La Conférence minière organisée au début de ce mois, comme chaque année depuis maintenant 25 ans à Cap Town en Afrique du Sud, a réuni de centaines d’entreprises minières pour discuter de leur secteur. Pour les firmes opérant en RDC qui ont participé au Mining Indaba, une priorité était à l’ordre du jour : la bataille pour l’assouplissement du code minier. Profitant de l’avènement des nouveaux leaders politiques à la tête du pays, ces entreprises ont engagé d’autres démarches pour obtenir une retouche de la loi minière laquelle avait été largement critiquée alors qu’elle entrait en vigueur en juin dernier après un bras de fer entre les géants miniers et le pouvoir d’alors à Kinshasa.
Présent à la conférence Sud-Africaine, Louis Wattum, Directeur des opérations de l’entreprise Ivanhoe, estime « qu’il n’y a pas d’autres voies ou d’autres moyens que d’aller dans un dialogue constructif. Le code minier est appliqué certes, mais petit à petit, on va relever toutes les inepties, tous les points de dysfonctionnement pour démontrer les pertes que cela cause d’un côté aux investisseurs et de l’autre, à l’Etat», a souligné M Wattum. Il y a encore cinq mois, les sociétés minières, réunies au sein d’une nouvelle structure, « l’Initiative pour la Promotion de l’Industrie Minière », s’engageaient à relancer des « discussions techniques avec le gouvernement sur les préoccupations de l’industrie concernant le nouveau code minier ainsi que les autres questions importantes de l’industrie minière de la RDC. »
Pour les patrons miniers, l’actuel code « compromet les investissements déjà consentis. Les mêmes ajoutent aussi que si certaines questions clés ne sont pas résolues, cela devrait décourager d’autres investissements dans des grands projets.» Répondant à une radio Française, le secrétaire général du ministère des Mines, Joseph Ikoli veut apaiser les investisseurs et les appelle à « accompagner » le nouveau président. « Un nouveau leadership politique s’est installé dans notre pays. Il s’avère donc impérieux que les investisseurs puissent accompagner ce nouveau leadership.» Des contacts ont déjà été noués entre le nouveau pouvoir.
Fer de lance de la contestation du code minier, Mark Bistrow, PDG de Kibali a été récemment reçu par le Directeur du Cabinet du Chef de l’Etat pour discuter de la loi minière. Loin de s’estomper, la pression des géants miniers pour obtenir l’assouplissement du code minier va s’accentuer sur le nouveau numéro 1 de la RDC. Ce qui annonce une partie particulièrement engagée. Le président Tshisekedi avait déjà donné le ton en disant lors de son discours d’investiture que « la rente minière devrait participer à hauteur de 45% de nos recettes. Ce qui est la norme dans les pays à situation identique. En RDC, ce taux n’est que de 10%. Dans notre intérêt et celui des opérateurs du secteur, nous appliquerons une politique concertée pour neutraliser ce déséquilibre.»
Il faut dire le secteur minier connait une activité de plus en plus croissante en RDC. Actuellement l’extraction des métaux est en hausse. En 2018, la production du cuivre a augmenté de 13%, celle de l’or de 22% et celle du Cobalt de 44%.
Patrick Ilunga

Journaliste intéressé par les grands ensembles régionaux (Comesa, EAC etc), mais aussi intéressé aux questions environnementales et sécuritaires.
E-mail : patilunga35@gmail.com