La RDC est riche de son réseau fluvial et lacustre. Des villes entières du pays n’ont de contact avec le reste du pays que par voie des eaux. Cette constitution naturelle qui aurait pu créer une opportunité d’affaires pour le pays, n’est pas mise à profit. Au contraire, les eaux de la RDC sont devenues aussi une sorte de cimetière pour les voyageurs. Le mouvement sur les lacs et le fleuve est l’occasion de nombreux accidents et pertes en vies humaines, d’autant plus que les activités de voyages sur les eaux ne se font plus suivant les standards acceptables.
Pour mettre fin à cette manière de faire, Prosper Miruho Akili, élu de l’île d’Idjwi, plaide pour un examen, débat, une restructuration profonde. Bref, une solution qui partirait de l’Assemblée nationale et la chambre basse fera à son tour des recommandations au gouvernement. Mais en attendant que l’Assemblée nationale ne se saisisse de cette question, Prosper Miruho a fait ses propositions à lui.
Cet élu de l’Union pour la Nation Congolaise dans la cité d’Idjwi, une île située sur le lac Kivu, entre Bukavu et Goma, constate à juste titre un désintéressement de l’Etat Congolais en ce qui concerne le transport lacustre : d’un côté, il y a une cruelle dégradation des infrastructures portuaires, l’absence de la formation au métier de marin et la non-application de la loi en matière de transport fluvial et lacustre (le code de la navigation fluvial et lacustre qui date de 1966), de l’autre, il y a la débrouillardise des Congolais qui montent tant bien que mal des embarcations artisanales lesquelles aident au transport sur les eaux.
A leurs risques, les passagers, poussés par l’instinct de survie, empruntent ces moyens de transports. En l’absence des bateaux dignes de ce nom, des embarcations font des longs voyages sur les eaux, surchargées des hommes, femmes et marchandises. Piégées par des vagues du fleuve ou des lacs, ces navires artisanaux chavirent souvent avec comme conséquence, la mort de dizaine voire de plusieurs dizaines de morts. Une série noire qui n’en finit pas.
Des nombreux accidents ont coûté la vie aux passagers Congolais. C’était déjà le cas en avril dernier à Kalehe avec un bilan humain effroyable. Tout récemment, sur le lac Maï-Ndombe, un autre accident a eu un bilan humain tout aussi effroyable. Fait particulier, l’on a enregistré dans le naufrage de Maï-Ndombe, en mai dernier, la mort d’une vingtaine d’enseignants. Ces sinistres qui se suivent, sont fatals les uns et les autres. L’opinion qui s’est habituée d’autant plus au comptage macabre que cela n’émeut plus ou presque. Voilà qui désole Prosper Miruho Akili.
On se rappelle que la catastrophe de Kalehe avait obligé le président de la république à faire don de 1000 bouées de sauvetage aux Congolais qui voyagent par voies lacustres. Le chef de l’Etat avait même exigé à ce qu’aucun voyage ne se fasse sans ces bouées. Mais, il faut carrément interdire les mouvements et autres voyages sur des pirogues ou d’autres embarcations artisanales, insiste Miruho Akili. Le député relève le fait que l’industrie de fabrication des bateaux est presque inexistante, pas plus que la brigade maritime. Toutes les tentatives de réformer cette industrie ont à présent échoué. Mais étant donné que la République Démocratique du Congo a une économie de survie et au moment où les activités sur les lacs promettent de s’intensifier à la faveur de l’exploitation des hydrocarbures, Prosper Miruho Akili estime qu’il est plus qu’urgent pour l’Etat de réhabiliter les ateliers de la Société Congolaise de Transports et Ports. Il faut réhabiliter les bateaux pour le transport des biens et marchandises, mais aussi les bateaux de luxe pour le transport des personnes qui existaient jadis et qui étaient gérés par l’ancien Onatra, plaide le député.
Patrick Ilunga

Journaliste intéressé par les grands ensembles régionaux (Comesa, EAC etc), mais aussi intéressé aux questions environnementales et sécuritaires.
E-mail : patilunga35@gmail.com