Après la chute de la ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu et son occupation par l’armée rwandaise sous couvert de ses supplétifs du M23/AFC, en fin janvier, dimanche 16 février, les éléments de l’armée rwandaise ont également fait leur entrée officielle dans la ville de Bukavu. Malgré les appels à un cessez-le-feu immédiat lancé tour à tour par la SADC et ‘l’EAC, à l’issue de leur récent sommet conjoint tenu en Tanzanie, l’Union africaine et l’ONU, l’Est de la RDC demeure le théâtre de la violence, des pillages, des tueries et des violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire. Cette situation ne laisse Kinshasa indifférent. Le Président Tshisekedi n’entend pas lâcher prise. Comme au lendemain de la prise de la ville de Goma par le M23/AFC, Félix Tshisekedi annonce une riposte vigoureuse contre les terroristes et leurs parrains.
Alors qu’une lueur d’espoir semblait se dessiner dans le chef de la population congolaise, après l’échange téléphonique entre le président français Emmanuel Macron et le président congolais Félix Tshisekedi, annonçant un cessez-le-feu immédiat et le retrait des troupes rwandaises de la ville de Bukavu, grande a été la désolation totale de la population quand l’armée rwandaise, sous couvert du M23, a fait son entrée triomphale dans le chef-lieu de la province du Sud-Kivu, rendant nul et de nul effet le compromis trouvé à la veille entre Tshisekedi et Macron.
« Le M23 doit immédiatement se retirer de Bukavu et permettre le retour sans délai des autorités civiles et militaires », avait déclaré samedi Emmanuel Macron en ajoutant que l’aéroport de Kavumu devait également être libéré afin de garantir la reprise des vols civils et humanitaires. J’appelle le Rwanda à soutenir la mise en oeuvre de ces mesures d’urgence « .
Faudra-t-il encore continuer à croire à tous les appels au cessez-le-feu lancés par la communauté internationale ? S’interrogent plusieurs congolais qui semblent désespérer face à l’avancée significative de l’ennemi et à la détermination de ce dernier à poursuivre son élan de déstabilisation du pays de Lumumba.
Pendant ce temps, côté gouvernement congolais, c’est la détermination et les assurances d’un rétablissement total de la situation et la récupération de tous les territoires déjà occupés par l’ennemi. Dans une communication officielle ce dimanche 16 février, après la chute de la ville de Bukavu, le Gouvernement congolais annonce qu’il ne ménagera aucun effort pour « rétablir l’ordre, la sécurité et l’intégrité du territoire national. Il invite la population de Bukavu à rester à la maison et à ne pas s’exposer pour éviter d’être la cible des forces d’occupation ».
Comme il faut le rappeler, au lendemain de la chute de la ville de Goma, le Président Tshisekedi avait annoncé une riposte vigoureuse pour rétablir la paix, chose que les congolais continuent à attendre à bras le corps.
« Face à cette situation, permettez-moi de vous rassurer : une riposte vigoureuse et coordonnée contre ces terroristes et leurs parrains est en cours. Nos vaillantes Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), symbole de courage et de patriotisme, sont pleinement mobilisées, prêtes à défendre chaque centimètre de notre territoire », avait-il déclaré dans son adresse à la Nation sur les antennes de la télévision nationale.
Si Kinshasa reste déterminé à tout mettre en oeuvre pour rétablir l’ordre et récupérer les territoires sous occupation, la communauté internationale quant à elle maintient sa pression sur les différentes parties prenantes aux conflits pour s’inscrire dans la voie diplomatique, avec en toile de fond, le dialogue, selon les deux processus fusionnés, en l’occurrence celui de Nairobi et de Luanda. Pour la communauté internationale, l’option militaire ne fera que envenimer la situation. De son côté, le Président Tshisekedi maintient son refus catégorique de négocier directement avec le M23 quand on sait que c’est le Rwanda le maître du jeu. Seuls les processus de Luanda et de Nairobi restent la voie royale, soutient Kinshasa. Dossier à suivre.

Journaliste des questions politiques, sociales et institutionnelles