L’actualité politique en RDC évolue à une vitesse grand V. à l’approche de la date de la tenue des élections, les formations politiques multiplient des actes et démarches pour faire valoir des revendications en rapport avec les élections, en même temps mettre en alerte leurs électeurs en attendant le scrutin, lequel s’annonce comme un imparable corps-à-corps entre différents candidats. Si l’opposition a pu mettre sur les artères de Kinshasa ses militants pour exprimer son rejet de la machine à voter, le Front Commun pour le Congo, a pour sa première sortie publique, réalisé un coup de maître au stade Tata Raphaël avec une grande mobilisation. Une réussite dans laquelle la majorité présidentielle, du moins son porte-parole voit « le signe de l’adhésion des électeurs » au choix qui a été porté sur la personnalité d’Emmanuel Ramazani Shadary. André-Alain Atundu qui a répondu à nos questions, parle aussi de la récente attaque dont il a été l’objet. Pour lui, ce malheureux « incident », « doit être » l’œuvre de quelques « marginaux » de l’opposition qui ne rêvent que de faire taire une voix, celle d’un « héraut de la vérité et la démocratie » qu’il se proclame être. Interview exclusive.
Vous êtes porte-parole de la majorité présidentielle, vous êtes une personnalité qu’on ne présente plus, hier le FCC a réuni beaucoup des personnes au stade Tata Raphaël. Quelles grandes leçons vous tirez de cette forte mobilisation ?
La première et la leçon fondamentale est que le président Kabila, en tant qu’autorité morale, a fait un choix judicieux qui n’a pas provoqué des remous dans sa famille politique, ni au sein de l’opinion. Donc, cet engouement à voir celui qui a été choisi comme dauphin est un bon signe de la cohésion au sein du groupe et de l’adhésion des électeurs qui ne sont pas forcément de notre groupe. Ce n’est pas une personnalité controversée, c’est une personnalité reconnue compétente dans ses relations humaines et professionnelles, ce qui est de bon augure. Nous ne pouvons que l’encourager, le soutenir pour qu’au bout du compte, nous ayons quelqu’un qui soit capable de continuer l’œuvre de développement du pays sans perdre son temps à des actes de frustrations, de vengeance ou de tâtonnement.
Mais à quelques jours simplement du scrutin, on ne connait pas le programme. Il a quand même la lourde responsabilité de porter le bilan de 17 ans du président Kabila. Comment vous assumez cette double exigence ?
La responsabilité du bilan du président Kabila n’est pas un handicap. Il ne faut pas s’en tenir aux détails. Quel est le bilan fondamental du président Kabila ? Il ne faut pas l’oublier ! La réunification du pays sur le plan territorial, l’imposition de l’autorité de l’Etat sur le plan national, la cohésion nationale, un élan de développement qui nous permet d’envisager l’émergence en l’an 2030 et quand même une amélioration de la situation sociale de certains corps normalement habitués à des grèves répétitives et récurrentes. La situation des médecins n’est plus ce qu’elle était, en tous cas quand il a commencé en 2001. La situation des enseignants, c’est la même chose, la situation des étudiants, la même chose. C’est quand même un bilan tout à fait porteur. Je ne dis qu’il est parfait. Au moins lui peut dire, celui que je remplace et dont je vais continuer l’œuvre, a construit le pont de Kinsuka, a amélioré le boulevard du 30 juin, a construit le pont de Luange, il a construit la nouvelle aérogare, à Lubumbashi il a fait ceci. Il a installé l’autorité de l’Etat, malgré la présence des forces négatives qui opèrent plus en brigand de grand chemin qu’en porteur d’un idéal politique. Tout ça c’est positif. Le reste c’est ce qu’il doit continuer. Le temps et la constitution n’ont pas permis au président Kabila de continuer son œuvre. Et bien, lui, a cette responsabilité historique de continuer cette œuvre presqu’immédiatement d’autant plus nous espérons, en tous cas nous sommes convaincus qu’il n’y a aucun problème de passation de pouvoir. C’est une passation de pouvoir pacifique, comme l’avait dit le porte-parole Mende, c’est une passation civilisée de pouvoir. C’est un atout que nous devons exploiter. Au contraire, le président Kabila est un atout décisif, en tant qu’allié par rapport aux autres. Lorsqu’on est élu, quel est le problème majeur ? C’est gérer les hommes, gérer les ambitions, et quand on a un allié qui pendant 17 ans, a géré les problèmes du pays, les hommes et leurs ambitions sans trop de casses, c’est un atout que les autres n’ont pas.
