Ça fait débat, et ça divise la classe politique congolaise. Les travaux de révision de la loi électorale en République Démocratique du Congo, débutés depuis jeudi 18 avril dernier, à la chambre basse du Parlement avancent à pas de tortue. Les élus nationaux membres des groupements politiques, à l’instar de l’Union sacrée pour la nation (USN), le Front Commun pour le Congo (FCC) ainsi que Lamuka, se sont séparés en queue de poisson en essayant de tirer chacun le rideau de son côté.
Des déclarations ont été faites par ceux-ci depuis la semaine passée et continuent à bouleverser la toile jusqu’à ces jours. Les uns soutiennent la tenue, avant la réforme sur la loi électorale, d’un dialogue entre acteurs politiques impliqués. C’est la thèse soutenue par le FCC et LAMUKA. Et, d’autres par contre, boycottent cette initiative et pensent qu’il faudrait laisser ce travail à l’Assemblée nationale, le seul organe habilité à traiter ce problème de réforme de la loi électorale. Idée défendue bec et ongle par l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS, parti présidentiel et parti-phare de l’USN).
Ce que pense le FCC
Le Front Commun pour le Congo (FCC) a, pour sa part, boycotté de participer à toute plénière consacrée à l’examen sur cette matière, en exigeant la convocation du dialogue. Les membres de cette plateforme politique en appellent à des réformes consensuelles. Ils refusent tous de participer à la révision de la loi électorale. Au travers d’une déclaration faite par les députés membres de ce groupe politique, la recomposition de la Commission Électorale Nationale Indépendante (Ceni) et de la Cour constitutionelle sont inévitables pour des élections transparentes et apaisées.
» Nous rappelons à l’opinion publique que les réformes électorales doivent faire l’objet d’un très large consensus entre tous les acteurs concernés, afin d’éviter au pays des élections chaotiques. Il sied de noter que l’actuel régime sait illustré dans la violation de la constitution et des lois de la République, ceci en vue de préparer la tricherie aux élections de décembre 2023. Le renouvellement des juges de la Cour constitutionnelle au mépris des dispositions légales en vigueur dans le seul but de mettre en place un cadre qui va favoriser la tricherie que le pouvoir actuel va orchestrer lors des élections avenirs », ont-ils déclaré.
Positionnement de Lamuka
Pour le leader de la Coalition Lamuka, Martin Fayulu, le pouvoir en place cherche à tailler sur mesure la nouvelle loi électorale de toute transparence à l’issue des élections futures.
“ Ne pas vouloir organiser les élections transparentes et impartiales, c’est décidément prendre l’option de maintenir le peuple congolais dans la pauvreté et la misère. C’est de l’indignité ”, a-t-il écrit sur son compte tweeter.
Il convient de rappeler que cette coalition de l’opposition appelle à l’organisation des élections dans les délais constitutionnels, mais en obtenant avant tout un consensus sur toutes les questions électorales.
La plateforme de l’opposition Lamuka propose un dialogue formel de toutes les parties prenantes au processus électoral avant de déclencher le débat autour de la révision du loi électorale à la chambre basse. C’est ce qu’a dit, le lundi 18 avril, Adolphe Muzito, nouveau coordonnateur de Lamuka sur les ondes de la Radio Top Congo.
Pour Adolphe Muzito, il est temps que Lamuka, FCC et l’Union sacrée puissent se mettre autour d’une table pour emettre les idées sur la nouvelle loi électorale afin de dégager plus de consensus.
Pour l’union sacrée de la Nation
L’idée d’un dialogue est farouchement rejetée par l’UDPS, parti au pouvoir qui évoque par le biais de son secrétaire général Augustin Kabuya qu’il n’y a qu’un seul cadre formel pour débattre de la question sur la révision de la loi électorale qui est l’Assemblée nationale. Il appelle Lamuka à se préparer pour les élections de 2023.
De l’autre côté, les députés membres de l’Union sacrée de la Nation soutiennent qu’aucun dialogue ne se tiendra en dehors du parlement, cadre légal pour débattre en toute démocratie, des questions vitales de la nation.
» L’Union sacrée de la nation s’inscrit dans le schéma constitutionnel et ne peut compromettre les valeurs démocratiques pour lesquelles elle s’est battue et séparée du FCC et auxquelles elle demeure fermement attachée. Elle réaffirme l’engagement ainsi que la détermination du Président de la République Félix Tshisekedi, maintes fois réitérés pour l’organisation des élections que le pays n’a jamais connues en 3 cycles, c’est-à-dire des élections crédibles, inclusives, transparentes et apaisées ; et ce, conformément à la constitution, aux lois pertinentes et aux bonnes pratiques en la matière », ont-ils fait savoir.
Eu égard à ce qui précède, il faudrait souligner que la lenteur et la tournure que prennent ces grands questionnements de l’heure autour de la loi électorale, influent sans doute sur le chronogramme de la Ceni, et peuvent occasionner un probable report des élections contrairement au calendrier électoral.
Enock Issey
Journaliste intéressé par les grands ensembles régionaux (Comesa, EAC etc), mais aussi intéressé aux questions environnementales et sécuritaires.
E-mail : patilunga35@gmail.com