Invité au colloque de haut niveau sur la sécurisation des investissements extractifs dans les zones des conflits, organisé du 8 au 10 octobre 2025 à Kolwezi, le Directeur Général Adjoint du Fonds de Promotion de l’Industrie, Blaise Mastaky Birindwa a exposé sur le thème : « L’actualité politique africaine est-elle un frein pour les investissements dans le secteur extractif ? Leçons tirées de l’expérience congolaise ».
Organisé par le cabinet JUS AFRICA, en collaboration avec le Centre de Recherche Doc & Juris et le cabinet KBB Law Firm SCP, le colloque de Kolwezi a réuni plusieurs experts, juristes, chercheurs et opérateurs économiques autour d’une approche conciliant attractivité des investissements et stabilité dans des contextes souvent fragiles.
Potentiel minier et instabilité politique
Blaise Mastaky a rappelé que la République Démocratique du Congo demeure l’un des pays les plus convoités au monde à cause de ses ressources minières : cuivre, cobalt, lithium, diamnant, or, coltan, étain, etc. Ce potentiel fait rêver les investisseurs mais suscite aussi des craintes en raison de la volatilité du contexte politique africain, souvent perçu comme un facteur de risque.
L’expérience congolaise montre que l’instabilité, les changements brusques des politiques minières, fiscales et les tensions locales peuvent freiner les investissements. Mais, une gouvernance responsable peut transformer la politique en moteur de croissance. Dans son intervention, le DGA a identifié de nombreux facteurs qui expliquent la frilosité de certains investisseurs. Parmi ces facteurs, on note l’instabilité institutionnelle et juridique, les tensions communautaires et la perception internationale.
Les modifications fréquentes des codes miniers, parfois liées aux cycles électoraux ou aux changements de la majorité, créent une imprévisibilité. Pourtant, l’investisseur cherche avant tout l’assurance et la stabilité même dans un environnement à risque. Ce qui freine les investissements, ce n’est pas la pauvreté ou le manque d’infrastructures, mais le sentiment que les règles du jeu peuvent changer du jour au lendemain.
En RDC, plusieurs sites miniers se situent dans les territoires fragiles où les populations ne bénéficient pas toujours directement des retombées économiques. Ce décalage alimente parfois des conflits communautaires ou des actes de sabotage qui affectent la réputation du pays et renchérissent les coûts d’exploitation.
La perception internationale reste un obstacle de taille
La RDC, comme d’autres pays africains, souffre souvent d’un déficit d’image, note Blaise Mastaky. Les médias étrangers mettent davantage l’accent sur les crises politiques ou sécuritaires que sur les progrès accomplis. Or, cette perception pèse lourdement sur les décisions des investisseurs.
Leçons de l’expérience congolaise
S’appuyant sur l’évolution institutionnelle du pays au cours de ces deux dernières décennies, le DGA Mastaky a enregistré plusieurs enseignements positifs issus de l’expérience congolaise. Première leçon: la stabilité politique se construit. Malgré les tensions électorales ou les défis sécuritaires persistants à l’Est, la RDC a réussi à maintenir une trajectoire institutionnelle continue. Les transitions démocratiques, même imparfaites, rassurent les investisseurs. Les institutions tiennent et le pays avance. Deuxième leçon : la réforme du cadre juridique. Le code minier congolais, révisé en 2018, bien qu’ayant suscité des débats, a introduit des mécanismes de redevabilité et de partage des bénéfices mieux encadrés. Cette évolution a contribué à rendre les relations entre l’État, les entreprises et les communautés plus transparentes. Troisième leçon : l’intégration des communautés locales. La paix sociale autour des projets extractifs passe par la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Les populations doivent bénéficier des projets via l’emploi, les infrastructures sociales et les programmes de développement. « L’investissement qui exclut les habitants est un investissement condamné à l’instabilité », a indiqué l’orateur.
De la dépendance à la diversification
Au-delà des réformes, le DGA du FPI a insisté sur la diversification économique. La RDC doit sortir du modèle extractif pur pour investir dans la transformation locale, la création des chaînes de valeurs et l’innovation industrielle. Le FPI s’inscrit dans cette dynamique et soutient les projets locaux de transformation, les PME industrielles et les initiatives technologiques. En renforçant le tissu industriel national, on réduit la vulnérabilité face aux chocs politiques et aux fluctuations du marché mondial des minerais.
Une gouvernance responsable est une garantie de confiance
Blaise Mastaky appelle à une gouvernance responsable comme pilier d’attractivité durable. Il invite les gouvernements africains à transformer leurs contraintes en opportunités. « La stabilité recherchée par les investisseurs ne se décrète pas. Elle se construit au quotidien à travers la transparence, la continuité des politiques publiques et le respect des engagements. Quand un État respecte sa parole, les investisseurs restent. Quand il change de cap à chaque saison politique, ils s’en vont », a déclaré le DGA du FPI. Un tel message résonne comme une exhortation à la responsabilité collective.
Dans un continent où l’abondance des ressources contraste avec la pauvreté des populations, Blaise Mastaky Birindwa propose le changement de paradigme. Pour lui, l’Afrique doit cesser d’être un simple fournisseur des matières premières pour devenir un acteur stratégique de transformation mondiale.
Tous les participants au colloque ont salué unanimement l’approche du DGA Mastaky. Elle est équilibrée, lucide et optimiste quant aux perspectives d’avenir. Dans une région où l’extraction minière reste à la fois source des richesses et des tensions, le DGA a rappelé que la politique et l’économie ne s’opposent pas. Elles se soutiennent mutuellement pour bâtir un avenir radieux et bénéfique à toutes les parties.
Geopolis Hebdo avec CCP/FPI