant la violence des combats.
Les affrontements ont été enregistrés dans le territoire de Walikale et Masisi dans le Nord-Kivu.

Le Vice-Premier Ministre en charge de la Défense Nationale Guy Mwadyamvita a fait savoir que « l’armée rwandaise et le M23 » ont posé des actes de « provocations ». « Ils ont été butés à la résistance farouche des Forces Armées de la République Démocratique du Congo qui, à l’occasion, ont reconquis et contrôlent jusqu’à ce jour l’ouest de la localité de Peti et son pont sur la rivière Luhulu dans la province du Nord-Kivu », a ajouté le vice-premier ministre de la défense. Au milieu du mois de novembre en cours, le M23 et l’Alliance Fleuve Congo ont procédé à des nominations, mettant en place une administration composée des chefs des territoires qu’ils ont conquis jusqu’ici. Le gouvernement Congolais dénonce la mise en place d’une administration parallèle. Cet acte procède de « la volonté affichée de procéder à l’épuration ethnique », a déclaré Jacquemain Shabani, Vice-premier ministre de l’Intérieur et Sécurité qui accuse le Rwanda d’agir sous couvert du M23 en plaçant des autorités administratives après avoir nommé des autorités coutumières.

La tension est loin de retomber. En RDC, plusieurs se demandent à quoi servent les pourparlers de paix si sur le terrain les populations continuent à subir les affres de la guerre. Le cessez-le-feu mis en place depuis début août de cette année est vu comme un « attentisme » qui ne favorise pas la RDC et son armée. « Il y a une préoccupation dans cette sorte d’attentisme de l’armée Congolaise qui se résigne dans la défensive comme si elle se contenterait des ruses de la diplomatie et de la rhétorique politique, en observant le cessez-le-feu au moment où l’ennemi continue à conquérir des localités », a écrit Nicaise Kibel Bel, un expert des questions sécuritaires.
Sur le terrain diplomatique et politique, les négociations du mois d’octobre entre le Rwanda et la RDC ont fait naitre un espoir d’un début de paix. Kigali et Kinshasa ont même lancé à Goma, à l’Est de la RDC, un nouveau mécanisme pour faire le suivi de la paix. Mais aux yeux de certains, le plus grand blocage n’a pas été levé. Pour les autorités de Kinshasa, après les négociations du 12 octobre, le plan harmonisé qui avait été mis en place prévoyait une simultanéité entre la neutralisation des FDLR, (ces combattants d’origine rwandaise accusés d’avoir perpétré le génocide au Rwanda) et le retrait des troupes de l’armée rwandaise que plusieurs rapports affirment qu’elles se trouvent au Congo aux côtés du M23.

La première ministre congolaise Judith Suminwa s’était réjoui en affirmant le 17 octobre à Bruxelles que, « pour la première fois, le Rwanda a accepté de présenter un plan de retrait pour plus de 4000 militaires ». Aussitôt, le Rwanda a démenti. Olivier Nduhugirehe, ministre rwandais des affaires étrangères a même dénoncé les propos « dénués de tout fondement ». Le ministre rwandais a affirmé qu’un tel engagement ne figure nulle part dans les discussions tenues le 12 octobre lors de la cinquième réunion ministérielle de Luanda. Le malentendu remet à la case départ les difficultés pour avancer dans la recherche de la paix. L’équivoque s’est installé autour de l’interprétation des concepts clés lors des pourparlers de paix le 12 octobre. Le plan harmonisé sur lequel le Rwanda et la RDC s’étaient accordés, reposait sur deux concepts : « la neutralisation des FDLR » pour la RDC et « la levée des mesures défensives de l’armée rwandaise » pour le Rwanda. L’ambiguïté est dans l’interprétation du concept de « la levée des mesures défensives de l’armée rwandaise ». Le quiproquo sémantique mériterait une autre réunion entre experts des deux pays avant d’envisager d’avancer véritablement une compréhension commune de termes-clé des pourparlers.

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