Sans surprise, la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) reporte d’une semaine la tenue des élections initialement prévues pour le dimanche 23 décembre 2018. Cette annonce faite hier jeudi 19 décembre par le président de la Centrale Electorale de la République Démocratique du Congo, Corneille Nangaa Yobeluo en personne, en conférence presse, suscite des réactions au sein de la classe politique congolaise : Majorité au pouvoir, Opposition et Société civile.

Le premier politique à réagir à cette annonce du président de la CENI, c’est Noël K. Tshiani. Le candidat-Président de la République ne s’est pas montrer hostile à la décision de Corneille Nangaa. Au micro de Géopolis Hebdo, le chef de file du mouvement politique, la ‘’Force du Changement’’ pense que ce report des scrutins pourrait aider les différentes parties à se préparer davantage en vue de favoriser la tenue des élections crédibles susceptibles de garantir la paix dans le pays. « Nous avons appris de la CENI le report des élections prévues pour le 23 décembre au 30 décembre 2018 pour des raisons techniques causées par l’incendie de l’entrepôt contenant des machines à voter et d’autres matériels électoraux », se contente de rappeler Noël K. Tshiani.
« La CENI explique qu’il s’agit d’un cas de force majeure. Nous pensons qu’un report d’une semaine est préférable aux élections chaotiques qui aboutiraient aux contestations et éventuellement, aux troubles sociaux, y inclus des pertes en vies humaines », rassure le candidat-Président. Malgré son optimisme, Noël Tshiani déplore tout de même ce retard. « Notre souhait aurait été que les élections se passent le 23 décembre. Mais, à l’impossible, nul n’est tenu », fait remarquer le leader de la ‘’Force du Changement’’. « Nous exigeons maintenant que la CENI respecte sa nouvelle date du 30 décembre pour permettre au pays de tourner la page des incertitudes pour retrouver la stabilité et permettre le redémarrage du processus normal de développement », espère-t-il.
La principale candidate-Président de la République Marie-Josée Ifoku confie, pour sa part, que ce report n’a rien de surprenant au vue de la conduite du processus électoral en cours. « Je l’ai toujours dis que la CENI n’est pas et ne sera jamais prête pour organiser ces élections », estime-t-elle. « M.J.I. » pense que la situation de pauvreté extrême dans laquelle se trouve 80 millions de congolais exige un éveil de conscience pour y mettre fin. « La décision de la CENI de reporter les élections d’une ou de deux semaines ne change rien. Les raisons qui sont avancées aujourd’hui pour justifier ce report ne suffisent pas parce que, concernant les machines à voter, par exemple, la CENI en manquait déjà. Et parler aujourd’hui de l’incendie de l’entrepôt pour justifier le report n’a aucun sens », gronde la candidate. Classée parmi les opposants farouches à l’usage de la machine à voter, Marie-Josée Ifoku rappelle que l’option levée par l’ensemble de la classe politique d’aller aux élections, relève d’une décision courageuse visant à promouvoir la paix malgré l’illégalité du dispositif de vote proposé par la CENI. « Nous ne pouvons pas aller aux élections à ne porte quel prix parce que, nous savons très bien que ça soit le 23, que ça soit le 30 ou encore le 06 janvier 2019, il y a un candidat qui est déjà élu, celui qu’on va nous annoncer que c’est celui qui a gagné les élections. Et moi, je pense qu’on ne peut pas continuer comme ça. Il va falloir qu’on s’arrête à un moment donné parce que, justement, il y a 80 millions de congolais qui souffrent et qui veulent des élections mais pas celles qui vont consacrer le couronnement d’un individu qui n’a pas été choisi par le peuple », gronde l’ancienne gouverneure de la province de la Tshuapa. Ifoku Mputu Mpunga révèle, en outre, que le manque du sérieux du processus électoral en cours l’a découragée de batte même sa campagne électorale. Elle lance par ailleurs un message de mobilisation en direction de la population pour obtenir son implication en vue de la tenue des scrutins crédibles et transparents. «
Nous sommes offusqués et choqués de voir tout ce qui se passe dans ce pays et nous sommes-là à regarder ? », s’interroge-t-elle avant d’inviter la CENI à prendre ses responsabilités en démissionnant. « La CENI a failli, il faut qu’elle l’accepte. Ça fait deux ans qu’elle est censée préparer ces élections, elle n’a pas pu le faire. Je crois que deux jours de plus, ça ne peut plus continuer », martèle avec force la candidate-Président de la République. Marie-Josée Ifoku fustige aussi le comportement de Corneille Nangaa qui aurait été voir les ambassadeurs pour parler du report des élections en contradiction avec la ligne de conduite des autorités congolaises de rompre toutes sortes de coopération avec la communauté internationale en matière des élections. « La CENI a refusé l’observation électorale de la communauté internationale au nom de la souveraineté nationale et internationale de la RDC. Quand on parle de la souveraineté, cela doit l’être sur toute la ligne. Il ne faut pas qu’il y ait deux poids, deux mesures », estime Marie-Josée Ifoku.
Du côté de la plateforme électorale Front Commun pour le Congo (FCC), l’on ne semble pas inquiet de ce report. Pour Adam Shalwe, cadre de la coalition présidentielle, « le report annoncé ne doit pas être perçu comme un échec mais bien au contraire, nous devons le voir comme une opportunité supplémentaire de montrer l’étendue de notre mobilisation vers la première alternance démocratique grâce au père de la démocratie congolaise.»
José-Junior Owawa

Journaliste intéressé par les grands ensembles régionaux (Comesa, EAC etc), mais aussi intéressé aux questions environnementales et sécuritaires.
E-mail : patilunga35@gmail.com