Depuis octobre 2014, le chef-lieu du Nord-Kivu est ses environs sont régulièrement frappés par des massacres souvent perpétrés de nuit, récemment même en pleine ville. Des milliers de femmes, d’hommes et d’enfants généralement égorgés, bien plus encore kidnappés, sans que l’armée congolaise ne parvienne à venir à bout de ces assaillants

Face à l’insécurité qui n’en finit pas dans la partie EST de la RDC, une vingtaine de députés de l’opposition a lancé un appel aux Nations unies et la SADC, la communauté de développement d’Afrique australe, pour qu’ils viennent en aide aux Congolais.

La démarche de la vingtaine de députés part d’abord d’un constat : depuis quatre ans, il n’y a eu aucune amélioration de la sécurité dans la zone. Au contraire, les attaques visent même le centre de Beni, malgré la présence de casques bleus et de l’armée.

« Tantôt on nous disait qu’il restait 300 rebelles dans la brousse, qu’ils sont blessés, qu’ils sont frappés et nous tous étions convaincus que le mouvement était presque à sa fin, mais on est surpris de le voir maintenant presque en activité et surtout dans la ville de Beni. Car la ville de Beni, pour y arriver, vous allez faire un km où vous allez rencontrer plus de 100 militaires. Donc on se demande comment les rebelles entrent dans une ville si militarisée comme celle-là », s’interroge Crispin Bindule, député de Butembo et l’un des signataires du mémorandum.

L’impact économique

En outre, au-delà des drames humains que vit la région de Beni, les attaques récurrentes et l’insécurité ont aussi un impact économique. Depuis quatre ans, l’exportation du bois ou encore la culture du café sont largement perturbées par le risque de nouvelles attaques de rebelles. La population est de plus en plus réticente à se rendre dans les champs.

« Nous sommes dans une zone très agricole. L’économie de la province repose sur les exportations de produits agricoles. Or il n’y a pas moyen de récolter à cause de l’insécurité, la population ne fréquente plus les champs. Par exemple, nous allons lancer la grande saison de la campagne de récolte de café et de cacao. Il faut que nous puissions entrer dans nos champs. Au niveau des entreprises, nous n’allons pas atteindre les résultats qu’on attendait au niveau des exportations », explique Cleopas Paluku Kahongya, vice-président de la Fédération des entreprises congolaises à Beni.

Face à ce qu’ils qualifient d’aveu d’« impuissance », les députés appellent les pays de la SADC à déployer sans délai une nouvelle force indépendante de l’armée congolaise et de l’ONU pour mettre fin aux massacres à répétition dont la région est victim.
Qui tue à Beni ?

Le temps passe en effet sans que l’on ne comprenne ces expéditions macabres ni par qui elles sont menées. Les égorgeurs, comme on les appelle à Beni, ne sont toujours pas formellement identifiés. Les sources officielles parlent des ADF, les rebelles ougandais qui seraient des islamistes, selon une nouvelle terminologie.
Les mêmes sources évoquent également une complicité entre des leaders politiques du coin et des milices locales engagés dans l’entreprise criminelle pour créer l’insécurité dans le grand Nord. Et, tout récemment, les FARDC ont parlé d’« une coalition terroriste internationale » avec des sujets ougandais, rwandais, burundais, kényans, tanzaniens, sud-africains, mozambicains et autres. Mais ce discours ne semble pas convaincre les populations locales du territoire de Beni.

Pour le député national Paul Mohindo, élu de Beni, « tout ceci démontre que le gouvernement lui-même n’a pas d’information précise sur l’identité réelle des agresseurs

GH/Rfi

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