A peine l’encre avait séché sur l’ordonnance présidentielle nommant les différents ministres, et que cette courte liste fut rendue publique, qu’une montée des réclamations est observée comme un geyser d’eau chaude dans un paysage paisible. Des groupes d’intérêt se sont regroupés autour d’un sentiment commun à savoir : la déception de certains au regard des noms publiés. Ils sont décidés à manifester leur désaccord car estimant pour le groupe de tête que des promesses leur avaient été faites, mais que celles-ci n’ont pas été respectées. Entendre cela dans une république qui souffre des grandes précarités est mal vu par des populations qui espéraient de tout cœur voir dans le changement intervenu, un signe de la providence dans le but d’améliorer leurs conditions de vie. Pendant quelques mois, les tractations ont ouvert une voie de l’espérance dans une population qui se disait que cette fois-ci, c’est la meilleure, nous avons des dirigeants courageux qui vont nous amener vers des rivages de progrès collectif. Mais c’était sans compter avec la versatilité de la classe politique qui est devenue experte en chantage politique.

Plusieurs de ceux qui espéraient une place au gouvernement et qui sont des leaders confirmés ont pris acte de cette nouvelle donne et savent que la roue tourne et que d’autres occasions de servir vont se présenter. Ils sont pour la plupart des hommes de conviction qui se sont construits dans le feu des épreuves de la vie publique et de l’apostolat des actions en faveur des masses laborieuses. Mais à côté de ce groupe, se sont manifestés d’autres surtout ceux dont c’est la première élection, le premier mandat. Ils se sont engagés dans le combat du déboulonnage avec l’espoir de modifier leur propre situation par une place au gouvernement. Mais vu le grand nombre de cette catégorie, ils savaient que cela serait difficile d’accéder au gouvernement car des arbitrages étaient nécessaires, mais chacun d’eux nourrissait l’espoir légitime que ce soit lui qui reste après nettoyage. Et voilà que la liste est publiée et c’est la messe des frustrations et tout de suite les menaces. Face à cette situation qui risque de dégénérer, l’union sacrée doit puiser dans ses forces résiduelles pour réaliser son unité et surtout se structurer pour permettre à ces membres de trouver des créneaux valables pour exprimer leur ambition personnelle. Au niveau de la population, il est attendu de la nouvelle majorité de jouer sur sa vocation de groupe de puissance transformatrice. Le peuple qui soutient le Chef de l’Etat attend de voir ses équipes manifester leur génie d’organisation et non se donner en spectacle au nom des promesses reçues et des ambitions personnelles parfois démesurées. A ce stade, le Chef de l’Etat est appelé à faire le rappel des troupes pour garantir une investiture de son gouvernement en dialoguant avec les différentes sensibilités exprimées mais sans oublier que cette démarche doit préserver l’orientation générale des valeurs qui fondent l’union sacrée.

Robert Tanzey

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