Je reviens à vous personnellement. Récemment vous avez été, dans votre résidence, victime d’un attentat. Nous sommes de cœur avec vous et nous espérons que justice sera faite. Mais cela nous interroge sur votre propre parcours. Vous regardez le passé, vous regardez l’avenir, vous vous dites est-ce que vous avez mérité cela ? Qu’est-ce qui peut justifier un tel acte sur vous personnellement ? Est-ce que ce sont vos anciennes amours ? Qu’est-ce qui s’est passé réellement à votre avis ?
Chacun mérite toujours son sort. Et moi, en tant que héraut ou porte-voix de la démocratie et de la vérité, j’étais victime des gens qui veulent faire taire la voix de la vérité et de la démocratie. C’est à ce titre que j’ai été attaqué. Je ne me connais pas des ennemis personnels animés d’une telle haine qui souhaiteraient m’éliminer physiquement. Mais, ils ont intérêt à m’éliminer physiquement parce que je porte haut et fort la voix de la vérité et la voix de la démocratie.
Est-ce que ce n’est pas un déni de la réalité par rapport aux contingences entre le camp du président Kabila et certains opposants ou certaines personnes qui ne se reconnaissent pas et qui estiment que vous leur apportez de l’eau au moulin ?
Non. Vous savez qu’il ne faut pas personnaliser les responsabilités dès lors qu’on n’a pas assez d’éléments. Je ne peux pas dire que tous les opposants m’en veulent à mort parce que j’ai des amis, j’ai des frères dans l’opposition. Donc ça doit être quelques marginaux qui, pour des intérêts mercantilistes ou opportunistes dans le cadre de leur plan de transition sans Kabila, ils ont pensé que si nous éliminons cette personnes, nous allons provoquer une réaction instantanée de Kabila, qui va créer un chaos, nous en reviendrons au dialogue et avec ce dialogue, nous allons demander à Kabila de partir. Dieu merci. Le sort n’a pas permis qu’un tel dessein puisse se réaliser et c’est là qu’il faut remercier Dieu et les ancêtres de m’avoir gardé et depuis lors, je remercie les autorités compétentes qui, en pleine nuit après les évènements, sont venues et ont continué les enquêtes jusqu’au matin et elles ont pris les dispositions pour que ce genre d’accidents ou incidents n’arrivent plus, raisonnablement.
Quelles sont les perspectives qui s’annoncent à nous au regard quand même des contingences par rapport à certains, notamment la machine à voter, les élections le 23 décembre ? Il y a dans l’opinion, comme un certain doute. Vous continuez à douter que ça ne se fera pas ?
Qu’est-ce qui ne se fera pas ? Pour nous, les élections se feront le 23 décembre 2018 parce qu’il n’y a rien qui entraverait, il n’y a aucune entrave. La machine à voter, son opérationnalité, sa fiabilité, n’ont pas été remises en cause par qui que ce soit et le fait que nos frères de l’opposition aient fait cette proclamation de foi que « nous irons aux élections » en protestant contre la machine à voter, ce qui est leur droit constitutionnel, ça signifie qu’ils comprennent les exigences de la démocratie. Par rapport aux contraintes techniques, en réalité s’il faut faire une lecture métaphysique de leur comportement, ça signifie que la machine à voter ne pose pas un cas de conscience, mais s’ils pouvaient s’en passer, ils s’en passeraient. Mais comme ils ne peuvent pas s’en passer, ils iront aux élections dans ces conditions-là. C’est ça le consensus du processus électoral. D’accord sur la date, d’accord sur les conditions d’exécution de cette opération d’après les modalités fixées par la CENI conformément à ses prérogatives constitutionnelles.
Propos recueillis par WAK
Texte, Patrick Ilunga

Journaliste intéressé par les grands ensembles régionaux (Comesa, EAC etc), mais aussi intéressé aux questions environnementales et sécuritaires.
E-mail : patilunga35@gmail.com