Plusieurs personnes qui suivent l’actualité au quotidien et qui se nourrissent des faits parfois partiels pour se faire une opinion sont désormais dépassées par l’accumulation des faits non pas noirs élucidés dans leur grille de lecture. Aujourd’hui, des acteurs multiples agissant au nom de la recherche de la paix dans la région des Grands lacs africains ont cessé de rendre compte de leurs initiatives car, le temps d’obtenir des résultats s’est allongé et ils ont compris que le dossier traité était complexe et exigeait une profondeur stratégique qu’ils n’avaient pas au moment de la déclaration de leur profession de foi. 

Voyons l’initiative des prélats congolais, saluée par tous mais conçue comme une croisade de paix pour réconcilier des frères ennemis et dnuser de la sagesse africaine de la palabre. Ils se sont enfoncés dans cette forêt des contradictions et ont découvert que la question était au-delà des personnes et qu’elle mettait en jeu, une nouvelle vision du monde dont la région des Grands lacs était le projet pilote. A Doha, la réalité leur est apparue dans la splendeur de sa noirceur. 

Du côté des négociateurs attitrés, à savoir le président togolais Faure Gnassingbé et les autres personnalités de l’Union africaine (UA), ils ont fait le tour des acteurs, ceux qui pensent posséder les clés de la paix car, acteurs de la guerre. 

Après ces tournées, ils se sont rendus compte que même avec un accord de principe de cesser les hostilités, la paix n’était pas une conséquence immédiate, elle est certes essentielle mais il y a autre chose qui dépasse la fin des tirs. Pour se rendre compte de la complexité de cette situation, il faut imaginer que la France qui est un allié traditionnel des États-Unis d’Amérique dans ce dossier s’est rangée à côté du Rwanda en riposte au mariage entre la République démocratique du Congo (RDC) et les États-Unis d’Amérique autour des matières premières stratégiques essentielles pour la transition énergétique dont le cuivre, le cobalt, le coltan, le niobium, le gallium, le lithium, pour ne citer que ceux-ci. Les postures des uns et des autres sont dépendantes des plusieurs facteurs qui dépassent le conflit historique entre la RDC et le Rwanda. 

Il est important d’examiner à la loupe le jeu d’intérêts et d’influence qui se joue actuellement entre les protagonistes au point de trouver des liens improbables entre la région des Grands lacs africains et l’Ukraine. Des sources bien informées affirment que les armes utilisées par le Mouvement du 23 mars (M23) venant du Rwanda furent détournées de leur prémiere destination qui fut l’Ukraine au motif de garantir la livraison des minerais du Congo. Voilà des actes posés en violation de toute morale internationale. Le côté immoral de ces opérations tirées des activités clandestines des services secrets ne peuvent résister à l’examen des cadres légaux et sont les obstacles au retour à la sérénité dans les négociations. 

Il suffit de suivre les différents procès des militaires et complices du M23 par la justice militaire pour se rendre compte de la profondeur des opérations clandestines montées pour faire main-basse sur la RDC. Les choses ont changé car, il y a un siècle l’exploitation des ressources naturelles était précédée par l’élimination des autochtones. Cette pratique qui a tendance à revenir, trouve sur son chemin des peuples résistants qui s’opposent à la domination des puissants et qui estiment qu’ils sont ainsi contraints de donner de leur sang pour défendre leur terre. Cette donne vient encore tout bouleverser car, elle met une borne à la corruption qui fut introduite au sein de l’armée congolaise pour que celle-ci recule devant l’ennemi et abandonne des positions et facilite la main-basse sur le pays. La résistance est venue et les jeunes patriotes ont sacrifié leur vie pour défendre leur nation contrairement à tous les calculs rationnels.

La technique du partage équitable et équilibré du pouvoir ne semble pas aussi porter, les politiques opportunistes qui ont accouru à l’appel du Président Félix Tshisekedi pour un Gouvernement d’union nationale commencent à déchanter car, la méthode du partage ne règle pas la contradiction principale qui est en fait le rôle que le Congo doit jouer dans le nouvel ordre mondial au regard des mutations en cours. Comment le pays de Patrice-Emery Lumumba va négocier son entrée dans cet univers multipolaire où des tenants du nouveau système continue à se chercher aussi ? 

Il s’agit de régler d’abord cette place et elle peut s’obtenir que par l’usage d’une intelligence stratégique au sein d’une masse critique construite patiemment autour des valeurs. Grâce à cette vision concertée, le Congo va se projeter dans l’avenir et tracer la route des conquêtes de l’esprit comme ce pays à la vocation de puissance qu’il est. Il s’agit de vaincre les limites dnaujourd’hui en se disant que le pays doit s’ouvrir à la demande du monde et fixer, pour le monde, ses conditions de collaboration. 

Il est dangereux de se fermer – replier – sur soi-même car, comme une forteresse, le monde va installer un siège autour du pays et fabriquer constamment des raisons de nous attaquer. La solution non encore perceptible aujourd’hui est dans la dimension internationale du Congo. 

Conçu à l’origine comme un espace du commerce international, la RDC va garder ce statut mais en y ajoutant qu’il est aussi la patrie d’un peuple souverain qui ne demande qu’à être respecté et qui a les ressources morales nécessaires pour négocier avec le reste du momon. Ce pays au peuple hospitalier ne demande que l’on tienne compte de lui et crie au monde qu’il n’est pas nécessaire de l’exterminer pour accéder aux immenses ressources de son sol et de son sous-sol riches en minerais. 

Robert Tanzey

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