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C’est un moment tout particulier de l’histoire économique de la République Démocratique du Congo (RDC). C’est pour la toute première fois de voir un produit minier, en l’occurrence le germanium, raffiné sur place par une entreprise 100% Congolaise et par la main-d’œuvre Congolaise avant d’être expédié à l’étranger, plus précisément au Royaume de Belgique. Une aubaine pour la para-publique Générale des Carrières et des Mines (GÉCAMINES SA), maison mère et propriétaire à 100% de la Société pour le traitement du Terril de Lubumbashi (STL), qui voit là les bénéfices de sa filiale multipliés par cinq (5). Moment particulier de l’histoire mais aussi unique moment de l’histoire car, c’est pour la première fois où le germanium part du Congo. Alors en quoi ce moment est-il unique ? Il est unique d’abord par l’importance que revêt ce minerai, le germanium.

En effet, ce métalloïde rare et plus qu’un simple matériau, il est la clé des technologies de pointe dans les secteurs militaire, aérospatial ou encore les télécoms. Le germanium est au cœur des innovations qui façonnent le futur. Il alimente les cellules solaires de satellite, les systèmes de vision nocturne pour la défense et garantit la transmission rapide des données via la fibre optique.
Après le cobalt, le cuivre, le coltan, l’or, le diamant et bien d’autres minerais, voilà la première expédition, mais l’un des minerais les plus recherchés au monde.

Cette expédition est un moment unique aussi parce que pendant 20 ans, dans cette mine-là, l’ex Fleuron de l’économie nationale, la GCM, produisait de l’alliage que l’on envoyait en Chine avec le cuivre, le cobalt et le zinc. C’est là-bas qu’il faisait la séparation, ce qui diminuait considérablement les revenus. Cette fois-ci et c’est cela la révolution apportée par le nouveau management de la GÉCAMINES SA piloté par M. Guy-Robert Lukama Nkunzi, ci-devant Président du Conseil d’administration, et M. Placide Nkala Basadilua, Directeur Général, dont on doit être fier aujourd’hui, même s’ils l’ont fait après beaucoup de reproches justifiées sur la GÉCAMINES SA qui devenait de plus en plus une entreprise de rente et ne vivant que grâce aux pas-de-porte et des participations dans plusieurs joint-ventures.

Force est de reconnaître et de saluer le fait que c’est entièrement sur place avec sa filiale STL dont la cheminée domine le ciel de la capitale cuprifère Lubumbashi, également chef-lieu de la province du Haut-Katanga, que l’on produit ce concentré de germanium qui a pris la route le week-end dernier, destination la grande usine métallurgique de la société UMICORE en Belgique.

Plus de 50 millions USD investis dans la production du Germanium

Et autre révolution, autre nouveauté notable, pour passer du brut d’hier au concentré d’aujourd’hui, il a fallu investir plus de 70 millions de dollars américains. Des fonds qui, choses très rares cette fois-ci, sont venus entièrement du Congo.

Des sources proches de son management, citées par AFO Media, nous apprenons que la GÉCAMINES a apporté plus de 50% en fonds propres de ce montant et quelques banques locales ont apporté le reste. Chose exceptionnelle car, la GÉCAMINES n’a pas eu recours auprès de ses partenaires ou créanciers traditionnels.

 » Et cette transformation sur place au Congo, à Lubumbashi, multiplie aussitôt les prix par cinq. On a donc un effet multiplicateur qui est de 5 fois plus  », ont ajouté les mêmes sources.

Il faut dénoncer les méfaits lorsque c’est nécessaire pour le changement de paradigme et féliciter aussi les bons actes de gestion qui augurent des lendemains meilleurs lorsque le travail est bien fait. C’est ça aussi le rôle attendu de la presse.

La tonne de germanium coûte 2,2 millions sur le marché, la production mondiale étant de 180 tonnes

La GÉCAMINES SA, s’inscrivant en droite ligne de la nouvelle Vision du Président Félix Tshisekedi, dans le secteur minier pour son second quinquennat, peut maintenant produire du concentré de germanium titré à 0,5%. Et c’est une véritable révolution parce que, figurez-vous, toute la production mondiale de germanium que l’on ne retrouve que dans trois (3) pays au monde à savoir, la Russie, la Chine et la Mongolie intérieure n’est que de 180 tonnes. La RDC va compter sur ce marché des métaux stratégiques, pour 30 tonnes. Une manne considérable lorsque l’on sait que la tonne de germanium sur le marché vaut 2,2 millions USD. Faites les calculs pour les recettes attendues par le Trésor public !

Pour l’instant, le prix du germanium sur ce marché s’excite et risque de grimper encore parce que, en raison de l’intensification de la guerre commerciale et industrielle entre les États-Unis d’Amérique et la Chine, Pékin a décidé de ne plus vendre son germanium au pays de l’Oncle Sam. Une réponse aux restrictions de sanctions imposées par Washington à la technologie chinoise. Ceci signifie donc que la RDC subira une fois de plus des pressions venant des puissances industrielles dominantes pour le contrôle ou l’achat de ce métal critique (pour les acheteurs) ou minerai stratégique (pour le producteur). Il en est de même pour les autres minerais dont le cuivre, le cobalt, le lithium, le coltan, pour ne citer que ceux-ci.

Ce premier pas de la RDC dans l’exportation du germanium renforce son rôle incontournable sur la scène mondiale. Encore une fois, la RDC est au centre des convoitises pour le lancement des fusées, des satellites dans le monde et autres technologies qui demandent des approvisionnements massifs pour se constituer des réserves en germanium.

Pour fabriquer les téléphones portables, les drones que l’on utilise, les producteurs ont grandement besoin de ce germanium. Ainsi la RDC, le cœur de l’Afrique, confirme encore son statut de coffre-fort des ressources stratégiques et de pays-solution à la transition énergétique et au réchauffement climatique mondial. A nous de profiter de ce statut pour diversifier notre économie car, les métaux stratégiques ne sont pas éternels. Ils s’épuisent ! Qu’on se le dise !

Il sied de rappeler que depuis de nombreuses années, la STL exploite les 14 millions de tonnes de scories contenant les métaux du Terril de Lubumbashi – accumulées au cours d’un siècle d’activité minière – pour en extraire du zinc, de l’argent, du cobalt, du cuivre et du germanium et les vendre sur le marché.

Auparavant, le germanium de la STL entrait sur le marché par l’intermédiaire de raffineurs tiers situés en dehors de la RDC. La STL en extrait désormais elle-même et à l’intérieur du pays la valeur générée par les matériaux miniers de la RDC en optimisant la valorisation des concentrés de germanium de  » Big Hill  » grâce à sa nouvelle installation hydro-métallurgique mise en service en 2023. Pour ce faire, elle bénéficie du soutien d’UMICORE en tant que partenaire technologique.

Les premiers volumes d’essai de concentrés de germanium devraient être raffinés par Umicore au cours de ce dernier trimestre 2024, suivis d’une accélération des capacités d’extraction de germanium de la STL.

Pour UMICORE, selon les termes de l’accord conclu avec la GÉCAMINES, en mai 2024, cette convention la permettra de diversifier ses sources d’approvisionnement en germanium grâce à la garantie d’un approvisionnement pluriannuel de volumes substantiels.

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