Il n’est un secret pour personne que le principe de la candidature unique de l’opposition s’est effondré avec l’atomisation de l’accord de Genève, un accord qui avait pour ambition de réunir au sein de cette famille politique un maximum de soutien sur un seul nom. C’était le principe, mais c’était aussi trop beau pour être vrai, sinon peut être trop tôt, car les relations politiques en RD Congo évoluent au rythme des egos et des circonstances d’argent et d’hypocrisie. N’empêche, l’effort était louable et actuellement chaque groupe tente de se convaincre qu’il peut gagner sans les autres, qu’il n’a pas besoin fondamentalement de l’autre pour gagner. Vue de l’esprit aussi, car sinon pourquoi avoir cru aux vertus d’une candidature commune et par après dire que l’on peut arriver au même résultat sans cela. C’est le propre des politiques d’entretenir l’espoir, mais c’est aussi à eux de considérer les différents changements intervenus dans les paramètres.

A quelques jours du lancement de la campagne électorale, la situation générale au sein de l’opposition est celle-ci : Toujours 20 candidats regroupés en pools de contradiction et désormais presqu’en adversité.

Il y a le Groupe Lamuka, qui soutient Martin Fayulu comme candidat avec Matungulu Freddy comme candidat au désistement, un groupe qui a en son sein, des leaders comme Jean Pierre Bemba, Moise Katumbi, Mbussa Nyamwisi, Adolphe Muzito, avec chacun des plates formes de soutien qui devront se partager les voix avec les électorats traditionnellement de l’opposition. Attendu pour le 21 Novembre 2018, Martin Fayulu a le devoir de prouver d’abord à ceux qui l’ont choisi qu’ il peut déjà, par son propre groupe, réunir un maximum des gens, amis, aussi faire taire ceux qui pensent qu’ il ne pèse pas vraiment sur la scène politique .

A côté de celui-là il, y a celui en gestation dont on attend la sortie dans les heures qui viennent, c’est le groupe CACH, coalition pour le changement, composée de deux leaders qui ont retiré leurs signatures de l’Accord de Genève, Felix Tshisekedi et Vital Kamerhe . Des images ont circulé de leur rencontre à Bruxelles après l’escapade de Genève, et il est fort probable qu’ils présentent un ticket pour la présidentielle, car l’un de deux doit céder la place à l’autre. S’ils n’ont pas réussi à le faire pour l’occasion de la Suisse, peut être poussés dans leurs extrémités, ils vont se décider à s’aligner. L UDPS et L UNC ont ainsi un challenge à relever sur un électorat sans doute à fief établi, mais qu’il faut convaincre du choix de l’un en faveur de l’autre. Encore une fois, ils devront aussi compter sur le même électorat.

Le Groupe de 7, qui se sont manifestés dans la formulation des attaques sur la machine à voter et qui sont aujourd’hui dans une posture plus individuelle que collective, car déjà, à ce jour, ils n’ont pas choisi un candidat commun, et plusieurs analystes pensent que parmi eux il y en a qui iront jusqu’ au bout de cette aventure car ils ont gagné la liberté de le faire, d’autres veulent se rallier à Fayulu ou à celui qui sera choisi par le groupe Cach. De toutes les manières, il faut considérer que ce sont des candidatures de grande facture intellectuelle qui ont donné de la matière et ont nourri des débats mais à qui il manque encore l’épaisseur sociologique et politique nécessaire.

Le Groupe des messianiques, Ce sont des candidats qui croient dur comme fer que qu’ils vont chacun en ce qui le concerne devenir le futur président de la République. Soit parce qu’ ils ont eu un message direct de l’Eternel lui-même, soit parce que ils connaissent le choix du peuple qui n’est pas celui qui est affiché par les différents slogans et groupes de pression orchestrés par des moyens divers. Ils parlent de leur avènement au Palais de la Nation, comme d’un évènement surnaturel, qui va se réaliser par un geste magique et tous nous serons surpris. Comme on est dans un pays où Dieu est un acteur politique on reste réservé à se prononcer devant ces discours sortis d’un messianisme syncrétique. Ils ont gagné le droit à la parole en payant 100 mille dollars de caution, cela mérite un peu d’attention surtout de l’opinion qui ne sait pas de quel côté viendrait son salut.

Le Groupes des candidats savants, qui sont pourvus d’un savoir dans un domaine précis et qui ont fait de celui-ci l’argument principal de leur hégémonie de la parole, car des termes techniques aux considérations philosophiques, les interlocuteurs sont perdus. Ils ont des recettes magiques pour sauver le Congo et ils peuvent mettre tout cela à la disposition du peuple si on leur accordait la Présidence de la République. Quelles sont les forces sociales derrière eux ? Quelles sont les structures intermédiaires à la maturation d’un tel projet ? Mystère ! Ils ont payé et ils doivent être écoutés quitte à vous souler avec des termes sortis tout droit de la science-fiction.

N’osez surtout pas leur parler de candidature commune, n’osez surtout pas leur parler de candidature commune, c’est le lieu de toutes les impostures car pour eux, nul n’ayant gagné les élections, on ne peut présager de la popularité de tel ou de tel.

La description ci-dessus n’est pas exhaustive, car certains candidats ont des caractéristiques transversales et se retrouvent bel et bien dans plusieurs groupes d’observation extérieure. Seulement, la réalité cruelle est que, tous sont de l’opposition et doivent battre campagne pour faire face à celui présenté par la majorité au pouvoir à une élection à un seul tour. Les primaires n’ayant pas eu lieu dans l’opposition, il leur faut un champion toutes catégories confondues, capable de battre non seulement le candidat du FCC, mais aussi tous les autres de l’opposition qui se présenteront cette fois ci en adversaire, car il n’y a qu’un seul siège de Président de la République. Le Congo étant un pays de surprise, on ne sait jamais à l’avance quelle sera l’aube de l’avenir.

Robert Tanzey

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