Le secrétaire d’Etat américain est attendu ce jour à Kinshasa, étape importante de sa tournée africaine. L’administration Trump a déjà annoncé les couleurs et le son de sa musique, elle veut nouer un partenariat stratégique avec le Président Félix-Antoine Tshilombo Tshisekedi. C’est d’ailleurs pour cela qu’il est passé par des capitales voisines pour harmoniser avec elles les vues nouvelles sur la donne Congo. Il était à Kampala (Ouganda), à Kigali (Rwanda) et il arrive à Kinshasa (République Démocratique du Congo) sous le soleil d’une nouvelle pax americana. Comment comprendre cette démarche des yankees alors même que jamais la politique étrangère de Washington n’a été aussi complexe que sous Donald Trump ? Les signaux envoyés au monde et particulièrement vers la RDC sont polymorphes et équivoques. Ils sont la manifestation des contradictions actuelles dans l’administration américaine et se transportent sur le champ diplomatique avec comme corollaire, une confusion au sein de leurs partenaires qui ne savent pas sur quel pied danser avec les américains. C’est pourquoi, la nouvelle administration du Président Tshisekedi doit prendre en compte cette démarche géostratégique qui postule d’un contrôle par satellite interposées de tous les sites géolocalisés où sont situés les minerais stratégiques tout au long des frontières de l’Est.
Avec la montée de l’économie numérique, l’importance des métaux rares fait monter les terres congolaises en valeurs absolues à cause de leur potentiel contenu. Il est normal que la première puissance économique au monde se soucie des sources d’approvisionnement et se décide de monter une politique à la carte dans la sous-région des Grands lacs.
Vue sous cet angle, la posture de Washington est fondamentalement commerciale et se projette dans un marketing de conquête des marchés, de la protection des intérêts américains. Mais là où le bât blesse, c’est quand la même Amérique se veut porteuse au même moment des valeurs démocratiques et donne à sa politique un costume humaniste désintéressée.
Pour y arriver, elle s’appuie sur des mécanismes mis en place par les laboratoires néo coloniales fondées sur des méthodes comme les sanctions ciblées avec l’idée de déstabiliser parfois les différents noyaux durs dans les Gouvernements à élan nationaliste et/ou souverainiste.
Tibor Nagy vient en RDC à la tête de ce double mandat, économique et politique et en face de lui, il va trouver un nouveau Président élu, issu de l’Opposition et devant mettre en place une coalition pour gouverner le pays. Il trouve un peuple qui s’est pris en charge pour conduire l’une des transitions les plus spectaculaires car, mettant en phase une Majorité présidentielle, différente de la Majorité parlementaire.
Face aux américains, les congolais ont défini leurs urgences et parmi celles-ci, figurent la réconciliation nationale et la mise en place d’une équipe des décideurs remplis de l’esprit de paix et fiers de servir leur Nation.
Il devrait trouver un Chef de l’Etat qui lui dira que la politique des sanctions n’a jamais payé et honoré le combat des peuples car, cette politique est tributaire des « amitiés » du moment et provoquent des injustices irréparables comme dans le cas de la Cour Pénale Internationale (CPI).
Il sera informé de l’étonnement des congolais qui ne comprennent pas comment peuvent-ils dire que le pays a connu les meilleures élections de son histoire et en même temps, jeter au pilori les acteurs principaux de cette prouesse historique. L’Amérique, première démocratie occidentale, serait-elle devenue la première puissance des contradictions ? Ce sont des questions que se posent les analystes qui estiment qu’à la prochaine étape de l’histoire combinée USA-RDC, il est venu le temps des grands équilibres.
Portant la voix des certaines multinationales, l’Amérique va pousser pour un retour dans certains aspects du nouveau Code minier.
A la tête du pays et porte-voix des masses déshéritées, Félix-Antoine Tshisekedi sait que le pays doit protéger ses acquis obtenus et contenus dans le Code minier. Il sait qu’un retour en arrière serait politiquement suicidaire. Alors, il doit bien manager et savoir que l’Amérique, comme toutes les puissances, ne respecte que le pays qui peut construire une unité autour des objectifs clairs et qui peuvent savoir peser dans la balance.
L’Amérique va venir vendre son implication dans le business des mines et dans la mise en place d’un corridor de sécurité face à la progression des islamistes. Le Congo se doit de vendre son projet de réconciliation car, pour réaliser cette alternance et poser les jalons d’une démocratie durable, il faut éviter la chasse aux sorcières et permettre aux congolais de se pardonner les dérives du passé.
C’est un projet qui se marie politiquement avec la réalité qui impose une coalition gouvernementale. La classe politique, dans son ensemble, est responsable des déboires connus par le pays. C’est pourquoi, elle est obligée par le choix du peuple à réaliser son unité autour des questions majeures et de faire avancer le grand et l’unique agenda congolais, la satisfaction des masses déshéritées et la montée en puissance d’une grande Nation.
Robert Tanzey

Journaliste intéressé par les grands ensembles régionaux (Comesa, EAC etc), mais aussi intéressé aux questions environnementales et sécuritaires.
E-mail : patilunga35@gmail.com