Il n’est pas un aquatique, mais plutôt un animal terrestre. Jamais Mende n’a si longtemps abandonné son jardin naturel (Sankuru). Le plus célèbre ministre de la Communication et Médias de l’histoire récente de la République Démocratique du Congo (RDC), réélu récemment député national pour la troisième fois consécutive, a décidé de se porter candidat à la prochaine élection de Gouverneurs de provinces prévue le 10 Avril prochain, lui qui a tout ou presque été dans l’histoire moderne de son pays : Vice-Premier Ministre, Ministre, Sénateur, Député, Porte-parole du Gouvernement central, il n’y a pas un secret qui devra échapper à ce chevronné de la politique. A l’annonce de sa candidature au poste de Gouverneur de province, plusieurs questions ont surgi avec insistance. Comment un homme aussi rompu peut vouloir quitter le confort kinois et la proximité avec le cercle décisionnel que cela offre pour une ville de Lusambo qui n’a de statut de ville que par conformisme à Loi ? Qu’a-t-il encore oublié dans cette province à la fois enclavée et démunie d’infrastructures de base malgré ses innombrables richesses naturelles et humaines qu’elle regorge ?

Né à Okolo, le 11 février 1953, Lambert Mende Omalanga est un homme politique congolais de premier plan. Il a occupé plusieurs fonctions ministérielles depuis la deuxième République. Gradué en droit de l’Université de Kinshasa (UNIKIN), l’homme n’a pu parachever ses études qu’au sein de l’Université Libre de Bruxelles (ULB) où il obtiendra son diplômé en criminologie. Contraint d’abandonner la colline inspirée à cause de son opposition au régime du Maréchal Mobutu Sese Seko, Lambert Mende sera l’une des figures de la contestation des pratiques mobutiennes au sein de la première université de la République Démocratique du Congo (ex Zaïre).

Malgré son exil en Belgique, Mende Omalanga n’a jamais abandonné la lutte politique. Son nationalisme basé sur le Lumumbiste (Ndlr : Doctrine politique inspirée du combat et la vision politiques de Patrice-Emery Lumumba, le tout Premier Ministre du Congo-Indépendant) l’a propulsé au-devant de la scène jusqu’à rencontrer des grands noms comme Etienne Tshisekedi Wa Mulumba, l’un des opposants farouches au système Mobutu.

Son opposition au pays le permet d’intégrer plusieurs fois les gouvernements jusqu’à la chute de Mobutu. Quelques temps après l’avènement de l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo-Zaïre (AFDL) de Laurent-Désiré Kabila au pouvoir, Lambert Mende se retrouve dans la rébellion. Devenu Rapporteur du Sénat pendant la Transition de 1+4 (Un Président de la République avec quatre Vice-présidents de la République, entre 2003 et 2006), Lambert Mende sera élu député national en 2005, dans la circonscription électorale de Lodja pour le compte du Rassemblement Congolais pour la Démocratie-Kisangani/Mouvement de Libération (RCD/K-ML).

Devenu ministre des Hydrocarbures en février 2007, Lambert Mende va intégrer le portefeuille de la Communication et des Médias une année plus tard. Un poste qu’il n’a plus jamais quitté jusqu’au départ du pouvoir du Président Joseph Kabila en janvier 2019.
A la tête de sa propre formation politique, la Convention des Congolais Unis (CCU), depuis quelques années, Lambert Mende devient l’une des figures de proue sur la scène politique congolaise.

Et le Sankuru dans tout ça !

Dans sa province d’origine, Lambert Mende n’est pas vraiment un inconnu. Même si jusque-là l’homme n’a pas exercé des fonctions officielles dans sa propre province, sa voix est considérée comme étant l’une des plus audibles du Sankuru. Dans son fief de Lodja, Lambert Mende Omalanga est et reste l’un des principaux, si pas le principal notable du territoire.

Classé parmi les meilleurs élus de la République lors de la dernière législative nationale, l’homme dispose d’une base électorale solide, de quoi lui donner des arguments nécessaires face à ses concurrents.

Lambert Mende, le Gouvernorat pour quoi faire ?

Candidat unique au poste de Gouverneur de province du Sankuru lors du prochain scrutin fixé au 10 Avril, Lambert Mende Omalanga semble parti pour l’emporter. Membre de la coalition Front Commun pour le Congo (FCC) -largement majoritaire au sein de l’Assemblée Provinciale- l’ancien Ministre devra convaincre certains indécis, minoritaires soient-ils.

Expérimenté, homme des réseaux et d’influence, le prochain Chef de l’Exécutif du Sankuru devra utiliser son aura pour mener le lobbying en faveur de sa province.

Avec une population globale estimée à plus de 3.952.756 d’habitants (24e rang national) et une superficie évaluée à 104 331 Km2 (10e rang), le Sankuru a tous les atouts pour développer son économie.

Coincée au centre du pays par différentes provinces qui l’entourent, le Sankuru peut compter notamment sur ces deux principaux bassins hydrographiques (Sankuru et Lukenie) pour impulser son développement. Ce qui ne voudrait pas dire que les rivières Lomela, Salonga, Tshuapa, Lubefu ainsi que Lomami sont moins importantes. Du point de vue phytogéographique, Lambert Mende devra miser sur deux choses : la forêt et la savane.

Sankuru, le prochain Gouverneur, par où commencer ?

« La situation de l’habitat au Sankuru est très précaire, tant en milieu rural qu’urbain. Le cadre de vie ne réunit pas les conditions minimales. Le nombre de logements construits soit par l’Etat, soit par un organisme public ou privé est insignifiant par rapport aux logements produits par l’auto-construction. Les populations habitent pour la plupart dans des cases en pissées. Les maisons d’habitation des citadins sont le plus souvent en brique adobe avec des sols en terre battue ou en paille. Les réseaux de transport au Sankuru comprennent les voies routières, fluviales et aériennes.

Ces différentes voies permettent de relier le Sankuru non seulement avec les Provinces voisines, mais aussi avec les autres contrées du territoire provincial. », commente un expert en développement interrogé par Géopolis Hebdo.

Lambert Mende qui part favori de cette élection, devra miser sur la culture du manioc, du maïs, de la canne à sucre, le haricot, la banane, le taro, le riz, la patate douce, l’igname, l’arachide, l’ananas et le millet, aujourd’hui exploités de manière traditionnelle.

En effet, la culture des produits de rente comme le caféier, le palmier à huile, le cotonnier, le cacaoyer, le cocotier et l’hévéa sont en baisse continuelle. L’élevage des caprins, des porcins et de la volaille encore rudimentaire devront accéder l’étape industrielle pour permettre aux éleveurs de sortir de la pauvreté.

Dans le secteur de la pêche, la province produit du poisson frais, fumé, salé et séché, bien que leur commercialisation reste encore à l’échelle locale. Voilà autant de chantiers sur la table de Monsieur le Gouverneur qui a tout le temps pour convaincre. Il semble que l’homme dispose des atouts.

José-Junior Owawa

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