La Cour constitutionnelle se prononce ce mercredi 14 mai sur le procès de l’ancien Premier ministre Matata Ponyo, poursuivi pour sa gestion du projet agro-industriel de Bukanga-Lonzo. Accusé de négligence coupable ayant conduit à l’opacité dans les finances publiques et à la surfacturation de biens et services, Matata comparaît avec deux coaccusés.  

L’affaire, entamée en 2021, a connu plusieurs revirements judiciaires. D’abord jugée incompétente, la Cour constitutionnelle s’est finalement déclarée compétente un an plus tard, en novembre 2022, alimentant les critiques sur l’instabilité de sa jurisprudence. Ce retournement a relancé un procès aux allures de bras de fer politique.

À l’approche du verdict, les tensions entre institutions se sont durcies. Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale, a adressé une lettre officielle à Dieudonné Kamuleta, président de la Cour constitutionnelle, dénonçant une violation des droits de Matata Ponyo. Selon lui, aucune levée d’immunité parlementaire n’a été sollicitée, ce qui entacherait la régularité du procès. La réplique de Kamuleta a été ferme : l’affaire étant pendante depuis 2022 et Matata ayant déjà comparu, la Cour reste compétente pour juger sans nouvelle procédure de levée d’immunité.

Cette joute épistolaire a intensifié les crispations. L’Association congolaise pour l’accès à la justice (ACAJ) a pris position en appelant au respect de l’indépendance du pouvoir judiciaire, tout en dénonçant les interférences politiques dans les affaires judiciaires en cours.

Le verdict attendu demain est crucial. Une condamnation de Matata pourrait être interprétée comme un geste fort contre la corruption, mais elle risquerait aussi de renforcer l’idée d’un procès à motivation politique. En revanche, un acquittement alimenterait les accusations d’une justice instrumentalisée ou soumise aux pressions politiques.

Quoi qu’il en soit, le bras de fer entre la Cour constitutionnelle et l’Assemblée nationale soulève une question de fond : que se passera-t-il demain, que Matata soit condamné ou non ? L’équilibre entre les institutions survivra-t-il à cette épreuve de vérité ?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *