Jamais accord politique n’a été aussi difficile à mettre en place dans l’histoire politique du pays. On pensait que dans ce domaine, la palme a été remportée par l’accord de gouvernance connu sous le nom de 1+4, mais c’était sans connaitre celui qui se présente comme un chronophage, car l’accord FCC-CACH peine à offrir au pays un gouvernement depuis plus de six mois de la prise de fonction du Président Felix Tshisekedi. L’illustration la plus parlante de cette impasse est le fait qu’à la dernière manifestation sur la campagne contre la corruption au Kempeski Hotel, il y avait dans le rang des officiels deux Premiers Ministres, Bruno Tshibala qui a déjà présenté sa démission, mais qui ne peut partir tant que son successeur connu Ilunga Ilunkamba n’a pas encore d’équipe investie pour prendre l’effectivité du pouvoir exécutif. Situation épique dans une république des innovations politiques, car les deux forces aux commandes de la nouvelle coalition prennent du temps pour se mettre d’accord sur l’essentiel de leur entente et ce temps est sur celui irrécupérable des tâches à accomplir pour aborder des questions qui handicapent aujourd’hui la vie des millions des congolais.

Il est vrai qu’il y a eu un frémissement dans l’espace national avec le programme d’urgence des 100 jours du chef de l’Etat, mais ce frémissement risque de s’arrêter si des actions de longue haleine ne sont pas arrimées aux urgences. Et pourtant les têtes couronnées de ces deux familles sont les premières concernées par la mise en place rapide d’un gouvernement qui soit responsable devant l’Assemblée Nationale et qui puisse aborder les questions de fond. Chaque jour qui passe des dossiers se compliquent car aussi disponibles, aussi compétents qu’ils soient les conseillers du chef de l’Etat ne peuvent se substituer à un gouvernement. Il manque l’apport inestimable de l’administration publique pour éclairer l’action politique.

Comment comprendre que des partenaires politiques qui disent être dans une coalition ne revendiquent que l’accord intervenu entre leurs chefs, comme si en dehors du leadership au sommet, aucune autre fraction politique ne peut avancer vers une harmonisation des vues et des ambitions.

Les soldats de deux groupes au sens militant du terme, ont déjà dégainé et se tirent à boulets rouges sur la toile et dans les réseaux sociaux interposés. L’accord FCC-CACH n’a pas été vulgarisé pour devenir une stratégie politique de taille et que chaque personne ayant un pouvoir à son niveau se sente dans l’obligation d’y donner une suite. On constate une mémoire sélective et une amnésie de l’accord chaque fois que l’on doit le voir se matérialiser sur terrain. Par exemple la formation des gouvernements provinciaux, au-delà du poids politique des majorités gagnantes, devait obéir dans leur mise en place à l’accord. Mais comment les différents gouverneurs allaient le respecter s’ils n’avaient devant eux aucun modèle car au niveau central, rien n’est encore fait et les discussions butent à des impasses et à des tergiversations de deux camps qui crient sur le toit qu’ils sont en coalition, mais qui n’hésitent pas sur terrain de se réjouir des erreurs des partenaires respectifs. Les observateurs avertis de notre histoire politique estiment que le FCC et le CACH n’ont pas totalement déposé les armes qu’ils avaient par le passé braqués les uns sur les autres. Comme si cette coalition était qu’une forme de cesser le feu et non une fin d’hostilité au point qu’à la première occasion, ils auraient la démangeaison des batailles.

Les impasses actuelles préfigurent des affrontements de demain et si les acteurs qui se côtoient chaque jour et dont l’ingéniosité se résume à se dresser des pièges, ne voient pas le danger qu’ils font courir au pays, alors on peut craindre que le climat politique né de l’espoir, se transforme en cauchemar. C’est pourquoi la guerre des lieutenants doit laisser place à la rencontre des chefs, car les collaborateurs dans les deux camps ont besoin d’une nouvelle feuille de route pour avancer sinon ils vont s’épuiser dans les diabolisations. En clair une rencontre entre Felix Tshisekedi et Joseph Kabila est nécessaire pour donner à cet accord une chance de continuer à faire rêver les congolais.

Adam Mwena Meji

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