Après plusieurs années d’attente, justice est finalement faite pour l’activiste de droit de l’homme et initiateur du collectif 2016 Rossy Mukendi, tué par balle à l’occasion d’une manifestation initiée par les laïcs catholiques en février 2018, pour exiger la tenue d’élections crédibles en RDC. La justice vient en effet de condamner le commissaire supérieur adjoint, Carine Lokeso. L’officier a écopé de « la servitude pénale a perpétuité assortie de 10 ans de sûreté incompressible pour meurtre de Rossy Mukendi. Elle est également condamnée à 10 ans de servitude pénale pour violation des consignes ». La Cour militaire de Matete a également prononcé sa destitution et mis les frais d’instance à charge de l’Etat. Les juges estiment aussi qu’elle peut bénéficier des circonstances atténuantes compte tenu de son jeune âge.
La défense de l’officier condamné projète de saisir la cour d’appel.
36 ans au moment de sa mort, Rossy Mukendi est considéré par certains comme, un des héros de l’alternance politique intervenue en RDC en janvier 2019. Rossy est aussi considéré par beaucoup comme « une victime de l’ancien régime ». D’où le caractère symbolique de son procès : c’est la première fois qu’un officier est condamné pour des faits qui remontent à l’ancien régime.
Pour les activistes des droits de l’homme, c’est une belle revanche de l’histoire. Jacques Issongo, cadre de Lucha se dit satisfait quant au verdict rendu par la cour. « La justice est enfin rendue, satisfaction de ce verdict qui condamne Carine Lokeso à perpétuité. Nous avons exigé la justice pour Rossy Mukendi et maintenant nous pouvons confirmer que nous sommes soulagés. »
Même sentiment éprouvé par le coordonnateur de la société civile du Congo (NSCC) Jonas Tshiombela. « Nous sommes satisfaits de ce verdict qui vient de corriger l’injustice qui a couvert ce dossier judiciaire. Ce Colonel a bénéficié de la complicité du système d’impunité qui était mis en place, foulant aux pieds les lois de la République ». Tshiombela ajoute encore : « ceci devra servir d’exemple à ceux qui estiment qu’ils sont des intouchables que tôt ou tard la justice les rattrapera ».
La plupart des activistes des droits de l’homme saluent la décision de la cour militaire. Pour eux c’est une victoire posthume de Rossy Mukendi, lui qui n’avait de cesse de répéter que « le peuple gagne toujours ». Ceux qui saluent la condamnation de Carine Lokeso disent tirer une grande leçon de la mort de l’activiste. Pour eux, « tôt ou tard, la vie, le monde, finit toujours par rendre justice à ceux qui ont subi les affres de la méchanceté ».
Patience Lokeke
Journaliste intéressé par les grands ensembles régionaux (Comesa, EAC etc), mais aussi intéressé aux questions environnementales et sécuritaires.
E-mail : patilunga35@gmail.com