Considéré comme le vrai rempart, ayant fermé la route à l’expansion du terrorisme dans la région d’Afrique centrale, Idriss Deby Itno est décédé au début de cette semaine. Son clan garde le pouvoir avec le général Mahamat Idriss Deby, fils du défunt président, qui est à la tête de la junte au pouvoir. Les nouveaux maîtres de Ndjamena font néanmoins face à une grande pression aussi bien au niveau politique, avec l’opposition qu’au niveau militaire avec l’arrivée prochaine (probablement) des rebelles du FACT ( force pour l’alternance et la concorde au Tchad), ces mêmes rebelles qui auraient tiré fatalement sur le maréchal Deby.
Il est donc probable que les jours qui viennent, vont être chahutés au Tchad, pays où « le passage au pouvoir se fait par la Kalachnikov », a dit à Géopolis Hebdo, Nicaise Kibel Bel Oka, spécialiste congolais des questions militaires et sécuritaires. Nicaise Kibel nous explique, à chaque fois, le schéma géopolitique dominant est que le tombeur du pouvoir à Ndjamena doit être aidée par la Libye et/ou, surtout, par le Soudan. Cette fois-ci, les rebelles du FACT viennent de la Lybie où ils ont établi leur base arrière.
En cas d’un basculement du pouvoir au Tchad, la région d’Afrique centrale pourra-t-elle être livrée à la montée du djihad ? En cas de la montée de la rébellion, que feront les guerriers musulmans de la tribu Zhagawa à laquelle appartenait Deby Itno ? Le terrorisme qui tend à installer son califat en République centrafricaine ou en RDC va-t-il sauter sur l’occasion ? Chacun sait que la chute de Mouammar Kadhafi a occasionné la circulation à grande échelle des armes dans le Sahel, faisant de cette partie de l’Afrique une poudrière. Aujourd’hui, plusieurs pays au sud du Sahara subissent le contre-coup du désordre lybien.
Kibel Bel fait remarquer que la RDC se débat déjà avec la question des Mbororo, ces combattants centrafricains qui font des incursions en République démocratique du Congo. En plus de ces combattants, il y a aussi des hommes armés du Sud-Soudan qui pénètrent le Congo au niveau du parc de la Garamba pour trouver des cachettes au Congo-Kinshasa, ajoute l’auteur du livre » l’avènement du djihad en RDC ». Tous ces pays ont une copénétration à leur niveau sécuritaire. Le Tchad s’ouvre sur la Lybie et le Soudan, le Niger le Cameroun et la Centrafrique. Il y a donc une copénétration des questions sécuritaires entre ces pays. « Il y a à craindre qu’il y ait des étincelles », note Kibel Bel. Une déflagration pourrait redistribuer les cartes. On ne sait pas comment les choses pourront se passer avec les rebelles du FACT qui arrivent.
Patrick Ilunga

Journaliste intéressé par les grands ensembles régionaux (Comesa, EAC etc), mais aussi intéressé aux questions environnementales et sécuritaires.
E-mail : patilunga35@gmail.com