Partager les articles

Deux jours après la rencontre entre les ministres des Affaires étrangères du Congo et du Rwanda, sous l’égide de l’Angola, les parties prenantes au conflit en RDC devraient maintenant appliquer les engagements pris à Luanda. La résolution d’instaurer un cessez-le-feu à partir du 4 août prochain à minuit a été saluée par de nombreux acteurs en RDC et dans la région. Chacun y voit la volonté d’amorcer la désescalade et de mettre fin progressivement à la violence, responsable d’innombrables morts et déplacés de guerre.

Cependant, à la lumière du communiqué final de la réunion ministérielle du 30 juillet, on peut se demander si la rencontre de Luanda n’a pas été en réalité un tapis rouge déroulé en l’honneur du narratif cher aux autorités de Kigali. Le communiqué final des pourparlers ne mentionne pas le M23, pourtant principal point de discorde entre le Rwanda et la RDC. En revanche, le document fait plusieurs fois référence aux FDLR, que Kigali accuse d’être des « alliés » de l’armée congolaise.

Dans le communiqué final, on peut lire:
« le 26 avril 2024, le Gouvernement de la RDC a soumis à la Facilitation son Plan de Neutralisation des FDLR; A son tour, le 6 mai 2024, le Gouvernement du Rwanda a soumis à la Facilitation son analyse et ses observations sur le Plan. Les Ministres ont reconnu que la situation sur le théâtre des opérations s’est considérablement détériorée, ayant pour conséquence, entre autres, l’aggravation de la situation humanitaire. En foi de ce qui précède, les Ministres ont décidé ce qui suit: Ils se sont accordés sur un cessez-le-feu entre les parties en conflit à l’Est de la RDC, qui entrera en vigueur le Dimanche 4 août 2024, à minuit, heure locale, supervisé par le Mécanisme de Vérification Ad-Hoc renforcé par les experts du renseignement des trois pays et d’autres entités, le cas échéant; L’opérationnalisation du Plan de Neutralisation des FDLR; et L’élaboration d’un Plan de désengagement des Forces.

Les Ministres ont pris note de la proposition du Médiateur découlant du Plan proposé par la RDC sur la neutralisation des FDLR et des observations du Rwanda. Ils ont donc instruit les experts du renseignement des trois pays et d’autres entités, le cas échéant, de se réunir le 7 août 2024, à Luanda, en Angola, afin de :

  • Examiner la proposition du Médiateur sur le Plan Harmonisé de Neutralisation des FDLR ;
  • Élaborer le Plan de désengagement des forces sur le terrain.

Les experts ont jusqu’au 15 août 2024 pour soumettre leur rapport à la prochaine réunion ministérielle prévue dans le courant du mois d’août. Les Ministres ont réitéré l’importance de maintenir un climat d’apaisement, en évitant notamment les discours de haine et les attaques verbales. »

Les FDLR sont mentionnées à plusieurs reprises, tandis que les autres groupes armés sont désignés de manière générique comme « Forces », dont il faut observer « le désengagement ». Aucun mot sur l’agression rwandaise, aucun mot sur le M23. Il s’agit là du narratif véhiculé par Kigali depuis des années.

Pourtant, la RDC affirme ouvertement que « les combattants du M23 sont en réalité des éléments de l’armée rwandaise ». Kinshasa a d’ailleurs fondé sa diplomatie sur cette réalité. Plusieurs rapports ont confirmé que le soutien de l’armée rwandaise aux rebelles du M23 constitue un problème majeur, à l’origine de la détérioration de la sécurité dans la région.

Les experts le disent souvent : « La diplomatie est la continuation de la guerre par d’autres moyens. » À cet égard, les assises de Luanda semblent être l’exemple parfait d’une guerre feutrée dans des salons climatisés. La RDC s’est-elle fait piéger ? Son front diplomatique a-t-il pris un coup ?

Kigali et Kinshasa semblent engagés dans un jeu à somme nulle. Ce jeu a déjà sapé le processus de Nairobi et risque maintenant d’introduire un grain de sable dans celui de Luanda.

2 thoughts on “Processus de Luanda : le narratif du Congo pris au piège”
    1. Comme c’est la revue de presse, il s’agit des préoccupations qui ont été soulevées par de nombreux quotidiens parus ce jour-là. Bien entendu, cette question de la balkanisation en rdc préoccupe au plus haut point de nombreux congolais.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *