Les récentes violences à Beni, dans la province du Nord-Kivu, au Nord-Est de la République Démocratique du Congo, ont provoqué une vague d’indignation au sein de la classe politique congolaise. Communiqués, réactions et déclarations de tous genres marquent les sorties médiatiques depuis le week-end dernier. De l’urgence du changement prôné par Freddy Matungulu, à l’épuration ethnique évoquée par Martin Fayulu en passant par un plan d’extermination soupçonné par Vital Kamerhe, nous résumons avec ACTUALITE.CD pour vous quelques prises de parole au sujet de Beni.
Les condoléances du Président Kabila aux familles touchées par le dernier drame de Beni
Le Vice-Premier ministre de l’Intérieur et Sécurité, Henri Mova Sakanyi a présidé ce mardi 25 septembre à l’immeuble de la Territoriale, une réunion du comité de pilotage du processus électoral élargie aux services de sécurité. Au menu de cette rencontre : l’analyse de la situation sécuritaire sur l’étendue du territoire national et la sécurisation du processus électoral.
D’abord l’Ituri, selon un communiqué lu par le Porte-parole de la PNC, le Colonel Mwana Mputu, les forces de sécurité s’activent à rétablir la sérénité dans le territoire de Djugu. Enjeu, réduire sensiblement le conflit interethnique entre Hema et Lendu.
Ensuite le Nord-Kivu : les FARDC ont regagné quelques villages jadis occupés par les milices Maï mai Yakutumba. Le texte indiqu ‘au sujet des récentes attaques à Béni par les ADF/Nalu, « le Vice-Premier Ministre a présenté, au nom du Président de la République, ses condoléances aux Familles éplorées et les a rassurées de la riposte efficace face à cet événement dramatique qui a endeuillé une partie de nos populations « .Enfin, le processus électoral : le Colonel Mwana Mputu annonce qu’une équipe composée d’experts a été mise en place pour élaborer une cartographie de sécurisation des élections. A noter par ailleurs que la sécurité des candidats présidents a été également évoquée.
GH
Vital Kamerhe: Beni est un « génocide oublié »
C’est à travers une vidéo que le président de l’Union pour la nation congolaise (UNC) a présenté ses condoléances et dénoncé les massacres de Beni au Nord-Kivu.
Pour Kamerhe, Beni est un « génocide oublié ». « L’UNC par ma bouche adresse ses condoléances les plus attristées aux familles éprouvées et assure la population de Beni de sa compassion et de sa solidarité en ce moment douloureux. Ces massacres à répétition et à grande échelle ressemblent à un plan d’extermination de nos populations. Beni est un génocide oublié. Nous devons tous nous mobiliser, nous lever et dénoncer cet enfer que vivent nos populations de Beni. L’UNC comprend qu’en désespoir de cause et face à l’inaction de ceux qui ont mission de protéger nos populations, il ne reste à nos concitoyens meurtris et durement affectés par l’indicible et l’ignominie des actes perpétrés qu’à espérer au salut de ces adresses et suppliques à Dieu », a dit Vital Kamerhe.
Il dénonce par la même occasion l’indifférence des pouvoirs publics pour mettre fin à cette situation.
« Pour la énième fois, le peuple Congolais à travers nos compatriotes de Beni vient de subir ce 22 septembre 2018 les affres des assassinats des paisibles citoyens par des forces négatives et c’est sous le regard indifférent de ceux qui sont censés les protéger. La barbarie, la cruauté et l’horreur des assassinats perpétrés qui ont causé des dizaines de morts, les disputes à l’indifférence de ceux qui détiennent la puissance publique. Qui a pu donc se complaire de l’abandon du peuple en danger alors que le refrain sans cesse entonné ce dernier temps par le gouvernement actuel était plus jamais ça ou encore que la situation était sous contrôle sur l’ensemble du territoire national », s’est plaint le président de l’UNC.
Le parti de Vital Kamerhe invite par la même occasion les congolais à avoir foi au changement qu’il incarne avec d’autres forces « progressistes » afin de mettre fin à ce cycle de violences en RDC et à l’Est.
« L’UNC invite la population à avoir foi au changement de leadership qu’elle entend incarner demain avec d’autres forces progressistes devant aboutir à la résolution de la problématique de l’insécurité en RDC en général et à l’Est en particulier. Beni meurtri, Beni abandonné, Beni revivra ! », conclut Kamerhe.
Pour rappel, au moins 18 personnes ont été tuées dont 14 civils dans des affrontements entre des présumés ADF et les forces de sécurité congolaises le samedi 22 septembre dernier. D’autres sources avancent un bilan plus lourd. Les condamnations fusent de partout pour condamner cette situation.
Florence Ashuza (Correspondante au Sud-Kivu)
Jean-Pierre Bemba
« Aux populations de la ville-martyre de Beni, plusieurs fois meurtries à cause d’attaques récurrentes de forces étrangères pourtant bien identifiées, j’exprime toute ma compassion et adresse mes condoléances les plus attristées. »
Freddy Matungulu
« Face à l’incapacité manifeste du pouvoir en place de sortir notre pays du bourbier socio-économique dans lequel il l’a placé et continue de l’enfoncer, ce macabre événement nous rappelle l’urgence des changements indispensables au sommet de l’Etat que nous appelons de tous nos vœux. »
Martin Fayulu
« Une fois de plus, le Congo est en deuil et le peuple de Beni, en particulier. Il y a quelques jours, c’était en Ituri (Djugu). Jusqu’à quand, comme peuple, tolérerons-nous cette épuration ethnique ? Toutes mes condoléances aux familles éprouvées. Vivement la fin du régime Kabila. »
Moïse Katumbi
« L’horreur frappe encore à Béni. Paix aux âmes des victimes. Kabila et ses proches osent affirmer que la situation s’améliore alors que ces drames sont quotidiens. Dans quel monde vivent-ils ? Comment peuvent-ils vivre avec cette responsabilité ? Cela cessera avec leur départ. »
Marie-José Ifoku
« Beni victime permanente. 18 civils massacrés sans compter les nombreux blessés. Que d’argent dépensé en armement pour ne pas protéger nos populations ! Un nouveau leadership s’impose pour apporter la Paix. Mes pensées vont aux victimes et à leurs familles. »
Denis Mukwege
« Je condamne sans réserve ces crimes barbares et lâches. Je plaide pour qu’une enquête sérieuse soit conduite dans les meilleurs délais et que les responsables de ce massacre soient poursuivis et punis. J’exhorte le gouvernement congolais à prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la protection de la population. »
Alain-Daniel Shekomba
« L’inaction du gouvernement face aux massacres répétitifs des populations de Béni nous interpelle et affermit notre engagement de traduire en justice tous les criminels économiques et de guerre, une fois élu. »
Jean-Pierre Kambila
« Des internautes ont dénoncé l’absence de réaction du Gouvernement de la République. La réaction se fait sur le terrain ».
Dieudonné Nkishi
« Il est vrai qu’il n’y a pas de sécurité maximale nulle part mais ici les massacres de nos concitoyens sont devenus récurrents. On ne doit plus compter seulement sur les forces de défense et de sécurité qui font aussi leur travail mais Congo positif pense qu’il faut désormais impliquer la population dans son autodéfense parce que ces assaillants lorsqu’ils savent que les gens qu’ils vont attaquer sont armés, ils vont réfléchir deux fois. Nous ne serons pas le premier pays à donner des armes aux citoyens… Il y a là le choix à faire entre donner les armes aux concitoyens et assister impuissant à leur massacre. Quand nous disons que le gouvernement puisse armer la population, ça veut dire qu’on va identifier cette population, on connaîtra le nombre d’armes qu’on donnera, les munitions y compris; pourvu que les gens cessent de mourir ».
Réaction du Comité Laïc de Coordination (CLC)
Géopolis

Journaliste intéressé par les grands ensembles régionaux (Comesa, EAC etc), mais aussi intéressé aux questions environnementales et sécuritaires.
E-mail : patilunga35@gmail.com