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« L’Afrique pourrait augmenter son PIB d’au moins 24 milliards de dollars par an et créer 2,3 millions d’emplois en introduisant des politiques manufacturières et commerciales qui lui permettraient d’extraire davantage de valeur du commerce en plein essor des minerais de transition ». C’est l’une des conclusions du dernier rapport du réseau Publish What You Pay (publiez ce que vous payez).

Ce réseau, composé de plus d’un millier d’organisations de plus de 50 pays, fait campagne pour une transition juste vers un avenir énergétique plus équitable et plus propre. Dans son rapport, Publish What You Pay note que « l’Afrique abrite plus de 40 % des minéraux tels que le cuivre, le lithium et le nickel, utilisés dans la production de technologies d’énergie renouvelable. La République démocratique du Congo (RDC) détient à elle seule 60 % des réserves mondiales de cobalt, un minerai utilisé pour fabriquer des batteries lithium-ion ».


Au moment où le monde occidental, l’Union Européenne, notamment, a fixé le délai de l’année 2050 pour abandonner totalement les énergies fossiles et ainsi passer à une économie totalement décarbonée, Publish What You Pay indique que le passage vers les énergies propres constitue une aubaine à exploiter pour le continent noir. Adam Anthony, président du comité directeur Afrique de Publish What You Pay, a estimé qu’il « existe une énorme opportunité inexploitée pour les minerais de transition, non seulement pour permettre la transition vers l’énergie propre au niveau mondial, mais aussi pour créer des emplois et développer l’économie durable en Afrique ».

Adam Anthony a exhorté les dirigeants africains à « travailler ensemble pour développer une politique industrielle coordonnée qui permette d’ajouter plus de valeur dans le pays, et pour renforcer les chaînes d’approvisionnement en technologies d’énergie propre sur le continent ». Publish What You Pay exhorte les dirigeants africains à « collaborer pour mettre en place des politiques industrielles qui encouragent la transformation et la fabrication sur le continent ».

En République démocratique du Congo, le président Félix Tshisekedi, a, à l’occasion des 30 ans du forum Mining Indaba, en février de cette année, appelé les géants du secteur minier mondial et africain ainsi que des dirigeants africains et mondiaux à exploiter les ressources géologiques du Congo, qui ne sont pas totalement exploitées. « Le secteur minier congolais peut et doit devenir un levier vertueux de notre développement économique et social », avait déclaré le chef de l’Etat Congolais, avant d’ajouter, que « la RDC possède 1.100 différentes substances minérales ». « Le pays est incontournable dans le monde », avait commenté Tshisekedi. Selon lui, « toute révolution énergétique doit compter sur la RDC ». « Nous allons changer la réalité en mettant en place des accords mutuellement bénéfiques à tous les partenaires et avant tout au bénéfique du bien-être du peuple congolais », avait-il indiqué.

La RDC regorge à elle seule plus 70 % du coltan mondial et plus de 60 % du cobalt au monde. Le pays regorge également des gisements de lithium, du germanium, de la cassitérite, du tungstène, du zinc, des terres rares… D’où le surnom de « scandale géologique » donné par les belges à la RDC. Un ancien ministre des mines au Congo, Martin Kabwelulu affirmait d’ailleurs que la prospection du sous-sol Congolais n’avait été faite qu’à 20 pourcent seulement, du temps de la colonie belge.

C’est en raison de ces ressources naturelles, entre autres, que les autorités Congolaises ont surnommé le Congo, ‘’pays-solution’’. Selon un récent rapport du ministère des Mines en RDC, le Congo a produit 140 milles tonnes de cobalt et 2,84 millions de tonnes de cuivre en 2023. Avec ce volume de production, la RDC est devenue le deuxième producteur mondial du cuivre. Le Congo a détrôné plutôt que prévu le Pérou en tant que deuxième producteur mondial du cuivre, car une étude réalisée aux Etats-Unis d’Amérique prévoyait que cette éventualité arriverait entre 2026-2027. En RDC, bien que la loi minière interdit toute exportation des matières à l’état brute, ces millions de tonnes des minerais sortent du pays sans être transformés. Pour les experts « la transformation au niveau national du cuivre, du cobalt et des autres minerais constitue la clé de l’industrialisation et du développement ».

Selon Marit Kitaw, directrice intérimaire du Centre africain de développement des minéraux, une agence de l’Union africaine, l’étude faite par Publish What You Pay « montre que la valeur ajoutée doit devenir la pierre angulaire de notre approche. En transformant nos matières premières localement, nous pouvons créer des industries durables, stimuler la croissance économique et mener la transition mondiale vers un avenir plus vert et plus résilient ». « Pour faire de l’Afrique un leader de l’économie verte mondiale, nous avons besoin d’une approche coordonnée. Telle est la vision de la future stratégie africaine des minéraux verts et du Centre africain de développement des minéraux », a également noté Marit Kitaw.

L’Afrique possède d’importantes ressources naturelles, mais une stratégie coordonnée pour faire fructifier ces ressources pour le continent noir manque cruellement. Le réseau Publish What You Pay conseille aux pays africains de « travailler ensemble pour traiter, raffiner et fabriquer des minéraux de transition énergétique sur le continent, en se spécialisant dans les parties de la chaîne de valeur où ils sont les plus compétitifs ». Pour l’instant, malgré leur intention de s’unir et d’approfondir l’intégration à travers les ensembles régionaux, les pays africains peinent à intensifier les échanges commerciaux et ainsi créer des opportunités d’affaires. Dans son rapport, le réseau Publish What You Pay s’en remet aussi à l’Union Africaine et aux blocs régionaux pour « jouer un rôle central dans la promotion du commerce intra-régional et de la cohésion économique ».

« En transformant les minéraux et les produits issus des énergies renouvelables dans leur pays, les nations africaines peuvent améliorer l’accès à l’énergie propre pour leurs citoyens et tirer davantage de revenus des exportations », lit-on dans ce rapport.

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