Le nouveau Président congolais, Félix-Antoine Tshisekedi ne cesse de multiplier de contacts avec les organisations tant régionales qu’internationales. Après l’Union Africaine (UA), l’Organisation de Nations Unies (ONU), la Communauté économique pour le développement de l’Afrique Australe (SADC) et bien tant d’autres, le Chef de l’Etat devra recevoir Louise Mushikiwabo, la Secrétaire générale de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) à Kinshasa. Cette visite, la première du genre dans le pays, sera sans doute l’occasion pour les deux parties d’échanger sur des sujets d’intérêts communs.
Dans son programme, Louise Mushikiwabo va séjourner en République Démocratique du Congo du 21 au 23 mars. Elle va rencontrer le chef de l’Etat Félix-Antoine Tshilombo Tshisekedi.
Des sources concordantes, la patronne de l’OIF vient à Kinshasa sur l’invitation personnelle de Félix-Antoine Tshisekedi. La successeuse de de la canadienne Michaëlle Jean à la tête de l’OIF a promis de mettre la jeunesse au centre de son action lors d’un échange avec cette catégorie, considérée comme étant majoritaire au sein de cette organisation culturelle.
Selon toujours les mêmes sources, l’envoyé spécial de la Secrétaire générale de l’OIF, Désiré Nyaruhiriro, aurait déjà posé ses valises dans la capitale congolaise depuis mardi soir en provenance de Paris, siège de l’organisation.
Hormis le Chef de l’Etat, à Kinshasa, Louise Mushikiwabo devra rencontrer les nouvelles autorités du pays pour nouer des nouveaux partenariats. Premier pays francophone du monde de par sa superficie, le Congo-Kinshasa est l’un des piliers de cette organisation culturelle qui a plus besoin de la visibilité afin de résister à l’influence toujours grandissante de l’anglais, le chinois, l’arabe et l’espagnol dans le monde.
« Qu’il soit encore plus une langue de création, d’innovation, de droit, de technologie, et de l’économie », a dit Louise Mushikiwabo devant la jeunesse, le 20 mars dernier, jour de la commémoration de la journée internationale de la Francophonie. Avant de conclure : « vous avez la chance de parler l’une des langues-phares du monde moderne, saisissez-là ! Faites preuve d’imagination et de créativité en français. ».
5ème langue la plus parlée au monde, le français compte aujourd’hui plus de 300 millions de locuteurs. La Francophonie est célébrée tous les 20 mars. Cette célébration rassemble aussi 1 milliard de personnes vivant dans 88 Etats et gouvernements de l’Organisation Internationale de la Francophonie dont 54 membres, 7 membres associés et 27 observateurs. L’OIF est dédiée à la langue française.
Mushikiwabo, au-delà de la culture !
Au-delà des aspects culturels, la visite de Louise Mushikiwabo revêt un caractère politique. Sa candidature au poste du Secrétaire générale de l’OIF avait reçu le soutien du président français, Emmanuel Macron, puis celui de l’Union africaine, qui compte de nombreux Etats membres de cette organisation. Alors qu’au début, la candidature de cette proche du président Paul Kagame (ministre des Affaires étrangères depuis 2009 jusqu’à son élection au secrétariat général de l’OIF) avait provoqué l’étonnement, étant donné que le Rwanda avait abandonné l’enseignement en français en faveur de l’anglais en 2010.
Louise Mushikiwabo avait noté, dans un entretien au Monde Afrique, qu’elle attendait le début « d’une nouvelle ère » pour les relations franco-rwandaises.
Parmi ses premières priorités, la Secrétaire générale de la Francophonie avait notamment inscrit de donner une meilleure visibilité à l’organisation. « Je suis convaincue que nous pouvons avoir plus d’impact. Les enjeux mondiaux sont tels que l’OIF ne parvient pas à s’impliquer suffisamment », avait-elle souligné.
Diplomate expérimentée, Louise Mushikiwabo avait également promis de mettre la jeunesse au centre de son action à la tête de l’OIF. « Dans les nombreux pays que j’ai visités ces derniers mois, l’accès des jeunes à l’emploi est une préoccupation importante. Une organisation comme la nôtre peut servir d’élément déclencheur et contribuer à créer des opportunités pour les jeunes.
J’aimerais que l’on fasse quelque chose pour cette jeunesse tellement désespérée qu’elle en arrive à se jeter dans la Méditerranée. Je suis également très attachée à l’échange de bonnes pratiques entre les pays. Ce qui a marché dans un pays peut marcher dans un autre avec une adaptation », a-t-elle dit.
Louise Mushikiwabo est née en 1961 dans une famille de petits propriétaires terriens, au moment même où commencent les persécutions à l’égard des Tutsi. Après son baccalauréat, elle est devenue professeure d’anglais. En 1986, elle obtint une bourse et part pour les Etats-Unis d’Amérique faire des études d’interprétariat.
Revenue au pays en 2008, après un bref passage en Tunisie comme directrice de la communication de la Banque africaine de développement (BAD), Louise Mushikiwabo intègre le gouvernement rwandais comme ministre de la Communication puis comme cheffe de la diplomatie. C’est en 2018 que son pays, le Rwanda, l’a présentée pour succéder à Michaëlle Jean. Elle est la troisième Africaine à prendre la tête de l’OIF, après l’Egyptien Boutros-Boutros Ghali et le Sénégalais Abdou Diouf.
En RDC, Mushikiwabo pourrait aussi faire passer un message de son pays, le Rwanda dont les relations avec Kinshasa étaient toujours tendues. Avec le changement au pouvoir intervenu au pays, Kinshasa et Kigali comptent envisager l’avenir avec optimisme.
José-Junior Owawa

Journaliste intéressé par les grands ensembles régionaux (Comesa, EAC etc), mais aussi intéressé aux questions environnementales et sécuritaires.
E-mail : patilunga35@gmail.com