La conférence des chefs des regroupements du Front Commun pour le Congo (FCC), réunie le mardi 02 juillet dernier, a entériné le choix porté par l’autorité morale de cette méga plateforme politique, Joseph Kabila Kabange, sur le sénateur Alexis Thambwe Mwamba (ATM) pour le poste très convoité et stratégique de président de la chambre haute du Parlement de la République Démocratique du Congo (RDC). Profitant de l’occasion ainsi offerte, elle a invité toutes les forces politiques représentées au Sénat d’apporter à ce ticket tout leur soutien. Contre toute attente, au sein de la même famille politique, Modeste Bahati Lukwebo, autorité morale de l’Alliance des Forces Démocratiques du Congo et Alliés (AFDC-A), va annoncer à son tour sa candidature à la présidence du Sénat. Distraction ou querelle intestine ? Se confiant récemment à RFI, Modeste Bahati Lukwebo a déclaré que sa candidature à la présidence du Sénat ne vise qu’à assurer la victoire du FCC au Sénat. Devant cette confusion, une question se pose avec acuité dans les états-majors politiques : la désignation d’ATM est-il le fruit du consensus ou une imposition de l’autorité morale ? Invité par la rédaction de Géopolis Hebdo, le dimanche 07 juillet 2019, Serge Kadima Luabeya, communicateur du FCC, a fait savoir : « La désignation du président du Sénat a fait l’objet des discussions. Le Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD) avait exprimé en son temps ses ambitions d’être à la tête du Sénat. Vous savez, il n’est pas démontré que c’est le PPRD qui a beaucoup de sénateurs. L’honorable Bahati de l’AFDC-A, les autres regroupements et partis politiques du FCC avaient aussi exprimé les leur notamment, Amour du Congo (ACO). Face à cette pluralité des ambitions au sein du FCC, l’on avait procédé par élimination après réception de toutes les candidatures en se basant sur trois critères : loyauté, discipline et fidélité dans le respect mutuel et dans les règles démocratiques. Bien avant cela, tout le monde s’était exprimé et pour l’harmonie au sein du groupe, il ne fallait pas que le PPRD qui a déjà la Primature et la président de la chambre basse du Parlement puisse encore avoir quelqu’un à la tête du Sénat. Tenant compte de cette option, le PPRD se retira pour laisser la place aux autres. Après débat et échanges, il avait été décidé de donner la chance à une personnalité indépendante du groupe et que tout le monde devait soutenir la personne qui sera désignée. C’est comme ça que nous avons jeté notre dévolu sur l’honorable Alexis Thambwe Mwamba ».
Selon Serge Kadima, « l’acte qu’il (Ndlr : Modeste Bahati Lukwebo) pose en marge de l’option qui avait été levée par les sociétaires du FCC, on peut le considérer dans une certaine large mesure comme un acte de trahison ou bien ce qu’il avait dit n’était pas vrai. Et, il est libre de s’exprimer ».
A retenir est que Modeste Bahati n’est pas à son premier coup contre sa propre famille politique. En 2009, il était parti seul et de son propre gré contre la volonté de la Majorité Présidentielle (MP) pour déposer sa candidature au poste de questeur de l’Assemblée Nationale jusqu’à perdre l’élection lors du remplacement du Bureau Kamerhe.
« En politique, ce n’est pas bien d’aller de perte en perte et surtout, de défaite en défaite. Il serait souhaitable qu’il puisse se rebiffer, c’est la dernière chance qui lui est offerte », pense cet éminent communicateur du FCC. Avant d’ajouter : « Notre famille politique qui est déjà habituée aux départs à la fois naturels et brutaux de ses sociétaires avec ou sans raisons valables depuis l’époque de la MP, muée en AMP et puis récemment, en FCC, porte en elle le meilleur projet de société pour ce pays. Nous restons soudés derrière Joseph Kabila et nous continuons d’enregistrer l’arrivée d’autres camarades patriotes ».
Au jour d’aujourd’hui, le FCC, sous la présidence de JKK, le père de la démocratie, pense-t-il, n’as pas peur de la dissidence et « que tous les sénateurs suivront la voie de la raison en élisant ATM Président du sénat », foi de Serge Kadima. Par rapport à l’avenir de l’alliance, Kadima Luabeya reste optimiste tout en croyant au génie congolais, à la sagesse de ses compatriotes, en l’équilibre au sein du CASH (Coalition pour le Changement), dans la fidélité, dans la loyauté ainsi que dans la discipline au niveau du FCC.
Il reste convaincu que le Président Joseph Kabila, en grand stratège et visionnaire, va leur amener au bon port et de victoire en victoire, ensemble avec leur partenaire de l’alternance qui se trouve être le Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. Les deux vont privilégier ce qui pourra faire avancer la nation, le Congo, et améliorer le vécu quotidien de la population.
A quand la sortie du gouvernement si tout va bien entre les deux personnalités ? Qu’est-ce qui est à la base du blocage ? A cette question, Serge Kadima a répondu en ces termes : « Je ne pense pas qu’il y a un blocage parce qu’au moment où nous enregistrons cette interview, le Président de la République est en mission à l’extérieur du pays. Nous espérons que dès qu’il rentre, il usera de son pouvoir discrétionnaire en tant garant du bon fonctionnement des institutions pour accélérer les choses afin de doter le pays d’un gouvernement. Du côté FCC, tout est bon. Nous avons fait tout ce qu’on pouvait faire afin de sauver l’avenir de la coalition qui a été imposé lors des dernières élections de 2018. Mais est-ce qu’il faut donner raison à certains analystes qui disent que le blocage actuel profite à certains cadres du CASH qui ne souhaitent que les choses ne puissent pas avancer et que le régime de l’expédition des affaires courantes continue ? Vous savez avec ce régime, les dépenses de fonctionnement qui devraient être engagées et opérées en principe par les membres du gouvernement dans les ministères et au sein des entreprises publiques, nous observons aujourd’hui qu’il y a des dépenses qui vont au-delà d’une certaine échelle qui sont actionnées par certaines personnalités au niveau de la Présidence de la République. Est-ce que ce sont ceux-là qui bloquent ? Est-ce que ce sont ceux-là qui ne veulent pas que les choses avancent pour qu’on puisse continuer avec le flou ? Ce qui est très dangereux parce que, le Président Tshisekedi a quand même une ambition pour ce pays, il a un grand contrat social avec la population au regard de slogan de campagne dénommé ‘’Le peuple d’abord’’. De notre côté, il n’y a pas de problème. Notre coordonnateur Néhémie Mwilanya a déjà donné la suite par rapport à notre contribution par rapport aux contacts et à la formation du gouvernement. Nous avons déjà harmonisé notre programme commun de gouvernance. Nous avons aussi fait des propositions concrètes par rapport aux grands principes. Il appartient maintenant aux délégués de CASH de faire fidèlement rapport au président Tshisekedi ».
Dieudonné Buanali

Journaliste intéressé par les grands ensembles régionaux (Comesa, EAC etc), mais aussi intéressé aux questions environnementales et sécuritaires.
E-mail : patilunga35@gmail.com