«Je réitère mon appel urgent pour la réforme du Conseil de Sécurité des Nations Unies, afin de rendre cet organe plus transparent, plus démocratique et plus représentatif de la composition de notre organisation. Depuis plus d’une décennie, nous rappelons chaque année l’injustice criante que subit le continent africain dans sa représentation tant au sein du Conseil de Sécurité que dans différentes organisations internationales qui composent le système des Nations Unies. Le sentiment de frustration qui laisse une quasi-indifférence face à cette évidence, participe à l’accentuation des frustrations sociales et populaires qui aboutissent parfois à des épisodes de violence dans de nombreux pays. » Ces paroles du Président Félix Tshisekedi à l’occasion de l’Assemblée générale des Nations Unies, sont en réalité un noble combat porté par le chef de l’État Congolais afin de faire entendre la voix de l’Afrique dans le concert des Nations. Pour le Président Tshisekedi, l’Afrique mérite d’être considérée et mérite d’être mieux traitée.
Le nouveau leadership que le chef de l’État Congolais veut imprimer au continent noir, va encore être boosté dans les mois à venir lorsque, en 2021, le successeur de Joseph Kabila occupera la présidence de l’Union Africaine.
Mais à y voir de plus près, on se demande si ce que subit l’Afrique, elle ne le mérite pas. Pour qui connait le fonctionnement des organisations du système des Nations Unies et des organisations internationales en générales, le poids politique, le poids diplomatique et surtout le poids économique sont souvent proportionnels à l’importance et l’influence que peuvent exercer les pays sur les organisations des Nations Unies. Si à l’Assemblée générale de l’organisation des Nations Unies, chaque État, quelle que soit sa taille, occupe un siège et a, par conséquent une voix, cela est simplement parce qu’il faut donner l’illusion de l’égalité au sein de l’ONU, organisme censé être le plus juste par excellence. Ce semblant d’égalité se limite là. Dans les autres organismes du système des Nations Unies, ce sont les plus grands contributeurs qui influent sur la politique générale et l’orientation à suivre. Cela est le cas déjà dans les institutions de Bretton Woods ( Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale), cela est vérifiable aussi dans toute la constellation des organismes du système des Nations Unies.
Lorsque les États-Unis d’Amérique avaient annoncé, avec grande assurance, leur intention de quitter l’organisation mondiale de la santé, cette structure avait dû se faire du souci. Le pays de Donald Trump contribuent, en effet, à hauteur de 900 millions de dollars chaque année dans cet organisme.
Sans pour autant vouloir pointer la responsabilité des autres, l’Afrique doit se demander quelle est sa contribution au commerce international, à la marche de l’économie internationale et à la marche du monde, au point de vue de la recherche, de la science, par exemple.
Alors que ailleurs, les débats sont tournés autour de la conquête spatiale, l’exploration de la planète Mars, l’exploration de la lune, la création de véritables industries pour porter le développement, en Afrique le débat qui est en vogue c’est autour des coups d’États, des tripatouillages des élections, des mandats présidentiels sans fin, de xénophobie, du tribalisme, séparatisme, etc.
L’image des pays africains qui se font la guerre entre eux joue contre les causes du continent noir.
L’Afrique est encore le grand malade du monde auquel il faut tout le temps apporter de l’assistance. L’infantilisation de l’Afrique n’a jamais été aussi prégnante qu’aujourd’ hui.
Le Conseil de Sécurité est le lieu où l’on se regarde d’égal à égal. L’Afrique qui tend la main, pleurniche et quémande pour que que « la fameuse communauté internationale » assure sa sécurité n’est pas encore digne du Conseil de Sécurité, en tant que membre permanent. Sinon, on peut s’interroger comment le Continent noir peut poser un veto à un projet porté et défendu par les États-Unis d’Amérique qui se comportent en père fouettard et en gendarme ?
L’ambition d’intégrer le Conseil de Sécurité est en soit noble, mais il faut y mériter sa place, non pas y être coopté après un lobbying acharné. L’Afrique doit réussir à s’unir, exister sur le plan du commerce international, peser économiquement, politiquement et même militairement afin de faire face aux grands du monde et ainsi parler d’égal à égal.
Il y a bien une vérité que les grands du monde se disent sans le crier haut : » c’est la force qui fait le droit, généralement ».
Patrick Ilunga

Journaliste intéressé par les grands ensembles régionaux (Comesa, EAC etc), mais aussi intéressé aux questions environnementales et sécuritaires.
E-mail : patilunga35@gmail.com