Le président de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), son Vice-président, ainsi que l’un de ses conseillers, ont été encore une fois de plus, sanctionnés par le département du Trésor américain à cause des soupçons de corruption qui pèsent sur eux. Ces sanctions ciblées concernent principalement le gel des avoirs se trouvant sur le territoire américain et l’interdiction d’effectuer des voyages aux Etats-Unis d’Amérique. Ces sanctions arrivent après celles annoncées en février dernier par le même Trésor américain. Une chape de plomb, un acharnement qui ne semble pas pour autant entamer le moral de Corneille Nangaa Yobeluo et son équipe. Le patron de la Centrale électorale Congolaise rejette en bloc toutes ses allégations de corruption et affirme avoir agi, durant son mandat, conformément à la loi et aux textes qui régissent son organisation.

48 heures ont suffi pour le numéro 1 de la Commission Electorale Nationale Indépendante, Corneille Nangaa, pour donner sa version des faits face aux accusions de corruption portées contre lui et ses principaux collaborateurs par les autorités américaines.

Contrairement à ce qui était devenu une tradition au sein de cette institution d’appui à la démocratie devant ce genre d’évènements qui, généralement ont toujours tenté d’écorner l’image de la Centrale électorale et de ses animateurs, Corneille Nangaa n’a pas choisi un cadre solennel pour donner sa version des faits.

Corneille Nangaa, tout selon la loi !

Pas un communiqué ni une conférence de presse, moins encore une communication du rapporteur de l’institution ou ses équipes de communication, c’est via son compte Twitter que le président de la CENI a préféré donner sa première réaction. Une attitude qui en dit long sur le crédit qui l’accorde à cette nouvelle campagne de démolition de son image de marque et celle de son institution. Sans vouloir visiblement crédibiliser la démarche de ses détracteurs, Nangaa préfère revenir sur le respect qu’il a toujours eu vis-à-vis des lois de son pays, la République Démocratique du Congo. « Contrairement aux sanctions américaines, je n’ai jamais été associé à une quelconque œuvre de corruption », révèle-t-il d’emblée.

Dans cette courte mise au point, le président de la CENI s’attarde sur la procédure en vigueur au sein de son institution, principalement la suprématie de la plénière sur n’importe quelle autre autorité de la CENI, président soit-elle. « Avec mes collègues, nous avons agi suivant les orientations de la plénière de la CENI et sous le contrôle de l’Assemblée nationale », rappelle-t-il sur son compte Twitter consulté par Géopolis Hebdo.

Présenté comme étant l’un des principaux artisans de l’alternance démocratique jamais enregistrée dans ce pays continent qu’est la République Démocratique du Congo, Corneille Nangaa qui devra faire ses valises à la tête de la CENI cette année, se dit fier du travail abattu par ses équipes jusqu’aujourd’hui au sein de l’institution : « Nous sommes fiers d’avoir conduit ce processus qui a donné à la RDC sa toute première alternance démocratique depuis son indépendance ».

Au cours d’une interview accordée au site d’informations ACTUALITE.CD, le président de la CENI a souligné le contexte dans lequel les élections se sont déroulées et a reconnu quelques faiblesses pendant le processus, mais aussi des forces à consolider. « Sommes-nous en train de dire que tout était parfait ? Non, loin de là. Le processus électoral s’est déroulé dans un environnement difficile caractérisé par la méfiance entre acteurs. Il y a eu des faiblesses, pour lesquelles nous sollicitons l’indulgence des uns et des autres, mais également des forces qui nécessitent consolidation. L’alternance démocratique et pacifique tant attendue est une réalité. Nous rendons grâce à Dieu ».

Processus, Corneille Nangaa droit sur ses bottes !

Présentement sur les fronts de Yumbi (province de Maï-Ndombe), Butembo et Beni (province du Nord-Kivu) où il devra organiser les législatives nationales et provinciales le 30 mars prochain, Corneille Nangaa semble déterminer à finaliser cette grande étape du cycle électoral encore avant de passer la main.

Alors que la toile et le reste des médias traditionnels étaient embarqués sur la question, droit sur ses bottes, Corneille Nangaa étaient enfermés avec les membres de la plénière afin de réajuster le calendrier de l’élection des Gouverneurs et des Vice-gouverneurs des provinces. Un chronogramme bousculé par des enquêtes judiciaires destinées à connaitre le fond des allégations de corruption qui pèsent sur des députés provinciaux et des sénateurs nouvellement élus dont l’installation de la chambre était reportée.

Entre-temps, Nangaa et son équipe préparent l’élection des gouverneurs, qui est fixée au mercredi 10 avril prochain. Ce scrutin avait été renvoyé à une date ultérieure sur décision de Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo suite aux allégations de corruption dans les assemblées provinciales.

Les USA et les Machines à voter, un désamour originel ?

Certains analystes et observateurs du processus électoral en RDC soulignent que les positions de l’Administration américaine étant fondées sur la base d’un rapport fait par l’ambassade américaine à Kinshasa. Et dans celui-ci, l’expert-maison a, en effet, posé un faux diagnostic comme quoi, les machines à voter ne fonctionneront jamais en RDC pour la simple raison qu’elles n’ont jamais été utilisées ailleurs et que dans ce pays aux dimensions continentales, elles seraient un casse-tête pour le déploiement. Et pourtant, on comprend que la machine a fonctionné contrairement à cette analyse.
Deuxième faux départ : Sans aucune vérification opposée des sources, l’Ambassadrice des Etats-Unis d’Amérique aux Nations Unies, Nikki Halley s’était prononcée : «  Pas de machine à voter » qui était entendue ici comme étant un matériel de vote électronique. Troisième faux diagnostic car, les machines à voter fonctionnent avec des bulletins papier. On peut donc utilement comprendre que face à ces deux situations, l’Administration américaine a révélé des contradictions et pourtant, le mal a été déjà fait, les machines à voter étaient passées pour diaboliques.
Pour ces mêmes analystes, par pure logique, ayant pris déjà position sur les résultats des élections, mais devront quand même justifier leur prise de position, c’est pourquoi ils reviennent sur le coût de la machine à voter et ils en font aujourd’hui leur pivot central des sanctions.

Sur ce, notre rédaction est en train de réunir des informations sur les coûts des acquisitions de différents gadgets de différents processus électoraux et nous reviendrons dans nos prochaines éditions.

José-Junior Owawa

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