La défaite électorale à la sénatoriale de la formation politique Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), du 15 mars dernier et des manifestations de colère des combattants (militants) du parti présidentiel continuent à monopoliser le débat politique en République Démocratique du Congo (RDC). Face au déferlement de la violence ayant suivi ce mouvement de protestation, quelques élus commencent à libérer leur parole pour condamner la « violation » de l’enceinte du parlement par des partisans présentés comme étant ceux de la formation politique du Chef de l’Etat. Dans une correspondance adressée aux élus nationaux, le député national Jean-Lucien Bussa demande à ses collègues d’adopter une « recommandation condamnant fermement ces actes de violences » perpétrés en violation de la loi.

Jamais une élection des sénateurs n’a suscité autant de passions en République Démocratique du Congo (RDC) depuis la restauration de la démocratie en 2006. Alors que la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) avait publié le résultat provisoire des nouveaux élus qui donnait largement gagnante la plateforme forme Front Commun pour le Congo (FCC) de l’ancien Président Joseph Kabila, les partisans de son successeur Félix Tshisekedi sont sortis en masse dans les grandes villes du pays pour dénoncer la corruption de leurs élus provinciaux. Une protestation qui ne s’est pas faite sans conséquence sur le terrain.

Dans les rues de Kinshasa tout comme celles de plusieurs villes du pays, des mouvements de masses étaient signalés. Si l’épicentre de la contestation était le quartier général de l’UDPS à Limete, d’autres groupes de protestataires étaient visibles dans la cour du parlement national à Kinshasa. Une situation inédite qui n’a pas laissé indifférent l’élu national de Budjala, Jean-Lucien Bussa.

Dans une motion d’information adressée au bureau provisoire de la chambre basse du parlement dont une copie est parvenue à la rédaction de Géopolis Hebdo, l’ancien Ministre du Plan et du Commerce Extérieur dénonce la violation de l’enceinte du parlement par des militants des formations politiques. « Je prends la parole pour porter à l’attention des Honorables Députés, les faits graves perpétrés par les militants d’un parti politique au pouvoir à la suite de l’élection des sénateurs du 15 mars 2019 », a-t-il entamé son discours. Tout en condamnant « avec la dernière énergie la corruption sous toutes ses formes », Jean-Lucien Bussa estime que les violences perpétrées le 16 mars et ayant conduit à des pertes en vies humaines à Kinshasa et au Kasaï devront faire l’objet des enquêtes de la part des cours et tribunaux en vue des poursuites et des sanctions exemplaires à l’encontre des auteurs de ces actes.

Tirer les leçons de l’histoire

Dans sa déclaration, le Chef de file du Courant rénovateur martèle sur les prescrits du règlement intérieur de la chambre basse du parlement particulièrement à son article 7. « L’article 7 de notre Règlement Intérieur dispose que l’enceinte du siège de l’Assemblée Nationale est une zone neutre et inviolable », rappelle-t-il à ses collègues avant de poursuivre, « il se fait qu’en date du 16 mars dernier, cet espace sacré de la démocratie de notre pays où les constituant a voulu que les représentants du peuple, que nous sommes, puissent s’exprimer en toute sécurité et sérénité a été violé par des bandes des militants d’un parti politique bien connu. »

Jean-Lucien Bussa s’est donc employé à sensibiliser les élus nationaux sur cette incursion qui semble ne pas faire l’objet d’une attention soutenue de la part de ses collègues. A lui de marteler, « Je vous en parle parce qu’il s’agit d’une question qui nous concerne directement, parce que les scènes des désordres et d’intimidations peuvent se répéter et porter atteinte à l’intégrité physique de chacun d’entre nous. Ce que je dis n’est pas sans fondement parce que c’est arrivé au Gabon, Burkina Faso et au Cameroun où des sièges de leurs parlements ont été investis par les manifestants en colère. C’est pourquoi je vous propose l’adoption d’une recommandation condamnant fermement ces actes de violences et appelle le Gouvernement de la République à prendre les mesures pour que cela ne se reproduisent plus jamais.»

José-Junior Owawa

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